Réforme des retraites : la droite face au piège de Macron<!-- --> | Atlantico.fr
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Elisabeth Borne, la Première ministre, va présenter la réforme des retraites ce mardi lors d'une conférence de presse.
Elisabeth Borne, la Première ministre, va présenter la réforme des retraites ce mardi lors d'une conférence de presse.
©GONZALO FUENTES / POOL / AFP

Rôle de l'opposition

En opérant des revirements sur le dossier de la réforme des retraites, Emmanuel Macron place Les Républicains face à un dilemme cornélien.

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Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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Depuis les dernières élections législatives le monarque de l’Elysée a vu son champ d’action se réduire. Il peut certes s’égayer dans les vestiaires des footballeurs et les raouts internationaux mais ne peut faire adopter aucune des mesures toxiques auxquelles il a pris goût notamment depuis le confinement. Quelle frustration ! L’opposition est aux aguets et risque de profiter d’une détérioration accélérée du climat social pour mordre. 

Le choix est difficile. Doit-il se contenter d’un rôle de chef d’Etat d’apparat et jouir des symboles du pouvoir pendant les quatre années qui lui restent en laissant ses sbires expédier les affaires courantes ? Hélas pour lui, rien ne garantit que ses adversaires ne viennent pas le chercher dans son réduit élyséen. 

Va-t-il au contraire tenter de reprendre la main pour ne pas passer son deuxième mandat par pertes et profits ? Le temps presse car, de toute manière, les deux dernières années de son mandat seront obérées par la perspective d’une nouvelle présidentielle. Il lui reste au mieux deux années de présidence effective. 

C’est au prisme de cette hésitation qu’il faut décrypter sa tentative de réforme du régime des retraites. 

En vérité, un passage en force est tentant. 

Soit il obtient une majorité d’appoint au parlement grâce aux élus du parti « Les Républicains » et peut espérer ensuite retrouver un peu de marge de manoeuvre politique quitte à, quand les mêmes élus Républicains reprendront sur tous les autres sujets une attitude hostile, tenter de réunifier l’électorat de droite et du centre derrière lui par une dissolution. 

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Soit il n’en trouve pas ou bien se heurte à une mobilisation intense de la rue et une dissolution rapide pourrait conduire au même résultat : rameuter un électorat de droite et du centre effrayé par la chienlit. Les électeurs âgés le soutiendront doublement car il sont favorables à une réforme qui consiste à faire travailler davantage les plus jeunes pour leur garantir le maintien de leur pouvoir d’achat. On observera avec amusement qu’il ne vient à l’idée de personne et certainement pas de Macron de préconiser une baisse même très modérée des retraites les plus importantes pour rétablir les comptes. En fait de réforme paramétrique c’est pourtant une des solutions les plus évidentes. Mais l’électorat « gris » est devenu essentiel. 

Macron se souvient parfaitement que le mouvement des Gilets Jaunes avait conduit à un résultat plutôt satisfaisant des élections européennes de mai 2019 pour son parti, en laminant droite et gauche modérées à son bénéfice. Son mouvement Renaissance obtint une deuxième position inespérée quelques mois plus tôt, juste après le Rassemblement national, les sondages lui étant de plus en plus favorables après chaque samedi de contestation dans la rue. 

Pour déjouer ce piège, il est essentiel que tous ses opposants convergent vers un refus de la réforme en sortant de la seule logique du débat sur les retraites et en mettant en avant celle de la dégradation du pouvoir d’achat. Après tout, le report de l’âge de départ ou l’augmentation du nombre d’années cotisées auront pour beaucoup de gens une traduction concrète principale : une baisse du niveau de vie pour ceux qui se résoudront à partir avec des pensions amputées. La question des retraites ou celle du prix de l’énergie et des autres produits de consommation courante participent de la même logique d’appauvrissement. C’est cet aspect qui doit être mis en avant et il serait bon que les députés des Républicains s’en saisissent pour ne pas tomber dans la chausse-trape macroniste. 

De même, il faudrait éviter la fragmentation des oppositions sur des sujets divers : prix du pain, de l’essence, état de la justice, de l’éducation nationale ou de l’hôpital, etc. Là aussi, toutes ces misères ne font qu’exprimer la paupérisation croissante des Français. 

En théorie, la convergence des contestations que traduisait le mouvement des Gilets Jaunes est la meilleure parade aux manoeuvres macroniennes. Mais, pour éviter qu’elle ne sombre comme la fois précédente et ne finisse par renforcer Macron, il faudra que la droite comme la gauche pragmatiques (ce qui ne signifie pas modérées) agissent de concert. C’est très loin d’être gagné.

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