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Qu'est-ce qu'un riche ?
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Tout est relatif

Les riches du privé sont pointés du doigt, mais il existe également une catégorie de la population qui s'enrichit grâce à l’État et aux contribuables Jean-Philippe Delsol dénichent ceux-là ."A quoi servent les riches ? "cherche à démontrer qu'il faut récompenser l'initiative et favoriser la richesse pour réduire la pauvreté. Plus le nombre de riches augmente, moins on a de pauvres. Extrait 2/2

Jean-Philippe Delsol

Jean-Philippe Delsol

Jean-Philippe Delsol est avocat, essayiste et président de l’IREF, l'Institut de Recherches Economiques et Fiscale. Il est l'auteur de Civilisation et libre arbitre, (Desclée de Brouwer, 2022).

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On n’arrête pas de parler des riches. En général pour les accuser et les taxer[1]. Le riche est mis au pilori. Il est haï, accusé, voire condamné. Le riche est une victime expiatoire. C’est louche de devenir riche aujourd’hui.D’un côté, le riche est culpabilisé, suspecté d’être devenu riche en « prenant » ou en « volant » aux autres. Il faut donc lui faire rendre l’argent ou au moins le partager. De l’autre, on l’accuse d’être à l’origine de la crise économique, il est le bouc émissaire parfait. Mais, au fait, qu’est-ce qu’un riche ? Car tout le monde n’est pas Mme Bettencourt.

Pour François Hollande, à partir de 4 000 euros par mois, on est riche. Pour l’intransigeant Jean- Luc Mélenchon, gagner plus que le SMIC, c’est déjà une forme de richesse. Tous les deux entrent largement dans cette catégorie en bénéficiant, en plus, des multiples privilèges des élus payés par les contribuables.

Pour Pierre Méhaignerie, député UMP et président de la Commission des affaires sociales, un riche est celui qui gagne plus de 12 500 euros par mois tandis que pour Gilles Carrez, député UMP et rapporteur de la Commission des finances, on est riche à partir de 83 500 euros mensuels. Cela fait une différence. Ce qui est commun, c’est la volonté de tous, députés de gauche et de droite, de taxer ces riches.

Mais à quoi reconnaît-on un riche ? Avec un patrimoine de 250 000 euros on peut être riche dans la Creuse et modeste – voire assez pauvre – à Neuilly. La notion de richesse est d’abord relative. En 2011, on est tous plus riches qu’en 1950. Le niveau de vie des Français a doublé depuis les années 1970. On a aussi plus de patrimoine immobilier qui a pris beaucoup de valeur ces dernières années. On peut très bien avoir un grand patrimoine et ne pas être riche. L’exemple le plus connu est celui des propriétaires de l’île de Ré soumis à l’ISF mais ayant très peu de ressources (certains étant même dépendants des minima sociaux). D’après les statistiques (INSEE), 2,9 % de la population française auraient des revenus disponibles supérieurs à 4 500 euros par mois et environ 250 000 ménages (les « richissimes ») gagneraient autour de 9 000 euros, soit moins de 1 % de la population. Contrairement à ce qu’on peut croire, les riches ne sont pas si nombreux en France. Les accuser de tous les maux, c’est leur donner plus de pouvoir qu’ils n’en ont. Dans son ouvrage, Philippe Villemus dresse le portrait d’un riche d’aujourd’hui. Il aurait entre quarante et cinquante ans, il serait francilien, diplômé, indépendant ou cadre, avec un conjoint actif et des revenus du patrimoine. À remarquer que les 1 % les plus riches sont concentrés dans la tranche d’âge des quarante à cinquante-neuf ans. Il y a très peu de personnes seules parmi les riches. Ils habitent dans la région parisienne (32 %) et sont diplômés de l’enseignement supérieur (45 % des riches et 55 % des richissimes).

Le problème se complique encore plus lorsqu’on parle du patrimoine des Français qui a crû en moyenne de 10 % par an depuis 1995. D’après l’INSEE, le patrimoine des Français s’élevait à 9 275 milliards d’euros en 2009[2]. Ce patrimoine se compose à 69,2 % d’actifs non financiers (terrains et logements). Le reste, c’est le portefeuille financier : obligations, actions (environ 27 % du patrimoine) et autres (objets d’art et de collection…). Environ 60 % des Français ont une assurance vie, ce qui représente au total plus de 1 000 milliards d’euros, utilisés largement pour souscrire des obligations d’État et pourvoir ainsi abondamment de liquidités un État surendetté. Alors, a-t-on besoin de riches ?

Comme la valeur du patrimoine a beaucoup augmenté, certains se sont retrouvés riches du jour au lendemain. Entre le début des années 1990 et la fin des années 2000, le prix des terrains a pratiquement triplé et celui des logements a plus que doublé. Et la hausse continue. Aujourd’hui, 57 % des ménages français sont propriétaires, soit 15 millions de foyers. Entrent-ils dans la catégorie des riches ? Le patrimoine moyen des Français s’élève à 165 070 euros. Ceux qui en possèdent plus sont-ils des riches ?


[1] Philippe Villemus, universitaire, fait le point dans un ouvrage d’une clarté absolue même si l’on ne partage pas toutes ses conclusions : Qui est riche ?, Éditions Eyrolles, 2007.

[2] Le patrimoine économique national en 2009, INSEE, juillet 2010

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Extrait deA quoi servent les riches ?JC Lattès (21 mars 2012)

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