Retraite : le gouvernement et les syndicats sont condamnés à trouver un compromis<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et celui de la CGT, Philippe Martinez, à l'issue d'une réunion à l'Elysée.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et celui de la CGT, Philippe Martinez, à l'issue d'une réunion à l'Elysée.
©Bertrand GUAY / AFP

Atlantico Business

Les intérêts sont liés. Le gouvernement veut prouver qu’il pourra sauver le système de la retraite par répartition. Les syndicats également parce que le modèle social fondé sur le paritarisme constitue une part importante de leur fonds de commerce.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Non seulement le gouvernement et les syndicats sont condamnés à trouver un compromis pour sortir du blocage actuel... Mais ils finiront par le trouver.

Personne nose le dire parce que dans la conjoncture actuelle, ce serait tabou mais les syndicats, comme le gouvernement, ont un intérêt puissant à ce quune réforme puisse sauver le régime par répartition. Pour linstant, ils évaluent les rapports de force mais quoi quon dise, ils sont dans la même galère. Ils veulent les uns comme les autres sauver le régime par répartition par cette réforme ou par une autre, ils doivent sauver le régime paritaire de lassurance vieillesse. 

Parce que si ça casse, ce ne sera pas une catastrophe pour les assurés sociaux. Si ça casse  ça signifie que le régime dassurance retraite va dépérir. Ce régime fonctionne selon des principes assuranciels ,sur la base de la répartition. Les actifs paient la pension des inactifs. La contrainte de la démographie  réduit de facto le montant des ressources. Si la réforme ne passe pas, les assurés sociaux trouveront dans le privé des moyens et les outils capables de leur apporter des garanties de retraite complémentaire. Les idées et les projets ne manquent pas sur le marché, mais pour le gouvernement comme pour les syndicats, la perte du système par répartition serait une catastrophe.

Le gouvernement  a absolument besoin de sauver les régimes par répartition, cest-à-dire de trouver un remède pour équilibrer les finances. Pour des raisons politiques puisque Emmanuel Macron sy est engagé. Mais aussi pour des raisons de crédibilité vis -à-vis des milieux financiers internationaux. La France est endettée, elle a besoin demprunter presque 50 milliards deuros par mois. Jusqualors, elle les a toujours trouvés sans difficulté, dabord parce que largent n’était pas cher, ensuite parce la France jouit dun garantie de l’Union européenne, enfin parce que jusqualors le Trésor pouvait expliquer à nos créanciers que nous avons traversé une période exceptionnelle. Aujourdhui, cette conjoncture a changé. Les taux dintérêt ont monté, et nos banquiers veulent les preuves de bonne gestion structurelle... Si Emmanuel Macron veut protéger son crédit international, il a absolument besoin de prouver sa capacité à gérer et surtout sa volonté à redresser la situation. La retraite coute plus de 30 milliards deuros chaque année à l’État, cest-à-dire au contribuable. Cest donc un dossier très emblématique du problème français.

À Lire Aussi

Retraite : Les points sur lesquels le gouvernement et les syndicats peuvent (ou vont) se mettre d’accord pour éviter le blocage

Mais les syndicats, de leur côté, ont eux aussi absolument besoin de prouver quils savent cogérer le modèle social, parce que ce modèle dassurance sociale est leur raison d’être et leur fonds de commerce. Le syndicalisme français a cette particularité de vivre grâce à ses adhérents certes, mais surtout grâce à la gestion des caisses dassurance vieillesse, assurance chômage et assurance maladie. Ces organisations sont les plus gros employeurs des permanents dappareils syndicaux.

Si le modèle social français fondé sur lassurance et la répartition seffondre, les Français se tourneront évidemment vers les formules offertes par le privé. Depuis dix ans, les syndicats sont en perte de vitesse. Ils ont même été mis à l’écart du dialogue socio-politique. Le mouvement des gilets jaunes les a complètement écartés du jeu social, en plus, la Covid ne leur a pas permis dapporter des solutions aux défaillances hospitalières alors que l’assurance maladie est aussi sous leur responsabilité. Cette affaire de retraite pourrait leur redonner de loxygène, cest-à-dire de limportance et de linfluence.

La décision dorganiser des manifestations unitaires a été une bonne décision, puisque leurs manifestations ont été des succès. Maintenant, il leur faut prouver quils sont capables de prendre leur responsabilité de gestionnaire du modèle sociale. Alors comment, pourquoi faire et avec qui ? A priori, on na pas du coté syndical, de propositions alternatives mais ce qui est certain, cest que les syndicats ne peuvent pas rester sans réponse, sinon ils feront le jeu des extrémistes et des radicaux et laisseront le terrain libre à des manifestations type gilets jaunes  quils ont très mal vécu.

À Lire Aussi

L’opposition à la réforme des retraites pourrait tuer les régimes par répartition et précipiter leur privatisation

Le seul syndicat dont on sait quil a un plan de réforme du système de retraite sous le coude, cest la CFDT. Laurent Berger, qui reste opposé à toute mesure d’âge et notamment des 64 ans, est prêt à soutenir des mesures de rééquilibrage qui passeraient par le nombre de trimestres de cotisation et par ladoption dune retraite par points. Il a dailleurs précisé très récemment quil sera respectueux des décisions politiques. En clair, si le texte de réforme est finalement voté, il faudra laccepter, quitte à revenir plus en profondeur sur le fonctionnement du système, mais après.

La grosse difficulté, cest que les syndicats ont adopté une position unifiée contre les 64 ans.. Mais qu'au-delà, ils sont partagés entre ceux qui fonctionnent avec une logique de  compromis, la Cfdt , Cftc , Fo.   Et ceux qui, par idéologie, sont plutôt dans une logique de conflit avec le pouvoir politique.

Pour le gouvernement, toute solution de sortie va être très compliquée, mais pour les syndicats, la solution le sera tout autant. Mais une fois de plus, les uns comme les autres ont un intérêt absolu de sortir de cette galère. Leur survie en dépend.

À Lire Aussi

Retraites : le grand bal des sourdingues français

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !