Salon de l’agriculture, un 24 février de tous les dangers<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture 2023.
Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture 2023.
©Aurelien Morissard / POOL / AFP

On en oublie le côté festif

L’inauguration du Salon de l’agriculture par le Président de la République Emmanuel Macron ce samedi 24 février se présente comme un exercice délicat compte-tenu de la colère agricole ambiante, voire franchement dangereux si l’on extrapole à un contexte plus général.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a récemment déclaré que la visite du Chef de l’Etat ne pouvait être accomplie selon les déambulations habituelles... L’un des deux ministres de l’Agriculture (au passage : est-ce cela la simplification administrative annoncée, doter l’agriculture d’un deuxième ministre ?), Marc Fesneau, a aussi évoqué des réserves sur les « conditions de sérénité » espérées pour l’événement...

Qu’en termes choisis ces choses-là sont dites ! Ce samedi 24 février se présente en réalité comme celui de tous les dangers. En particulier pour le Président de la République, mais peut-être pas seulement.

Les dangers directement liés à la colère agricole

Ils ont des origines multiples... Et des cibles qui le sont tout autant. 

Les agriculteurs en colère sont soit syndiqués à la FNSEA (ou aux Jeunes Agriculteurs, l’annexe pour les moins de 35 ans), et là on peut penser qu’ils sont « sous contrôle ». Sifflets, quolibets, mais probablement pas d’action musclée, et si des « pièges » peuvent éventuellement être tendus de leur part, ils auront vocation à attirer l’attention, notamment présidentielle, en prenant garde d’éviter les dégâts collatéraux. Dans le pire des cas, l’atteinte à l’intégrité présidentielle pourrait aller jusqu’aux jets d’œufs... Toujours délicats à effectuer de loin (il faut penser au cordon de sécurité qui entoure le cortège), mais la technique a déjà fait mouche par le passé (par exemple en 2017, sur la personne d’Emmanuel Macron, alors seulement candidat à la présidentielle ; puis sans réussite mais de peu en 2021, mais dans un autre salon cette fois). Mais, a priori, ce n’est pas de la part du syndicat majoritaire que le pire est à craindre.

Les agriculteurs en colère peuvent aussi être syndiqués à la Coordination rurale ou à la Confédération paysanne. Là, les cibles sont susceptibles de dépasser le cadre de la personne du Président de la République (encore une fois très compliqué à toucher directement compte-tenu de l’important dispositif de sécurité qui l’accompagnera). Des agriculteurs de ces syndicats ayant manifesté contre leur mutuelle (la MSA), des banques, Lactalis, le groupe Avril... On peut estimer que les stands de ces entités peuvent devenir l’objet de manifestations. Les syndiqués en question ne sont pas violents à la base. En revanche, on ne peut exclure qu’ils réagissent mal si l’un des responsables de ces stands venait à les prendre de haut lors de leur action... Par ailleurs, presque traditionnellement, le stand du ministère de l’agriculture est régulièrement l’objet de mouvements contestataires, il y en aura probablement encore cette année, mais les personnels sont rôdés à l’exercice, déjà vu avant la colère actuelle des agriculteurs. Par rapport au passage du Président de la République, le principal reproche de ces deux syndicats est d’être moins écoutés que la FNSEA. Un « bruitage » bien sonore pour se faire entendre n’est pas à exclure. Mais là encore, en restant dans les limites de l’acceptable.

Mais attention à la troisième catégorie d’agriculteurs en colère : les indépendants, non syndiqués. Et donc non encadrés. Certaines actions de ces dernières semaines ont été plus violentes que les autres, comme l’incendie de la MSA de Narbonne par exemple. Parmi ces indépendants, des petits groupes se sont formés dans certains cas, mais il ne faut pas exclure l’initiative individuelle non plus. C’est évidemment de là que les renseignements généraux craignent le pire, car ils manquent d’informations, tant sur les publics concernés que sur leurs modes d’actions, lesquels promettent d’être spectaculaires... Reste à savoir ce que l’on entend par là. 

Les dangers venus d’opportunistes non agricoles

Traditionnellement, des courants de pensée annexes, pas ou peu liés à l’agriculture, tentent de profiter de la médiatisation du Salon pour se faire connaitre. Jusqu’à présent, ces courants ont davantage montré une forme d’opportunisme que de la violence, évitant au contraire d’exacerber les agriculteurs dans « leur » Salon. On peut citer des antispécistes ou autres animalistes par exemple. De leur part, une vision alternative, parfois clamée avec une forme de provocation dans le propos, mais ça n’est jamais allé plus loin jusqu’à présent. 

En revanche, la radicalisation de militants se disant « verts », qui n’hésitent pas par exemple à se filmer en train de saccager notre patrimoine culturel dans les musées, et l’opposition de cette engeance au monde agricole, peuvent faire craindre des actions sortant du symbolisme ordinaire.

Au-delà, ce Salon qui s’annonce particulier peut aussi attirer des récupérateurs politiciens. Des personnes spéculant sur la révolte ambiante pour tenter d’y ajouter une note détonante. On pense ainsi à tous ceux qui ont récupéré le mouvement des Gilets Jaunes et qui ont enchainé des scènes de casse, les plus célèbres aux Champs-Élysées. Le filtrage à l’entrée est censé empêcher la venue d’éléments armés de quoi que ce soit, et d’autres dispositifs d’alerte existent bien sûr. Peuvent-ils être contournés ?

Le danger terroriste

Est-ce de la paranoïa que de craindre que des terroristes, profitant d’un service d’ordre préoccupé de toutes parts, ne tente un attentat contre le Président ? 

Pendant plusieurs heures, Emmanuel Macron sera en sortie publique, donc exposé. Notre Président vient de se positionner très durement contre la Russie. La télévision russe, aussi fantaisiste qu’elle paraisse, vient de citer la France comme « un ennemi à éliminer ». On sait Poutine sensible aux dates anniversaires... Et justement, nous serons le 24 février, jour du deuxième anniversaire du début de l’opération spéciale russe en Ukraine. Pure affabulation ? Espérons-le.

Dans le même ordre d’idée, on pourrait citer le danger islamiste. Ce ne serait ni le lieu ni le moment. Ce qui en soit ne constitue pas une garantie non plus.

Cette longue liste de dangers d’exactions, de plus ou moins grande gravité, ne doit pas faire oublier que le Salon de l’agriculture a avant tout une vocation festive, d’être un lieu de rencontre entre les acteurs du monde rural et les urbains. De nos jours, le risque existe partout. Nous devons vivre avec...

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