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Les smartphones ont mis à disposition une très grande quantité d’informations.
Les smartphones ont mis à disposition une très grande quantité d’informations.
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Semaine nationale de l'industrie

Alors que la crise bouleverse nos certitudes en matière d’économie, la première semaine nationale de l'industrie se tient du 4 au 10 avril, en France. L’heure est peut-être venue de mettre en avant le « quaternaire », un nouveau système économique ou « l’être mieux » importe davantage que « l’avoir plus ».

Michèle Debonneuil

Michèle Debonneuil

Michèle Debonneuil est Inspecteur général des finances et administrateur de l'INSEE.

Elle est considérée comme "l'inventeur" du plan Borloo de développement des services à la personne.

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C’est une révolution douce née il y a déjà quelques années. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont en train de bouleverser complètement la façon de satisfaire les besoins des consommateurs et par là de créer une nouvelle dynamique d’amélioration de la satisfaction de leurs besoins, c’est-à-dire une nouvelle dynamique de croissance.

Les smartphones : symbole d’une nouvelle ère économique

Prenons l’exemple des smartphones. Leur diffusion très rapide montre à quel point les TIC ont permis de mettre à disposition temporaire, dans n’importe quel endroit, une très grande quantité d’informations de nature à mieux satisfaire les besoins de culture et de distraction (journaux en ligne, météo, musique, livres, films, pièces de théâtre…), mais aussi plus récemment les besoins de mobilité (location de voitures), et bientôt de santé (dossier médical partagé).

Cette première utilisation des TIC est en train de s’étendre. On pourra donc bientôt satisfaire tous les besoins des consommateurs (santé, mobilité, vie domestique, éducation….) par la mise à disposition de tout ce qui peut y contribuer - les biens, les personnes ou les informations appropriées - à l’instant où ils en ont besoin, pendant le temps nécessaire où ils en ont besoin.

Dans cette nouvelle économie, la satisfaction des besoins ne passera donc plus nécessairement par l’achat de biens et le déplacement dans des lieux dédiés pour bénéficier de services, mais par des solutions de vie mettant à la disposition temporaire des consommateurs sur leur lieux de vie, les biens, les personnes et l’information utiles pour les satisfaire.

Le quaternaire : une source de croissance

Une telle économie, que nous qualifions de « quaternaire » parce qu’elle ne sépare plus de façon radicale le secondaire et le tertiaire, dessine les contours d’un nouveau gisement de croissance. En effet, en satisfaisant les besoins des consommateurs autrement, elle permet de mieux les satisfaire (rappelons que lorsqu’on parle de croissance, il s’agit de la croissance de la satisfaction des besoins des consommateurs).

Les conséquences de cette nouvelle économie porteuse de croissance sont considérables. D’abord cette économie permet d’envisager le retour au plein emploi : le calcul montre en effet qu’il suffirait que chaque Français consomme 1 heure par semaine de service d’une personne venant apporter son savoir-faire à son domicile pour créer près de 2 millions d’emplois.

Ensuite cette économie donne une chance aux pays développés d’exploiter le seul avantage comparatif qui leur reste par rapport aux pays émergents - celui d’avoir des consommateurs dont la satisfaction des besoins est en moyenne plus élevé - en fabriquant, avec les mêmes savoir-faire, des solutions adaptées à des consommateurs nantis.

Enfin, en faisant passer d’une économie de « l’avoir plus » à une économie de « l’être mieux », elle permet de concevoir une façon de poursuivre la croissance de tous les pays du monde sans détruire la planète.

Une révolution qui passe par le volontarisme politique

L’organisation de la production dans cette économie est radicalement différente de celle que nous connaissons. Le « tâtonnement » qui permet de mettre au point cette nouvelle façon de s’organiser durera donc plusieurs décennies s’il se fait par les seules forces des marchés. Il nécessite de passer par une phase de destruction créatrice longue et douloureuse. La question posée reste de savoir si les pouvoirs publics seront capables de catalyser ces changements pour les accélérer.

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