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Réformer les sondages, l'urgence
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Transparence

Le sénateur (PS) Jean-Pierre Sueur et son collègue UMP Hugues Portelli ont déposé en septembre dernier un proposition de loi sur les sondages, régis actuellement par un texte de... 1977. Une proposition qui revient au cœur de l’actualité avec la polémique sur les derniers sondages d’Harris Interactive, donnant Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle 2012.

Jean-Pierre Sueur

Jean-Pierre Sueur

Jean-Pierre Sueur, ancien ministre, est sénateur (PS) du Loiret.

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Nous voulons, avec mon collègue Hugues Portelli (UMP), qu’il y ait plus de rigueur, de transparence et de clarté dans le financement, l’élaboration et la diffusion des sondages. La loi de 1977 qui les régit actuellement est totalement inadaptée et dépassée aujourd’hui. Il est nécessaire, pour nous, de définir ce qu’est un sondage ce que ne fait pas la loi de 1977. Cela permettra déjà de lutter contre les faux sondages qui induisent en erreur l'opinion, Un sondage ne peut s’appeler sondage que s’il y a un échantillon représentatif de la population, et une méthode scientifique de collecte de l'opinion.

Ensuite, nous demandons  avec Hugues Portelli que l’on indique toujours qui est le financeur du sondage, dans un souci de transparence. Enfin, les marges d’erreur doivent toujours être indiquées comme cela se fait dans certains pays, mais pas en France.

Le sondage qui donne Marine Le Pen vainqueur est un révélateur

Tout un débat a eu lieu ce week end et mardi sur le sondage Harris Interactive, qui donne un écart de deuxpoints entre trois candidats éventuels. Or, la marge d’erreur est supérieure à cet écart. C’est à dire qu'il y a plus ou moins 2,5 points de marge d’erreur entre tous les candidats testés par les sondeurs, dans ce sondage comme dans les autres. Les écarts se superposent, et l’on ne peut pas en déduire qu’il y en a un forcément devant l’autre.

Prenez un autre exemple, celui de 2002. Un sondage donnait Jospin à 17, et Le Pen à 16. Les gens en ont conclu que Jospin serait au second tour. On aurait dit alors qu’il y avait 2 ou 3 points de marge d’erreur, les comportements des électeurs auraient sans doute été différents. Il ne faut pas céder à la magie du chifffre absolu il faut le relativiser.

Par ailleurs, les redressements doivent être indiqués et expliqués à la commission des sondages comme c’est déjà le cas,  mais nous demandons aussi que la commission des sondages puisse mettre sur son site Internet les chiffres bruts. Je ne vois pas pourquoi ils ne seraient pas rendus publics. Savoir en fonction de quel critère ont eu lieu les redressements est un gage de transparence.

Dans les sondages qui occupent l’actualité, moi je ne connais pas le score obtenu par Marine le Pen avant correction, et je m’interroge beaucoup sur les critères de redressement. Certes, la commsision des sondages n’a rien trouvé à redire, mais par ce qu’elle fonctionne selon la loi de 1977. Si notre proposition de loi est approuvée demain, elle devra donner les sondages bruts, avant correction, et l'on pourra en discuter beaucoup plus sereinement.  Pour Jean-Marie Le Pen, je vois très bien comment on peut redresser les résultats, d’élection en élection, car on a l’expérience de ce candidat. Mais pour Marine Le Pen, on a aucune expérience d'elle, pour une élection nationale. On ne sait pas si le taux de déclaration du vote est le même, inferieur ou supérieur à ce qu’il était pour son père.

La transparence des sondages, pour la démocratie et pas pour un parti

Le résultat, c’est que faute de transparence, de très nombreux élus, à l’UMP comme au PS, crient à la manipulation. La différence entre l’UMP et le PS, c’est que le groupe PS est prêt à la reprendre telle qu’elle à l’assemblée, alors que l’UMP ne le souhaite pas, bien qu’elle ait été votée à l’unanimité au Sénat. Au Sénat, nous avons travaillé pendant un an sur ce dossier, Hugues Portelli et moi-même. Tous les deux, nous ne travaillons pas dans l'intérêt d'un parti, mais pour la démocratie, et le Sénat tout entier pense qu’il faut réformer la loi de 1977. A l’assemblée tout reste à faire, même si le groupe PS a décidé de l’inscrire à son ordre du jour, et le Nouveau Centre est aussi motivé pour la voter. Reste à convaincre le groupe UMP, ou le gouvernement...

Il est indispensable que cette loi entre en vigueur avant les présidentielles. Aujourd’hui, nous avons trois sondages par jour, vingt par semaine, et il reste quatorze mois, je ne vois pas l’interet de voir quatorze mois pollués par d’incessants débats sur des sondages.  Je trouve qu’il est beaucoup plus intéressant de parler de l’avenir de la France. Ceux qui voudraient mettre le couvercle sur cette proposition de loi pour l’enterrer seraient les principaux responsables du soupçon qui pèserait sur eux : pourquoi empêcher de débattre à l’assemblee d’un texte approuvé à l’unanimité par le Sénat ?

propos recueillis par Jean-Baptiste Giraud

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