Serge Grouard : "Beaucoup de Français dans la majorité silencieuse en ont assez d'être diabolisés"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Serge Grouard : "Beaucoup de Français dans la majorité silencieuse en ont assez d'être diabolisés"
©MARTIN BUREAU / AFP

Sensibilités différentes

Alors que s'est tenu ce jeudi 24 novembre le débat du second tour entre Alain Juppé et François Fillon, Serge Grouard, membre de l'équipe Fillon, nous livre son analyse sur l'avenir de la droite à l'issue de la primaire.

Serge Grouard

Serge Grouard

Serge Grouard est député du Loiret et soutient François Fillon dans le cadre de la primaire de la droite et du centre. 

Il a par ailleurs été maire d'Orléans de 2001 à 2015. 

Voir la bio »

Atlantico : Alors que la tonalité de la campagne de cet entre-deux tours a gagné en intensité, avec des attaques d'un côté comme de l'autre non pas sur les propositions mais sur les convictions, quel avenir peut-on imaginer pour la droite après le second tour ?

Serge Grouard : Je voudrais tout d'abord clarifier un point : vous évoquez des attaques de part et d'autre, or, il n'y en a pas eu initialement de la part de François Fillon. Il a simplement répondu aux attaques dont il a été l'objet. 

Tout cela va se calmer. L'après second tour sera marqué par la réconciliation et l'entente d'autant que les équipes d'Alain Juppé et de François Fillon se connaissent bien et s'apprécient. J'ai ainsi des amis dans l'équipe d'Alain Juppé et nous continuons à nous parler et à nous voir occasionnellement. L'image de fracture entre les équipes de Fillon et de Juppé renvoyée dans les médias est fausse. 

Parler de deux droites irréconciliables est une caricature. Le projet de François Fillon va plus loin et est plus radical –ce qu'il assume parfaitement – que le projet d'Alain Juppé, qui est plus en retenue, mais les logiques sont les mêmes. Ce petit jeu médiatique qui consiste à désinformer et à faire passer François Fillon pour un vilain réactionnaire est assez lamentable. François Fillon a été particulièrement attaqué sur deux sujets : l'IVG et le mariage pour tous. Il n'a jamais été question de l'IVG dans la construction de son projet – c'est un sujet qui n'a même pas été évoqué - : faire ce procès aujourd'hui à François Fillon relève de la malhonnêteté intellectuelle. Quant au mariage pour tous, certains ont fait un grand amalgame en disant qu'il le remettait en cause, or, dans son projet intitulé "Pour vous", il est dit "je ne reviendrai pas dessus, d'autant que des unions ont été prononcées et qu'il faut respecter celles et ceux qui les ont contractées". Il a seulement affirmé qu'il voulait réécrire le droit de la filiation. Il y a quand même une grande différence entre réécrire le droit de la filiation et remettre en cause le mariage pour tous. 

Il n'existe pas, au fond, de différences profondes entre les deux candidats mais ils ont des sensibilités politiques différentes, ce qui est tout à fait normal. Nous sommes une famille politique : dieu merci, tout le monde n'est pas fait dans le même moule.

Quelles ont été les réactions au sein de l'équipe de campagne de François Fillon sur les différentes attaques de cet entre-deux tours ? 

L'impossible réconciliation de notre famille politique est une invention qui a été nourrie par certaines attaques, et c'est regrettable. Au sein de l'équipe Fillon, nous regrettons tous ces attaques et je pense qu'ils sont nombreux dans l'équipe Juppé à les regretter aussi. Les attaques nous ont surprises, surtout venant d'Alain Juppé. François Fillon a pris avec son équipe le parti de répondre à la désinformation sur le mariage pour tous et l'IVG. Il a fait le choix de ne pas alimenter les polémiques, de rester dans la dignité qui a été la sienne lors du premier tour et tout au long de la campagne. 

Quelles sont les positions d'Alain Juppé qui vous semblent incompatibles avec celles de François Fillon ?

Encore une fois, nous sommes tous dans la même famille politique. Alain Juppé et François Fillon sont tous deux issus de la tradition gaulliste. Je vois des sensibilités, des personnes qui sont différentes mais je ne vois pas d'incompatibilités et a fortiori de fractures. 

En quoi François Fillon incarne-t-il une droite différente de celle qu'incarne Alain Juppé ? Pourquoi la droite qu'il incarne semble-t-elle être plus en adéquation avec la demande des électeurs ? 

Je ne partage pas l'analyse qui considère qu'il y a deux droites, l'une incarnée par Fillon et l'autre par Juppé. 

La surperformance de dimanche de François Fillon a, selon moi, deux explications. 

Premièrement : la mesure de la dégradation de la situation de la France et la proposition, pour une fois solide, d'en sortir grâce à des politiques fortes et puissantes. Il me semble que les Français sont beaucoup plus conscients de la gravité de la situation que la classe politique elle-même, tout simplement parce qu'ils la ressentent beaucoup plus. François Fillon a un discours de vérité : il ne fait pas de démagogie et propose un projet qui selon lui va permettre de sortir la France de la situation dans laquelle elle se trouve. Les Français ont très certainement ressenti cette sincérité-là. 

Deuxièmement : l'incarnation de valeurs. Ce ne sont pas forcément les valeurs ringardes dont on veut affubler François Fillon mais simplement le fait qu'il ose dire qu'il faut en finir avec la bien-pensance qui nous impose ce qui est bien et ce qui est mal, ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire. Beaucoup de Français dans la majorité silencieuse en ont assez d'être diabolisés ou d'être contraints par une sorte de nomenklatura de la bien-pensance qui catégorise les gens en bien ou en mal selon ce qu'ils pensent. Ces Français lassés vont bien au-delà de la droite : j'entends des gens de gauche qui ont le même sentiment et considèrent qu'il faut rompre avec la bien-pensance. Ce sentiment général s'est traduit dans le vote. C'est probablement sur cette dimension qu'Alain Juppé et François Fillon se différencient le plus. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !