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Soigner ses cheveux, un acte social
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Bonnes Feuilles

Dans "Soigner ses cheveux au naturel" (Ed. Eyrolles), Charley Assoun et Simon Assoun reviennent sur l'histoire du cheveu et la meilleure manière de l'entretenir.

Charley Assoun et Simon Assoun

Charley Assoun et Simon Assoun

Charley Assoun est le fondateur de Biocoiff, l'un des premiers salons de coiffure entièrement végétal. Simon Assoun, le fils de Charley, s'occupe du développement de la marque.

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On le sait désormais, le cheveu est avant tout une parure. Depuis la nuit des temps et dans toutes les cultures, il a été traité comme tel : les archéologues ont retrouvé des statuettes anciennes sur lesquelles on voit bien les cheveux tressés. Citons par exemple la Vénus de Willendorf (24 000-22 000 av. J.-C.) ou la Dame de Brassempouy (vers 23 000 av. J.-C.). Le raffinement des coiffures est un marqueur social. Ainsi, dans certaines cultures, la coiffure indique à elle seule le rang social et/ou le métier de la personne. Ce fut le cas dans le passé chez les Aztèques ou, plus proches de nous, chez les rois mérovingiens (les cheveux longs étaient symbole de royauté et, au ve siècle, la reine Clotilde, femme de Clovis, préféra que ses petits-fils soient tués plutôt que tondus, c’est dire si la symbolique était forte !). De même, les perruques à la mode à la cour de Louis XIV et de ses successeurs sont un enjeu symbolique de pouvoir. Si vous avez un doute, regardez le film de Sofia Coppola Marie-Antoinette, et observez bien les coiffures de la reine : ce n’est jamais trop ! Lorsque, dans la culture moderne, on a commencé à construire des représentations genrées, la longueur des cheveux a également permis de différencier les sexes : cheveux courts pour les hommes, cheveux longs pour les femmes.

Si les cheveux sont bien un enjeu social, ils sont en même temps une question des plus intimes. Quoi de plus privé que de se coiffer ? Brosser, peigner, arranger ses cheveux est un moment pour soi, presque un moment d’introspection. Un exemple ? Pensez aux princesses et autres héroïnes Disney : combien chantent en se peignant, seules ou avec leurs amis animaux, souvent face à un miroir ? Jasmine, Ariel (avec une fourchette !), Raiponce, Cendrillon… elles ouvrent leur cœur et laissent enfin parler leurs sentiments. Se coiffer pour se libérer des non-dits ? Pourquoi pas ? On répète souvent que se coiffer, c’est canaliser sa personnalité, ordonner ses pensées. C’est aussi redonner à ses cheveux de la liberté de mouvement, en défaisant les nœuds, au sens propre comme au sens figuré.

Toujours au cinéma, mais dans une version adulte, une scène au cours de laquelle une femme se coiffe peut avoir une connotation très sensuelle, voire sexuelle, surtout si l’opération se termine avec une coiffure qui laisse apercevoir la nuque, zone très érotisée dans l’inconscient car fragile et généralement cachée.

Se coiffer est aussi un moment propice à l’échange lorsqu’on laisse à quelqu’un le soin de nous peigner. C’est une preuve de confiance et de complicité autant qu’une expérience qui renforce ces deux sentiments. Ainsi en est-il de l’image d’Épinal de la mère qui coiffe sa petite fille, toujours empreinte d’une profonde douceur, qui représente une vision de l’amour maternel inconditionné. Une légende basque revient sur ce lien, celle du Peigne d’or1 . Le lien entre la personne coiffée et celle qui coiffe peut aussi être un lien d’amitié, et la relation n’est pas moins forte. Si on revient dans l’univers Disney, c’est bien sûr la scène où Meeko (le raton laveur) fait une tresse à Pocahontas qui vient à l’esprit.

Les cheveux sont une partie du corps bien à nous, mais ils ont la particularité de ne pas être une donnée figée dès la naissance. À tout âge, on peut en modifier l’apparence, que ce soit la longueur, la forme (par les coiffures) ou même la couleur. Les cheveux en disent ainsi beaucoup sur notre personnalité : est-on du genre à les laisser détachés, symbole de liberté, ou à les attacher dans un chignon serré, signe de rigueur ?

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