SOS églises : comment sauver les milliers d'édifices religieux en danger<!-- --> | Atlantico.fr
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Des églises menacées ont la chance d'être reprises en main par des personnes engagées dans la sauvegarde du patrimoine.
Des églises menacées ont la chance d'être reprises en main par des personnes engagées dans la sauvegarde du patrimoine.
©Reuters

Patrimoine

De plus en plus d'églises sont menacées parce qu'elles coûtent trop cher aux mairies. Si certaines sont remplacées par des infrastructures jugées plus utiles et moins chères, d'autres ont la chance d'être reprises en main par des personnes engagées dans la sauvegarde du patrimoine.

Olivier  De Rohan Chabot

Olivier De Rohan Chabot

Olivier de Rohan-Chabot est président de l'association de La Sauvegarde de l'art français (depuis 2005), premier mécène des églises de France, vice-président fondateur de la Société des Amis de l'Hôtel de la Marine, et ancien président de la Société des amis de Versailles (1987-2009).

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Atlantico : Nos veilles églises, malgré leur charme, coûtent cher à entretenir pour les mairies en ces temps de crise. Certaines les rasent pour construire des parcs, des parkings voire pour reconstruire une église plus petite et moderne, afin d'attirer les jeunes (c'est le cas de l'église de Sainte-Gemmes-d'Andigné). Ces destructions d'églises sont-ils vraiment inévitables ?

Olivier de Rohan Chabot: Depuis toujours, ce sont les clochers des églises sur nos côtes que les marins aperçoivent de la mer qui leur annoncent la vue de la terre et les guident vers le port.

Sans doute pourrait-on ainsi nommer, comme les marins, « amers remarquables », les quelques 60 000 églises qui parsèment le sol de notre pays pour guider les voyageurs vers ces villages où elles parlent pour eux de l’histoire de ceux qui y ont vécu à travers les siècles. Les églises ont d’abord, à l’évidence, une valeur esthétique de par leur architecture et les objets précieux qu’elles contiennent souvent ; une valeur historique car les pierres et les œuvres d’art parlent des hommes qui les ont vus au cours des âges, à ceux qui savent les regarder ; et enfin une destination originelle, leur raison d’exister : être des lieux de culte.

Détruire une église, c’est souvent attenter aux arts, c'est un signe de barbarie et c’est toujours mettre fin à une histoire parfois même, hélas, avec la volonté d’en effacer les traces. Ce qui est comme renoncer à soi-même. Voici pourquoi une destruction d’église n’est jamais bien vécue, à quelques rares et très regrettables exceptions. Certes, la mort est la fin inévitable de tout et tous ici-bas ; mais c’est lâcheté que ne pas vouloir la retarder pour donner sa chance à la vie, aussi longtemps que possible.

En raison de la séparation entre l'Eglise et l'Etat, la solution est-elle le recours à des associations comme la Sauvegarde de l'Art français que vous présidez ? Que faites-vous concrètement pour sauvegarder ces vielles églises, symboles de notre histoire, et, dans bien des cas aussi, joyaux architecturaux, que tant de pays nous envient ?

La loi donne obligation aux municipalités de conserver, en vue de la célébration du culte, les églises construites avant 1905, date de la séparation de l’Église et de l’État. Cette obligation sera d’autant mieux respectée que seront plus nombreux ceux qui le souhaitent et qui montrent qu’ils le souhaitent vraiment en apportant leur aide, quand et où elle est nécessaire, dans la mesure de leurs moyens ; ainsi que le fait la Sauvegarde de l’Art français.

Ceci étant, quand nous ne serons plus capables de conserver aux lieux de cultes la valeur symbolique qui en fait toute la richesse, même du seul point de vue esthétique, résignons-nous à espérer simplement les maintenir debout avec l’espoir d’une renaissance -  comme l’expérience de la Révolution française nous a appris qu’on pouvait l’espérer, des édifices ayant échappé aux destructions.

Concrètement, la Sauvegarde de l'art a permis d'aider 1 400 églises et chapelles en 15 ans et accorde plus d'un million d'euros de dons chaque année : la Sauvegarde de l'Art Français est le premier mécène des travaux de restauration des églises et chapelles de France.

Comment mettre à profit et promouvoir les églises sans pour autant en faire des monuments d'attraction hyper-touristique alors que ce sont surtout des lieux cultuels ?

Tourisme et célébration du culte peuvent faire très bon ménage, comme en témoignent, par exemple, tous les lieux de pèlerinage. Pour ce qui est de la religion catholique, elle a toujours encouragé l’esprit de fête. Les églises ont toujours voulu être les plus accueillantes possible, c’est ce qui contribue sans doute à les rendre si attachantes.

Les fidèles voire l'ensemble des Français n'ont-ils pas un rôle à jouer dans la sauvegarde de ce patrimoine ? Et comment les personnes désireuses de sauvegarder les églises mais ne pouvant faire de dons peuvent-elles apporter leur aide ?

Les églises sont un patrimoine qui appartient à tous. Tout est bon qui pourra contribuer à faire prendre conscience à nos concitoyens d’abord qu’ils sont propriétaires d’un patrimoine très précieux ; ensuite qu’ils peuvent en jouir pour autant qu’ils le connaissent ; enfin qu’ils sont responsables de sa conservation en vue de sa transmission.

C’est exactement ce à quoi s’emploient cinquante étudiantes et étudiants de la Junior Entreprise de l’école du Louvre, aidés de camarades de l’ESSEC et de l’université de Rennes, en menant la campagne lancée par la Sauvegarde de l’Art Français intitulée "Le Plus Grand Musée de France" (cf. le site web : www.leplusgrandmuseedefrance.fr).

Ils se font forts de découvrir, faire connaître et restaurer en 2014 au moins 50 œuvres d’art exceptionnelles dans autant d’églises, qu’ils invitent ainsi à visiter, montrant que c’est à leur âge que l'on est le mieux capable de comprendre l’intérêt de sauver notre patrimoine et de trouver les moyens de le faire !

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