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Retraite : comment l’expatriation peut doper votre train de vie
©Reuters

Bonnes feuilles

Baisse des retraites, désindexation des rentes de l’évolution du coût de la vie, fiscalité confiscatoire : trois raisons qui doivent vous amener à réagir ! Pourquoi ne pas vous délocaliser tout simplement ? Extrait de "Retraite : Partir vivre à l'étranger", de Denis Sarget et Fabrice Coletto-Labatte, chez Ixelles éditions (2/2).

L’amélioration de votre train de vie va résulter de trois principaux facteurs qui peuvent se conjuguer : un moindre coût de la vie, une meilleure dynamique de vos placements et une réduction substantielle de vos impôts.

La vie est chère en France. Vie quotidienne, services publics onéreux, immobilier hors de prix dans les grandes villes, en particulier à Paris, carburants, électricité… Alors que l’étranger vous offre souvent des conditions de vie à des prix bien moins élevés. Avec un revenu considéré comme moyen en France, vous pouvez même devenir un nabab dans certaines contrées. Si votre patrimoine n’est pas très important mais que les revenus de votre retraite le sont, c’est sur ce plan du coût de la vie quotidienne que vous avez intérêt à bien sélectionner votre destination.

En règle générale, en Europe, le coût du panier de la ménagère est plus élevé dans le nord du continent qu’au sud. N’espérez donc pas faire des économies de vie quotidienne en Belgique, au Luxembourg, en Suisse ou en Grande-Bretagne. En revanche, vous pouvez escompter une amélioration de votre pouvoir d’achat dans le sud du Vieux Continent. Celle-ci se révélera modeste en Italie, mais plus substantielle dans des pays comme le Portugal ou la Croatie.

Parler de l’inflation est un sujet délicat. Cette donnée économique est statistique et personne ne se reconnaît dans l’inflation. La hausse des prix que subit un étudiant n’est pas la même que celle qu’expérimente un père de famille ou un retraité, puisque personne ne consomme la même chose et que le budget est équilibré différemment.

C’est, bien sûr, dans les destinations les plus lointaines que vous avez le plus de chances de profiter de prix beaucoup moins élevés. La main-d’oeuvre ne coûte souvent pas très cher et les prix de l’alimentation se situent à des niveaux beaucoup plus bas que dans nos pays développés.

Les différences peuvent être spectaculaires. La Thaïlande est, pour le panier de la ménagère, trois à quatre fois meilleur marché que la France, et le Mexique pratique des prix un tiers moins élevés.

Si vous voulez profiter à plein de ce différentiel de coût de la vie, mieux vaut consommer local. Sachez renoncer à votre camembert préféré ; les produits importés sont lourdement taxés et arrivent souvent après un long périple qui affecte leur fraîcheur. Les produits locaux sont en revanche généralement bon marché ; les pays taxent plus lourdement ce qu’ils ne produisent pas ; la Belgique taxe ainsi le vin (avec des droits d’accise spécifiques), mais faiblement la bière, alors que la France fait l’inverse.

Le vin est ainsi bon marché au Portugal ou en Italie, pays de vignobles, mais cher au Costa Rica ou en Thaïlande, qui n’en produisent pas.

L’essence, en Europe, est en règle générale à des prix voisins de ceux pratiqués en France (seul le Luxembourg est sensiblement moins cher) et beaucoup moins chère dans les territoires plus lointains (hormis la Polynésie française).

Mais toutes les contrées lointaines ne se conjuguent pas obligatoirement avec prix modiques. Les possessions françaises d’outre-mer, dans le Pacifique, en offrent un bon exemple. Le coût de la main-d’oeuvre y est onéreux, en raison d’une législation sociale inspirée des règles françaises et les prix des biens importés sont élevés du fait de l’isolement de ces îles. Au total, Nouvelle-Calédonie et Polynésie française apparaissent comme des destinations particulièrement chères.

Mais, dans l’ensemble, mieux vaut partir loin si vous désirez faire des économies dans votre vie de tous les jours. D’une façon générale, le salaire minimum est une bonne indication de la « cherté de la vie » d’un pays. C’est pourquoi nous avons systématiquement mentionné cette donnée dans nos fiches pays.

Nos destinations les mieux placées sur ce point :

Mais il n’y a pas que l’alimentation et les dépenses de la vie quotidienne, et vous devez prendre en compte les prix de l’immobilier.

À l’étranger, les prix de l’immobilier sont en règle générale beaucoup plus avantageux qu’en France mais, surprise, parfois également dans certains pays européens du nord. Ainsi, l’immobilier en Belgique est beaucoup plus abordable qu’en France, et vous paierez votre appartement en moyenne trois fois moins cher à Bruxelles qu’à Paris.

L’ensemble des économies sur votre vie de tous les jours vont se révéler substantielles si vous avez ciblé un pays dont le niveau de vie global n’est pas très élevé et donc normalement avec des prix doux. Mais si vous avez un capital un tant soit peu consistant, ou des revenus importants, vous pouvez également, en vous exilant, doper le niveau de vos ressources réelles.

Vos placements pourront vous rapporter plus

Vous allez économiser sur votre vie de tous les jours ; mais vous pouvez dynamiser aussi vos placements, si vous partez avec un petit pécule ; tout va dépendre de l’endroit où vous allez émigrer.

En matière mobilière – ce qui touche à votre portefeuille d’actions ou d’obligations –, si vous vous établissez en Europe et surtout dans la zone euro, l’avantage est limité ; les taux d’intérêt sont largement unifiés et vous pouvez toujours intervenir sur les Bourses locales à partir de votre compte français (avec certes des frais souvent plus élevés).

En revanche, les pays plus lointains peuvent offrir des rémunérations autrement plus alléchantes ; prenons l’exemple de la Thaïlande, dont le taux d’inflation en 2013 était de 1,67 %, soit il est vrai un peu plus de deux fois la hausse française des prix sur la même période. Le taux moyen de rendement d’une obligation est de 7 %, et un livret d’épargne vous rapporte 4,25 % si vous bloquez l’argent pendant trois mois. Autrement dit, même avec la fiscalité locale, votre argent vous rapporte et vous enregistrez un gain nettement supérieur à l’inflation, contrairement à la France.

De plus la Bourse de Bangkok a augmenté de plus de 200 % en cinq ans, et ce en dépit du coup de mou intervenu depuis la recrudescence de l’agitation politique en décembre 2013.

En matière immobilière, en revanche, il y a de bonnes affaires à faire un peu partout ; la France reste chère du point de vue foncier, comme nous l’avons rappelé plus haut. En achetant votre logement à l’étranger ou en investissant dans l’immobilier locatif, vous pouvez réaliser d’excellentes opérations. À Bangkok, l’immobilier résidentiel a doublé sur les cinq dernières années ; à Bali, un logement en location saisonnière peut encore vous rapporter plus de 15 % par an, en dépit d’une offre foncière galopante.

Mais nul besoin d’aller aussi loin pour trouver des affaires intéressantes ; en Belgique, l’immobilier reste bon marché par rapport à la France et les loyers que vous toucherez, en cas de location à un particulier, ne seront quasiment pas imposés (car taxés sur une base forfaitaire dérisoire).

Des économies d’impôts

Toutefois, si le fruit des investissements que vous réaliserez à l’étranger reste encore à l’état virtuel, les économies d’impôts seront, elles, bien réelles.

Ne vous fiez donc pas aux sirènes du gouvernement qui annonce la rigueur comme provisoire et promet même des baisses d’impôts dans quelques années ! Les Français ne croient d’ailleurs pas à ce genre de promesse (84 % d’entre eux suivant les sondages publiés en janvier 2014). Ils ont raison. La croissance est en berne pour longtemps et vous perdez votre temps si vous espérez un retour à une fiscalité plus douce ; les perspectives, à court terme, vont plutôt dans le sens d’une aggravation sensible.

Mais les agences de notation et la Commission européenne en prendraient ombrage, du moins pour le moment.

D’autres pays européens, confrontés pourtant aux mêmes problèmes – coût du travail élevé et vieillissement de la population –, ont su, incomparablement mieux que nous, tirer leur épingle du jeu. La Suisse et le Luxembourg conjuguent ainsi des finances publiques saines avec un niveau d’endettement public peu élevé. Une aggravation globale de la fiscalité, dans ces pays bien gérés, apparaît improbable.

Il en va de même dans les pays émergents de notre sélection (Mexique, Costa Rica, Thaïlande, Maroc, Maurice, Bali), qui, en dépit des à-coups, parviennent à conserver globalement un bon taux de croissance susceptible de remplir les caisses de l’État.

La France, elle, réussit l’exploit de cumuler des prélèvements élevés dans tous les domaines.

• L’impôt sur le revenu, encore raisonnable sous l’ère Sarkozy, est maintenant décourageant pour les hautes rémunérations.

• Les prélèvements sur le capital atteignent des sommets : notre fiscalité aligne à la fois l’impôt sur la fortune, rarement répandu dans le monde, et des droits de succession et de mutation élevés.

• Non seulement le capital est taxé, que ce soit lors de sa détention ou de sa mutation, mais les plus-values sont lourdement imposées.

La fiscalité française aligne donc des prélèvements et des taux dissuasifs, pour les particuliers, quasiment dans tous les domaines taxables.

Il n’en va pas de même dans les pays étrangers.

Bien sûr, chaque État doit assurer ses frais, payer ses fonctionnaires, assumer ses missions régaliennes, économiques et sociales, ce qui signifie prélever l’impôt. Mais tous n’ont pas, en la matière, une panoplie aussi complète et aussi dissuasive qu’en France. Il y a des pays dont la fiscalité directe, pour les particuliers, est très faible.

Au Costa Rica, pas d’impôt sur le capital, de droits de succession, de taxes sur les plus-values ; il y a bien un impôt sur le revenu, mais uniquement sur ce que vous gagnez dans le pays ; autrement dit, vous ne payez effectivement des impôts que si vous avez une entreprise locale.

Les paradis fiscaux ne sont pas toujours là où on pourrait l’imaginer. Surprise : même la France en abrite. La Polynésie française ne connaît ainsi ni impôt sur la fortune, ni droits de succession, ni taxes de plus-values ; et deux impositions ponctuelles sur le revenu, dont les taux, encore faibles il y a un an, ont été relevés, restent encore bien douces pour les contribuables de l’Hexagone. D’autres pays se contentent, comme toute imposition directe sur les particuliers, d’un taux très faible d’impôt sur le revenu à taux linéaire ; c’est le cas à Maurice (15 %).

Mais certaines contrées vont encore plus loin. Des pays, en effet, ont édicté une fiscalité sur mesure pour attirer les seniors ; au Portugal, depuis le 1er janvier 2013, vous êtes exonéré (sauf si vous êtes ancien fonctionnaire français ou assimilé) de toute imposition pendant dix ans sur votre pension de retraite si vous êtes un nouvel arrivant.

Au Maroc, vous n’êtes pas exonéré totalement, mais l’imposition sera réduite à la portion congrue ; vous bénéficierez tout d’abord, comme tous les retraités marocains, d’un abattement de 40 % sur votre pension, et sur le solde d’une réduction de votre imposition de 80 % si vous transférez l’argent dans le pays.

Dans les pays à fiscalité plus lourde, la fiscalité ne conjugue pas des impositions élevées à la fois sur le capital, les plus-values et le revenu.

Ainsi en Belgique, l’impôt sur le revenu est lourd, mais il n’y a pas d’impôt sur la fortune ni sur les plusvalues en matière mobilière ; les droits de succession sont théoriquement élevés, mais peuvent être facilement éludés si des donations sont effectuées un tant soit peu à l’avance.

Au Luxembourg, l’impôt sur le revenu reste raisonnable, les plus-values faiblement taxées, et il n’y a pas d’impôt sur la fortune ni de droits de succession.

En Thaïlande, en revanche, le revenu et les plus-values sont taxés, mais pas le capital, ni les successions.

Dans les pays de notre sélection, les successions ne sont généralement pas imposées ou, si elles le sont, il est tout à fait possible de les éviter par des donations consenties à l’avance.

Seul un pays de notre sélection a, à l’instar de la France, un impôt sur le capital : la Suisse ; et pourtant cette contrée a la réputation d’un havre fiscal.

Les pays sélectionnés n’ont pas tous, bien évidemment, une fiscalité directe nulle, mais aucun n’aligne le dispositif triplement dissuasif de la législation française.

Vous pourrez donc faire un tri, selon les destinations proposées et leurs impôts respectifs, en tenant compte de vos revenus, de l’importance et de la structure de votre patrimoine.

Les économies que vous êtes susceptible de réaliser seront bien sûr d’autant plus importantes que vous disposez d’un capital solide ou de revenus élevés. N’oubliez pas toutefois que le domaine fiscal est par essence mouvant. La France, bien sûr, détient des records d’instabilité en la matière. Mais dans les autres pays, le changement est aussi la règle.

Les lois fiscales évoluent avec le temps ; quand vous vous installez dans un pays étranger, dites-vous bien que les règles concernant les impôts ne sont pas fixées pour toujours. Vous devrez donc intégrer – autant que faire se peut – des possibilités d’évolution dans vos calculs.

Même les pays les plus conservateurs sont touchés par le vent du changement ; le débat sur le forfait fiscal, réservé aux riches étrangers, agite la Suisse ; et un nombre croissant de cantons votent l’abrogation de ce système jugé trop favorable.

En Belgique même, terre d’accueil de beaucoup d’exilés français, beaucoup de riches, effrayés par les mesures bien modestes du gouvernement Di Rupo, songeraient malgré tout, selon les médias, à goûter aux charmes des montagnes helvétiques.

Une petite anecdote pour vous montrer la profondeur des changements intervenus. Cette situation aurait fort étonné, dans le temps, un couple d’industriels belges, amis de ma famille. Dans les années 1970, ils arrivèrent à Paris pour fuir les rigueurs d’un impôt sur le revenu fort lourd à l’époque (il l’est encore de nos jours). Eh oui, vous ne rêvez pas, il y a eu une époque où la France pouvait être considérée comme un pays à fiscalité douce par certains de nos voisins européens.

Mais voilà, sous Giscard et plus encore sous Mitterrand, toute une cascade d’impôts nouveaux sont apparus : taxes sur les plus-values, alourdissement des droits de succession, et, pour couronner le tout, impôt sur la fortune. C’était la mesure de trop. Nos amis belges s’installèrent finalement dans un petit trois-pièces étriqué, acheté pour les sports d’hiver dans le Valais suisse, où ils finiront leurs jours, laissant à la vigilance de leur concierge leur somptueux appartement parisien du 16e, et à la surveillance de leur gardien leur coquet petit château des environs de Paris.

La fiscalité est mouvante. Les pays les moins fiscalisés augmenteront peut-être leur pression. Mais une chose est cependant sûre, elle aura du mal à égaler celle de la France. Ensuite, sauf dans les réserves à milliardaires, vous ne pourrez pas trouver à la fois rues et monuments léchés, squares fleuris, sécurité absolue et pas d’impôt. C’est évident, mais il faut en être conscient.

Recalculez maintenant vos ressource

Vous avez sélectionné un pays dont le coût de la vie est compatible avec vos finances. Vous avez intégré à vos revenus les économies d’impôt que vous alliez réaliser par rapport à votre situation en France.

Normalement, non-résident, vous n’avez plus à régler la CSG et la CRDS sur vos pensions de retraite ; mais une cotisation de 3,2 % sera retenue à la source sur votre pension de base et 4,2 % sur la retraite complémentaire si vous prenez votre retraite dans l’Union européenne, en Suisse, et dans les pays de l’EEE. Hors de l’Union européenne, vous devrez cotiser pour une assurance-maladie (nous en reparlerons).

Maintenant, faites la balance. Vos ressources – pensions et capital (si vous en disposez) – vous permettrontelles de vivre agréablement sur le long terme ? Si la réponse est négative ou incertaine, il vous faudra songer à créer une petite entreprise là où vous comptez vivre pour compléter vos revenus. Tous les pays ne se prêtent pas pour autant à ce genre d’opération.

Extrait de "Retraite : Partir vivre à l'étranger", de Denis Sarget et Fabrice Coletto-Labatte, chez Ixelles éditions, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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