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Robots français pour centrale japonaise en panne
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Technologie tricolore

Le Japon est sans conteste la patrie de la robotique, et pourtant ! Seuls la France et l'Allemagne disposent de robots spécialement préparés pour intervenir dans des centrales nucléaires, capables de résister à des taux de radioactivité extrêmes. Henri Proglio, le PDG d'EDF a proposé à l'opérateur japonais Tepco de lui envoyer les robots français.

Rodolphe Gelin

Rodolphe Gelin

Depuis 2009, Rodolphe Gelin travaille chez Aldebaran Robotics. Il est à la tête du projet ROMEO qui vise à développer un robot humanoïde de taille humaine.

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Pourquoi les Japonais, patrie de la robotique, n’envoient pas de robots dans la centrale de Fukushima ?

Depuis des décennies, les Japonais font beaucoup d’efforts sur la robotique personnelle, de confort ou ludique, car c’est là qu’il y a un marché de masse, intéressant économiquement. En revanche, ils ont très peu travaillé, voire pas du tout sur la robotique d’intervention, qui restera toujours un marché de niche. Les Japonais se sont dits qu’en cas de besoin, ils iraient acheter des robots spécialisés en Allemagne, aux Etats-Unis ou en France pour s’équiper.

Résultat, les robots humanoïdes que l’on connaît au Japon, Asimo de Honda, HRP2 de Kawada Industries, quand on les regarde, on a l’impression qu’ils savent tout faire. En fait, non. Ils ne savent intervenir que dans un environnement très connu et normé avec un logiciel comportemental préinstallé. Les objets doivent être à la place prévue, ce qui est incompatible avec une situation de chaos comme on la connaît dans la centrale de Fukushima, et en plus ils ne sont pas du tout durcis aux radiations. Asimo tiendrait quart d’heure à Fukushima, tous ses processeurs seraient en panne aussitôt !
De fait, les Japonais n’ont pas l’équivalent d’un groupe d’intervention prêt à intervenir dans une centrale.

Au contraire, après Tchernobyl, s’est posée la question en France et en Allemagne de la pertinence d’avoir des robots prêts à intervenir si un incident nucléaire devait se produire dans ces deux pays proches et équipés en centrales nucléaires.

 EDF, le CEA et Areva ont donc investi dans un projet qui s’appelle Intra, destiné à bâtir une équipe d’hommes prêts à intervenir, avec des camions et du matériel, sur une centrale en difficulté.  Parmi les moyens dont dispose Intra, il y a des robots qui ne sont pas des robots que l’on trouve dans le commerce, mais prêts à intervenir dans des conditions extrêmes. Ils sont spécialement préparés, durcis, pour opérer les missions dont on a besoin dans une centrale en panne. (voir cet article de Libération du 12 novembre 1996).

Le mot clef, c’est durci. Les hommes n’aiment pas les radiations, mais la mécanique et l’électronique non plus. Les processeurs, les transistors, toute l’électronique est perturbée par les radiations nucléaires, et cela peut aussi abimer les joints en caoutchouc ou les durites. Il faut donc prendre certaines dispositions pour que ces belles mécaniques ne s’abiment pas trop vite. Il faut aussi les concevoir afin de pouvoir les décontaminer, pour qu’ils ne deviennent pas eux mêmes des déchets après intervention.

Henri Proglio, le PDG d’EDF, a proposé d’envoyer des robots et du matériel de détection au Japon...

Ce serait un test en grandeur nature pour ces équipes. Nous, en France n’avons jamais eu d’incident de cette ampleur. Cela permettrait de valider en conditions réelles l’utilisation de ces robots qui contrairement à Asimo ou HRP2 sont téléopérés. On les pilote à distance avec une télécommande et ils font ce qu’on leur dit de faire. Ils pourraient ainsi entrer dans les bâtiments, prendre des images, faire un diagnostic précis de la situation. Les plus gros de ces robots peuvent fermer des robinets, couper des tuyaux, éventuellement tenir une lance à incendie pour aller arroser le cœur.

Maintenant, les militaires américains aussi ont des moyens : ils disposent de camions robotisés, qui pourraient aussi rendre une partie du service attendu, et aller arroser le cœur.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Giraud

Les progrès d'Asimo sur 10 ans, le robot du japonais Honda...
pourtant incapable d'intervenir dans une centrale.

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