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L’urgence sanitaire appelle une réponse régalienne de l'organisation sociale, c’est-à-dire du corps social dans son ensemble et non uniquement de l'État
L’urgence sanitaire appelle une réponse régalienne de l'organisation sociale, c’est-à-dire du corps social dans son ensemble et non uniquement de l'État
©Nicolas TUCAT / AFP

Enjeux

Pour comprendre comment la santé publique peut être utile aux populations, la pandémie de Covid est un évènement à méditer.

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze est chirurgien à Perpignan.

Passionné par les avancées extraordinaires de sa spécialité depuis un demi siècle, il est resté très attentif aux conditions d'exercice et à l'évolution du système qui conditionnent la qualité des soins.

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Pour comprendre comment la santé publique peut être utile aux populations, cette pandémie est un évènement à méditer

J’ai décrit précédemment à l’occasion de la publication du consensus de Delphi dans la revue Nature les bases indispensables d’un système de santé publique. Il convient d'avoir lu cet article pour comprendre cette simulation. Une pandémie insuffisamment maitrisée a des conséquences sur l’espérance de vie (Figures N°1 et 2). Or cette maitrise demande une organisation de santé publique efficace en amont du système de soins.

Depuis des décennies le système de soins est grevé par une augmentation de la demande et une diminution de l’offre. Mais en amont il a aussi été mis en difficulté par l’absence d’organisation de la santé publique en termes de prévention et de déploiement lors de la pandémie qui a débuté il y a trois ans.
C’est ce que soulignent les auteurs d’un article récent sur l’espérance de vie:
“Les systèmes de soins de santé basés uniquement sur une réponse à la maladie ne sont plus abordables et les économies ont besoin d'une main-d'œuvre plus productive. Le modèle actuel, qui se concentre sur la seule prise en charge réactive des malades, doit être déplacé vers un nouveau basé sur la prévention proactive, avec la reconnaissance toujours croissante que la richesse des nations n'est pas possible sans la santé des populations.”

Garantir la protection de la santé des populations dans une pandémie : une fonction régalienne de l’État

Dans une simple logique de moyens cette garantie est essentielle car qui peut prétendre lutter contre une pandémie tout seul ? En effet si pour survivre on peut/doit travailler ou avoir des revenus, si pour éviter le cancer du poumon on peut/doit ne pas fumer, rien sur le plan individuel n’est suffisant ni même marginalement efficace dans une urgence sanitaire. Et qu’est ce qu’une urgence sanitaire ? C’est un aléa de grande ampleur et de gravité certaine. Une pandémie, un accident climatique suivant une éruption volcanique de grande ampleur, un astéroïde, une catastrophe nucléaire comme Tchernobyl, un accident biologique. Dans ce sens, l’urgence sanitaire appelle une réponse régalienne de l'organisation sociale, c’est-à-dire du corps social dans son ensemble et non uniquement de l'État. Mais l’État doit jouer son rôle à plein en particulier dans l’anticipation organisationnelle et matérielle.

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Il n’est pas de jour sans qu’un responsable du désastre du système de soins ne formule une idée censée sauver ce modèle qui à l'évidence n’est plus adapté. Du leit motiv des moyens qui manqueraient aux contraintes les plus absurdes le concours Lépine de l’innovation la plus délétère a été lancé depuis longtemps. Ainsi l’État a rallongé les études médicales au bénéfice des hôpitaux dans un pays où le cursus est déjà trop long. Donc moins de médecins. Certaines régionsveulent salarier des médecins pour augmenter l’offre. Sauf que les médecins salariés ont une productivité beaucoup plus basse que les médecins rémunérés à l’acte. Donc moins de consultations pour les patients. Le Sénat, dont le niveau d’innovation dans ce domaine est bien connu, s’est prononcé avec A. Milon et H. Maurey pour une contrainte d’installation géographique. La méthode la plus sûre pour faire fuir plus de médecins de France. La sécu y va elle aussi de ses initiatives contre productives. Elle a multiplié les forfaits avec l’idée que cela pourrait remplacer le paiement à l’acte véritable chiffon rouge pour les idéologues des Caisses. Les forfaits sont des rémunérations qui incitent les médecins à réaliser moins de consultations. Or en moyenne ils représentent un quart du revenu en libéral. Si bien que ces forfaits diminuent la productivité.
La réponse rationnelle à ce désastre est que la politique planiste du numerus clausus et la paupérisation de l’exercice médical par la Convention exclusive ont tué l’exercice médical dit libéral pour deux à trois décennies.
Et en face de cette situation l’État a abandonné la santé publique et proposé une solution l’hôpital public qu’il est incapable de gérer.
Nous disposons de très médiocres statistiques alors que la sécu, pourtant payeur unique, retient l’information dans son système SNIIRAM, nous n’avons plus de moyens de transmission de la politique de santé publique au sein des populations, s’agissant des grandes toxicomanies et addiction nous faisons peu de progrès si bien que le différentiel d’espérance de vie homme/femme s’est creusé et la Covid-19 a révélé toute cette impréparation.

Figure N°1: L’espérance de vie de 2000 à 2021 dans différents pays de l’OCDE. Elle a reculé dans certains pays mais a progressé ailleurs principalement en fonction de la mortalité de la Covid-19. Japon, Australie, Corée du sud, Norvège et Finlande ont réussi à traverser la pandémie avec une mortalité beaucoup plus faible et l’espérance de vie a progressé

Figure N°2: Les différences de mortalité cumulée par million d’habitants de la Covid-19 sont considérables. Elles expliquent l’évolution du l'espérance de vie dans ces pays développés. Elles objectivent aussi l’efficience des systèmes de santé publique et les choix des gouvernements en place

La santé publique prise dans un enchevêtrement de structures, du ministère à la CNAM en passant par des agences et des comités

Personne ne sait de quoi il est responsable ou comptable et c’est bien une marque de fabrique du système. La CNAM n’arrive pas à faire fonctionner correctement la médecine ambulatoire si bien qu’elle devrait se retirer du champ de la prévention. Les multiples structures qui gravitent dans ce domaine dont Santé Publique France, l’ANRS, REACTing etc, n’ont pas de définition claire de leur mission. Je propose un système qui a fait ses preuves en Europe, celui du centre de contrôle des maladies pour l’ensemble du territoire Français. En effet, la mission souhaitée par J.-F. Delfraissy dans une intervention récente en faveur de la nouvelle agence ANRS MIE ( MIE pour maladies infectieuses émergentes) est un voeu pieux totalisant :

“Pour conclure, il faut permettre une meilleure fluidité dans la transmission des données issues de Santé Publique France et développer les réseaux de recherche clinique impliquant les généralistes, rapprocher les équipes de recherche fondamentale et les entreprises en biotechnologies et augmenter de manière substantielle la part du PIB dans la recherche biomédicale.” (https://www.academie-medecine.fr/resumes-des-presentations-de-la-seance-du-6-decembre-2022/). Nous sommes en train d’essayer de trouver des moyens pour que les médecins généralistes consultent au lieu de faire le ménage de leur cabinet, au lieu de répondre au téléphone au lieu de faire des heures de certificats abscons et il faudrait les impliquer dans la recherche? Je suggère à J.-F. Delfraissy d’impliquer les médecins hospitaliers dans des essais cliniques randomisés multicentriques car certains ont tout le temps de le faire et que c’est une de leur missions. Bref, l'État et son monopole interviennent là où ils sont contre productifs, là où la subsidiarité et le marché font beaucoup mieux mais l’État n’a aucune politique de santé publique là où personne ne peut le remplacer.

Le Centre de Contrôle des Maladies (CCM). C’est la tour de contrôle des maladies sur le territoire Français.

Bâtir un centre de contrôle des maladies est indispensable pour avoir une idée précise des menaces et de l’état de santé de la population. C’est une œuvre de longue haleine que la France avec sa géographie très étendue ne peut négliger. Or trois ans après le début de la pandémie, c'est toujours le flou. Plus personne ne s’y trompe, pour savoir ce qui se passe il est plus sûr de regarder ce que publient les sites de l’UE, de l’OCDE ou bien de l’université d’Oxford, des chercheurs indépendants comme Guillaume Rozier ou bien des entreprises privées comme Airfinity. Les derniers mois avec le Monkeypox, les variants d’Omicron et les épidémies respiratoires saisonnières ont bien démontré qu’il est nécessaire de mettre en place un CCM indépendant de l’État permettant d’informer la population. D’autres situations comme les streptocoques A résistants nécessitent une expertise permanente et réactive qui recueille la confiance des médecins et de la population. Les courriels de la DGS (Direction Générale de la Santé) sont à la fois inutiles en pratique et plutôt pauvres en informations médicales.

Un exemple celui du diagnostic rapide des infections

Dans ce domaine nous avons les moyens de mieux soigner. Tests antigéniques, tests PCR, dosage de la procalcitonine formule sanguine au bout du doigt et microbiologie classique permettent de ne pas soigner au hasard sur un mode probabiliste. Une évolution positive à trois titres:

1/ Connaître l’agent infectieux est capital pour prévenir une évolution vers l’aggravation. Sars-CoV-2, streptocoque, grippe, bronchiolite…

2/ Prescrire de manière probabiliste un antibiotique dans tous les cas est une attitude inefficace, dépassée et coûteuse: nous manquons de pénicillines et ces molécules sont indispensables pour les angines à streptocoque…
Donc le message c’est de faire un test rapide devant une angine, de tester en antigénique ou en PCR le patient pour la Covid-19 et de faire une prescription conditionnelle. Ces éléments doivent être expliqués aux patients, à leurs proches et aux soignants sur le même site… L’explication doit être une incitation pas une oukase. Et les moyens notamment la disponibilité de ces tests rapides et leur remboursement doivent être au rendez vous.

3/ L’antibiorésistance est un mécanisme évolutionniste qu’il convient de limiter. Or toute prise d’antibiotiques (notamment pour des raisons inappropriées) induit des mutations adaptatives potentiellement pourvoyeuses d’antibiorésistance.

Pour réussir cette construction il faut rassembler et transformer la DGS, Santé publique France (SPF) et d’autres satellites comme l’agence des risques émergents. En effet ces structures sont éparpillées, ont une production non académique, travaillent plutôt en silo et sans même une marque de fabrique digitale commune… Un mécano intéressant et un défi: faire aussi bien que les structures de ce type en Europe.

Le big data de la santé

Si on devait citer un handicap important pour l’exercice de la médecine en France, ce serait l’absence de numérisation des dossiers médicaux. Même les hôpitaux d’une même ville ne peuvent utiliser un dossier numérique partageable. Il n’est plus possible d’attendre. Il faut un big bang. Le dossier médical électronique est à notre portée et il apportera une grande sécurité dans toutes les situations de soin. C’est à l’assureur de le constituer avec la chronologie des évènements remboursés et leur contenu qui sera accessible aux médecins ou pour certaines parties aux autres soignants. Il faut inverser la logique de l’échec qu’ont imposé les faux amis de la liberté individuelle. Ce dossier est un droit et une garantie d’être mieux soigné. Il est aussi une garantie de diminuer les examens complémentaires inutiles ou les doublons notamment s’il s’agit d’imagerie avec rayonnement ionisant. L’individu qui ne veut pas en bénéficier le signale par écrit à sa caisse et il ne sera pas constitué. Ainsi tous ceux qui ne font pas opposition (ils sont très nombreux, probablement plus de 80% de la population) auront très vite un dossier complet exportable, qui peut les suivre à l’étranger et qui peut surtout être consulté aux urgences ou par le médecin qu’il consulte partout en France.

Il demeure cependant d’autres obstacles dans l'utilisation des données de soin. Pourtant, les bénéfices dépassent de loin les risques qui en France ont été surévalués notamment par les parlementaires. Cette évaluation erronée des risques a induit un retard préjudiciable aux patients et aux chercheurs Français. Prenons un exemple, si nous avons une couverture vaccinale insuffisante chez les plus de 65 ans et chez les immuno-fragiles c’est en grande partie parce que nous refusons les moyens numériques existants qui permettraient de proposer la vaccination à ces personnes. Ces personnes ne sont pas opposées aux vaccins, ils sont simplement loin de l’accès, peu informés et sans vecteur pour recevoir l’injection. Les équipes mobiles de santé publique que je décris plus loin ne peuvent agir efficacement sans information précise et exhaustive.

Enfin il faut souligner qu’à défaut de s’engager à fond dans la numérisation nous allons louper le prochain rendez vous celui de l’Intelligence Artificielle. La nature est complexe, apprécier le risque d’un individu et personnaliser les conseils médicaux nécéssitent de disposer d’une quantité importante d’information et de la traiter. Pour toutes les maladies l’avantage de disposer d’un traitement de l’information est déjà pour le patient une meilleure chance de survie. Cet avantage va s’accentuer. Il sera toujours possible à certains de refuser cette avancée mais il ne faudrait pas qu’une minorité agissante, des pouvoirs non élus ou des parlementaires conservateurs privent les Français d’une meilleure espérance de vie. C’est un enjeu qui n’est pas présent dans le débat public à la hauteur des avancées qui sont déjà là en cancérologie, infectiologie, immunothérapie ou dans les domaines du diagnostic.

Modèles d’épidémie, anticipation, expertise

La production du CCM, grâce au big data, c’est bien sûr différents modèles en particulier régionaux de la pandémie pour mieux guider l’action de santé publique. Il a été difficile de suivre le fil de la pensée du ministre dans cette résurgence d’Omicron notamment le BQ 1.1. Tout d’abord les Français n’ont pas bénéficié d’une bonne explication de la situation. Or les modèles de l’épidémie servent à cela. Sur ce modèle de l’IHME (https://covid19.healthdata.org/france?view=cumulative-deaths&tab=trend) on identifie clairement la résurgence en cours et fin novembre déjà il était prévisible que le nombre de cas serait limité (Figures N°3 et 4).

Figure N°3: France, infections par le Sars-CoV-2 estimées et prévisions (IHME)

De la même façon, les décès journaliers ne sont pas inquiétants même s’ils sont trop élevés par sous utilisation des antiviraux et du rappel vaccinal bivalent. Le port du masque d’après cette modélisation permettrait d’abaisser la mortalité (Figure N°4). D’après les estimations la France a franchi les 200 000 morts de la Covid-19.

Figure N°4: La mortalité journalière reste élevée mais pour l’instant aucune aggravation n’est prévue dans les 9 premiers mois de 2023

Une pandémie nécessite une politique de santé publique intelligente. Les modèles sont indispensables et ils permettent d’anticiper en restant flexible. Il faut aussi un réseau d’expertise académique qui travaille et produit des études scientifiques obtenant l’aval des comités de lecture. Toute publication non revue et acceptée suivant ce processus est généralement de niveau médiocre. On ne joue pas avec une pandémie et les arguments d’autorité, les affirmations inductives, les fraudes aggravent la situation. La France a un réseau épidémiologique de recherche et d’innovation solide. Il doit être mis à contribution dans les suites de cette pandémie pour mieux comprendre ce qui s’est bien et ce qui s’est mal passé. La forme idéale de cette contribution est celle d’appels à projet. En revanche, il serait souhaitable que les épidémiologistes académiques soient plus présents en premier dans les sommaires des journaux scientifiques et moins sur les plateaux de télévision notamment lorsqu’ils ont des avis parfois imprudents ou sans base scientifique.

L’importance des modèles est aussi cruciale dans des décisions politiques telles que celle prise en ce moment en Chine. Quand un modèle prévoit un million de décès il faut peut être se méfier. La politique peut être éclairée par les modèles mais uniquement en démocratie. Quand une population est peu immunisée supprimer toutes les barrières de transmission c’est provoquer une mortalité immédiate élevée et partiellement évitable.

Les Équipes Mobiles de Santé Publique

Toute décision politique a besoin de moyens de transmission. Nous en faisons l’expérience. La parole de l'exécutif n’est pas une action. Or les administrations des ARS, des régions et des municipalités sont incapables d’agir car il faut un vecteur. Même dans les EHPAD le ratio de booster est faible et peu de soignants ont été vaccinés avec le vaccin bivalent à l’entrée de l’automne. Les données sont d’ailleurs entachées d’une grande incertitude.

En réalité il y a encore de trop nombreux morts de la Covid-19

Nous sommes dans une épidémie européenne et nous n'utilisons pas suffisamment les moyens de réduire la transmission. En revanche, il y a déjà dans cette résurgence Omicron moins de morts mais plus de contaminations. Les malades vont donc aller à l'hôpital et seront plus nombreux à guérir avec des soins. Mais ils vont occuper des lits. Le virus variant BQ 1.1 d’Omicron est très contagieux (extrêmement) et il y a ces facteurs de transmission positive qui sont préoccupants :

- plus de masques

- plus d'éloignement interpersonnel

- beaucoup moins de tests (des personnes toussant toutes les 10 secondes se baladent dans les supermarchés).

- un seuil d'immunité vaccinale franchit à la baisse en l'absence de rappel

- une sous utilisation obstinée des antiviraux notamment le Paxlovid® ("on a que le doliprane"), ("on ne sait pas ce qu'il y a dedans") mais aussi d’autres antiviraux.

- aucun progrès en matière de ventilation/dilution des aérosols dans les lieux clos

- deux groupes sous vaccinés, le groupe vecteur aux contacts sociaux multiples, les moins de 18 ans et le groupe ultra-fragile qui reçoit la visite des premiers, les plus de 70 ans ou les immunodéficients.

L’absence de transmission de la politique de santé publique

Dans ce contexte rendu plus préoccupant par une épidémie concomitante des autres virus respiratoires qui n'épargnent pas les plus petits, la solution n’est pas une gesticulation de dernière minute. Depuis le début de la Covid-19 nous avons eu tout le temps de constituer les équipes mobiles de santé publique (EMSP) pour proposer et effectuer la vaccination des personnes fragiles et ce en amont de l’épisode actuel.

Ces équipes mobiles de santé publique sont indispensables pour :

- aller au contact des groupes ultra-fragiles et leur proposer la vaccination,

- organiser avec un pharmacien ou un médecin une téléconsultation pour tout test PCR positif chez une personne âgée de plus de 70 ans pour lui proposer de prendre immédiatement le Paxlovid®,

- vérifier que les protocoles sont suivis dans les EHPAD, au niveau du personnel et des résidents.


Ces EMSP sont indispensables mais alors qu’elles ont été prévues par la loi il s’en est suivi un grand blanc. Les ARS ne savent pas faire et les municipalités et les régions demandent des garanties. La subsidiarité n’est pas l’ADN de la république.

Les années à venir vont reproduire ces problématiques

Il est probable que l’année prochaine un vaccin protégeant des formes graves de la bronchiolite (Virus respiratoire syncitial) sera sur le marché. La Covid-19 et la grippe bénéficieront de nouveaux vaccins. Mais il faudra toujours évoluer dans un contexte où les plus fragiles ne seront pas les premiers à se faire vacciner! Pour maintenir un fonctionnement normal du système de soins il faut prévenir en amont des lits de soins critiques; singulièrement par le niveau de santé globale et la vaccination. Il existe de nombreux virus respiratoires et il est probable à l’avenir que le changement climatique favorise le passage à l’homme de virus zoonotiques (Figure N°5), les épidémies de grippe aviaire et porcine récentes sont un signal. Il faut donc s’organiser. La vaccination, les antiviraux précoces (à condition de faire le diagnostic) permettent de réduire le nombre de cas graves et de mieux traiter ceux qui en sont victimes. Les EMSP doivent être constituées et se préparer à intervenir si nécessaire. Aujourd’hui, trois ans après, rien n’a changé.

Le deuxième facteur à prendre en considération est l’hésiation à se faire vacciner. L’avantage du contact humain en santé publique est important, en particulier pour les populations éloignées du système de soins des grandes villes et même dans ces grandes villes.  Les personnes à faible revenus, ayant un niveau d’éducation limité, ayant une mobilité réduite etc sont à la fois les plus fragiles par leurs facteurs de risque (je le répète l’âge n’est qu’un des critères de gravité de la Covid-19 il y en a beaucoup d’autres) et les plus loins du système de soins. Les EMSP représentent une chance pour cette population.

Figure N° 5: Le réseau actuel de partage viral par ordre de mammifères, déduit des prédictions modélisées des probabilités de partage viral par paire. La largeur des arêtes indique le nombre attendu de virus partagés (la somme des probabilités de partage viral par paire espèce-espèce), la plupart des partages se faisant entre les groupes les plus spécifiques et les plus proches. Les arêtes représentées dans le réseau sont les 25 % de liens les plus importants. La taille des nœuds est déterminée par le nombre total d'espèces dans cet ordre dans l'ensemble de données d'association hôte-virus, la couleur est graduée par degré. Les silhouettes proviennent de http://phylopic.org sous licence Creative Commons (creativecommons.org/licenses/by/3.0).


Types de virus respiratoires :

- Adénovirus.

- Coronavirus (Virus du rhume)

- Influenza (Grippe)

- Parainfluenza.

- Parvovirus B19 (Cinquième maladie)

- Virus respiratoire syncytial (VRS) (Bronchiolite)

- Rhinovirus (Rhume commun)

- SARS-CoV-2 (Covid-19)


Quelle politique ?

L’hypothèse que la santé publique est un exemple de bien commun est solide et nous l’avions complètement oublié.

De la même façon, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a tout d’un coup rappelé à une génération qui n’avait pas connu la guerre qu’elle est possible et que se défendre demande une organisation puissante et sûre. Cette notion de bien commun nous aide à comprendre la véritable contribution de la santé publique à la société. Pour autant les imperfections des solutions de marché aux problèmes de biens communs doivent être mises en balance avec les imperfections des solutions gouvernementales notamment dans les pays centralisés. Les gouvernements s'appuient sur la bureaucratie, répondent à des électeurs mal informés et sont peu incités à servir les consommateurs. Ils produisent donc de manière inefficace ou bien insuffisante. En matière de santé publique le bien commun est essentiellement la qualité de l’organisation jusqu’aux citoyens. Et cela ne peut arriver sans subsidiarité et engagement de la société civile. Aucune bureaucratie ne peut inventer, acheter des vaccins et les proposer, les injecter aux personnes cibles en premier. C’est l’explication la plus simple de l’échec des ARS dans cette pandémie. Un préfet sanitaire est inutile dans une pandémie. En revanche des EMSP organisées de manière adaptée aux particularités de la région et avec l’aide des réserves de santé et de protection civile peut prévenir la transmission d’un virus dans une nouvelle pandémie (distribuer des masques pour un virus respiratoire, faire des tests, isoler pendant la durée recommandée en apportant tout ce qui est nécessaire) et accélérer la vaccination par la suite (identifier et cibler les personnes les plus susceptibles et leur proposer les rappels). Une pandémie se maîtrise d’abord par la transmission pas en réanimation.

Les errements de la politique Chinoise dans cette pandémie continuent et déstabilisent l’économie

La Chine s’invite à nouveau dans cette pandémie et nous sommes concernés. C’est une leçon de santé publique.

- Des informations manipulées, des vaccins peu performants et une population faiblement immunisée


Après avoir retardé la communication des données en novembre-décembre 2019, après avoir trompé la communauté internationale sur la mortalité réelle de la pandémie en Chine, après avoir vacciné sa population avec deux vaccins moins efficaces que l’AstraZeneca ou bien les vaccins ARN messager voilà que sous la pression sociale, économique et une illusion de moindre pathogénicité de l’Omicron  le Parti Communiste Chinois (PCC) ouvre les frontières et supprime les mesures de lutte contre la pandémie.
La question qui se pose à propos des récents développements en Chine est la suivante : pourquoi cette résurgence de Covid-19 a-t-elle entraîné l'ouverture de la société ?

1/ Cette dernière résurgence a fini de ruiner la confiance des citoyens. Et le PCC a observé et perçu cela. Les Chinois ont compris, malgré la propagande, que sans immunité naturelle et/ou vaccinale, il n'y a pas d'avenir en cas de pandémie. Les gens ne se sentaient plus en mesure de faire face à des confinements tout en restant sensibles au virus comme ils l'étaient au début de la pandémie. C'est dangereux pour eux de tout ouvrir sans avoir vacciné, mais ils préfèrent cela à des confinements indifférenciés et généralisés.

2/ La production est ralentie à cause de la politique du zéro-covid. C'est un risque majeur d'agitation sociale. Une rupture du pacte entre le PCC et toutes les classes moyennes émergentes. Une preuve? Foxconn et Apple.

3/ Les autorités chinoises ont fait le pari d'un Omicron moins dangereux. Malheureusement, ce pari a été fait sur des preuves indirectes. En réalité, l'Omicron et ses variants sont dangereux mais le taux de vaccination et le nombre de personnes ayant eu la Covid-19 en Europe explique que nous observions moins de morts et de cas graves grace à la qualité de notre immunité.

La réponse de l’UE à cette situation ressemble à un coup de pied en touche

Il serait irresponsable de jouer à la roulette russe, de croire que cela n’arrivera pas. Dans ce contexte, les responsables de la sécurité européenne doivent démontrer qu’ils ont le contrôle réel de l’espace Schengen. Il est justifié jusqu’à mieux informé de tester, séquencer et surveiller en temps réel.


1/ Tester et séquencer représente le suivi évolutionniste de la pandémie alors qu’en Chine plusieurs centaines de millions de personnes vont être contaminées. La probabilité de variants d’Omicron ou d’une nouvelle lignée existe comme quand le variant Alpha est apparu. Cela doit être fait aux frontières de l’espace Schengen. C’est un test en vie réelle de la maîtrise de cette nouvelle frontière qu’est Schengen. Contrairement à ce qui est avancé par certains en France il est dangereux de se baser sur les séquences que postent les Chinois sur GSAID ! L’information en Chine est entre les mains du pouvoir et il a décidé de ne plus mesurer certains paramètres clés de la pandémie. Les équances postées sont probablement filtrées à moins d’être coupablement naïf. C’est ce que le CDC (Center for Diseases Control des USA) a développé dans son analyse de la situation. Enfin, rappelons, pour donner une idée du cynisme des régimes autoritaires, que la Chine exige et exigera pour 2023 un test négatif de moins de 48 heures avant d’accepter un citoyen étranger. De même qu’une période d’isolement à ses frais: “Travelers are required to quarantine at their own expense for seven days in government-approved accommodations and in a certain circumstances, you could have three days more quarantine period. In an additional three days in quarantine at their residence or accommodation.”

2/ Isoler les cas positifs n’a pas été retenu par l’EMA (European Medical Agency). Au moment de la rédaction de cet article l’avis détaillé n’était pas en ligne. Ce n’est pas ce qui a été décidé aux USA car les passagers devront avoir un test négatif de moins de 48 heures avant d’embarquer. À ce sujet, l'argument développé par certains experts français ne tient pas. Le flux de personnes Covid-19 positives sera bien diminué comme le précise encore le CDC:

“Le dépistage avant le vol et l'obligation de présenter un résultat négatif réduisent le nombre de passagers infectés montant à bord des avions et contribuent à ralentir la propagation du virus alors que nous nous efforçons d'identifier et de comprendre toute nouvelle variante potentielle qui pourrait apparaître” . C’est important pour une autre raison. Une fois sur le sol du pays de destination ces personnes devront être soignées si elles font une forme grave. Dans l’état d’occupation des lits par les viroses saisonnières c’est à éviter.

3/ Pour réduire massivement la dissémination géographique, il aurait fallu interdire les vols en provenance de Chine ou au moins n’embarquer que des personnes testées négatives avant le vol. Ce dispositif avait été utilisé après l’émergence d’Omicron (BA.1). Ce n’est pas ce qui a été annoncé par l’EMA et il faut espérer que cette décision a des bases scientifiques solides. Il y a en effet un risque de pollution politique depuis que l’Italie a annoncé son intention de ne pas exposer son pays à un remake de 2020. La France comme d’autres pays a fait ce choix du test avant d’embarquer. C’est une décision rationnelle.

En résumé, en Europe la surveillance par séquençage va être effectuée mais une arrivée de vols directs ou indirects de Chine pourrait avoir une incidence sur les cas de Covid-19 et même sur les cas graves en Europe et en France. Tout dépendra du nombre de touristes avec le Nouvel An Chinois. Dans le même temps, certains Chinois sont en train de se vacciner avec des vaccins ARN messager à Honk Kong ou Macao. Il font aussi provision de Paxlovid®. Le pire n’est jamais sûr. Il faut cependant rappeler que pour les autochtones européens une réinfection due à cette arrivée du BF. 7 n’est pas une bonne nouvelle car les réinfections s’accompagnent d’une morbidité plus élevée. Enfin le système de soins des villes ayant un aéroport international peut être mis à contribution. Là aussi on connaît les difficultés actuelles dans toute la France et il paraît risqué de mettre le système sous plus forte tension.

Le quinquennat de la dernière chance en matière de santé publique

Dans les suites de cette pandémie on mesure l’immense responsabilité de ceux qui en ont fait un simple “éternuement”, qui ont nié la mortalité élevée, qui ont prôné des traitements sans preuve et ont discrédité le vaccin. Ce puissant mouvement anti-scientifique se nourrit de l’absence de données exhaustives en accès libre, de la faible production clinique et expérimentale des universités, et du relativisme monté en épingle dans les médias. Mais qu’a fait l’exécutif depuis trois ans pour bâtir une organisation de santé publique efficiente basée sur l’approche scientifique? Quelques changements cosmétiques mais rien de décisif à la hauteur des défis. C’est pourquoi F. Braun l’actuel ministre de la santé a une énorme responsabilité et s’il devait y avoir une règle à respecter c’est de ne pas s’éparpiller, de ne pas embrasser trop de causes, de faire simple. Rebâtir une organisation de santé publique demande un agenda et une indifférence calculée aux assauts de l’immédiateté. Dans le cas contraire, ce sera le statu quo et la prochaine urgence de santé publique nous surprendra, impréparés.

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