Hips !
Souffrez-vous d’ivresse du sommeil au réveil ?
L'ivresse du sommeil touche 1 personne sur 7. Entre confusion et mauvaise humeur, ses symptômes s'apparentent à ceux de l'ivresse.
Atlantico : L'ivresse du sommeil toucherait une personne sur sept au cours de l'année selon une étude publiée sur le site Neurology (voir ici). Qu'est-ce que cette maladie ? Est-elle considérée comme un trouble du sommeil ?
Yves Dauvilliers : L’éveil confusionnel autrement appelé ivresse du réveil est un symptôme dont les causes d’apparition peuvent être physiologiques en début de nuit (en cas d’éveil provoqué en sommeil lent profond en première partie de nuit via un bruit ou une lumière par exemple), ou bien favorisé par une privation de sommeil, par la prise de médicaments ou le stress. Ce symptôme peut aussi s’associer à certaines pathologies du sommeil comme les hypersomnies ou les syndromes d’apnées du sommeil, voire de pathologies mentales ou de prises de psychotropes. En cas de récurrence de façon isolée, on peut le considérer comme une vraie parasomnie du sommeil lent.
Quels sont ses symptômes ? Pourquoi est-elle comparée à l'ivresse ?
La personne est confuse, désorientée sur le plan temporel et spatial pendant quelques secondes voire quelques minutes et peut parfois dans le cas d’épisodes prolongés faire l ‘objet d’actes dangereux (comme le Syndrome d’Elpenor ou le mystérieux épisode du président de la république Paul Deschanel).
Ce symptôme peut être comparé à l’ivresse via ce contexte de désorientation, de propos parfois incohérents et de comportements inadaptés voire risqués. Il y a aussi une amnésie fréquente des épisodes au moins partiellement.
Les enfants et adolescents seraient plus exposés à ce problème. Est-ce vraiment le cas ? Quelles sont les autres personnes plus sujettes à ce problème ?
Ces éveils confusionnels sont liés à une irruption de la veille incomplète (la partie motrice et comportementale de la veille est activée) dans le sommeil lent profond (le sujet reste endormi sur le plan cortical , d’où l’amnésie des épisodes), surtout en première partie de nuit chez le sujet normal ou dans le cadre des parasomnies ou parfois en fin de nuit dans le cadre de l’hypersomnie idiopathique.
Les enfants font plus de sommeil profond que les adultes et sont ainsi plus prédisposé à faire ces épisodes. Il existe aussi en cas de récurrence importante (parasomnie du sommeil lent profond) une forte prédisposition familiale dont les causes génétiques restent inconnues à ce jour.
L'ivresse du sommeil est-elle un problème récurrent ? Peut-elle n’apparaître que ponctuellement ?
Oui en cas de pathologies sous-jacente soit isolé (parasomnie), soit associée (hypersomnie centrale voire plus rarement un syndrome d’apnées) voire en cas de prise médicamenteuse (psychotropes ou toxiques) ou de pathologies mentales associées. En cas de symptômes ponctuel, il faudra rechercher un mécanisme favorisant.
Y-t-il des traitements à cette maladie ?
Oui mais ce n’est pas toujours une maladie ! Il faut au préalable identifier les causes sous jacentes, et également les facteurs s’il y en a. Il faut expliquer l’origine du symptôme et les risques encourus aux patients, dédramatiser la situation et envisager un traitement seulement en cas de parasomnie récurrente, d’hypersomnie sous-jacente.
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