Recrutement : quand les entreprises bombardent d’attention les candidats à un poste (jusqu’à aller trop loin)<!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme participe à une session de formation pour un entretien d'embauche lors de la "Semaine de l'emploi" en région Rhône-Alpes.
Un homme participe à une session de formation pour un entretien d'embauche lors de la "Semaine de l'emploi" en région Rhône-Alpes.
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Love bombing

Certaines sociétés peuvent recourir au « love bombing » (des compliments et des promesses) afin de convaincre les potentiels candidats d'intégrer l'entreprise.

Caroline Diard

Caroline Diard

Caroline Diard est professeur associé au département Droit des Affaires et Ressources Humaines à la Toulouse Business School.

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Atlantico : Flatteries, compliments et promesses d'embauches potentielles … Certaines entreprises peuvent pratiquer le « love bombing ». Mais derrière ces belles paroles, qui peuvent sembler alléchantes, comment réagir face à ces pratiques ?

Caroline Diard : Le marché de l'emploi fonctionne sur le principe économique de l'offre et de la demande.

Actuellement il y a beaucoup d'offres d'emploi non pourvues. Il est donc très difficile d'attirer les talents. Les recruteurs se sont donc approprié les méthodes des marketeurs. Les services RH développent la marque employeur et s'emploient activement à satisfaire leurs collaborateurs qui sont perçus comme des clients. On parle d'ailleurs d'"expérience collaborateur". Pour retenir les candidats, les techniques utilisées sont donc semblables aux techniques marketing mobilisées par les publicitaires. Il faut séduire et valoriser la marque, le produit (ici l'entreprise qui recrute et le poste à pourvoir). 

Le poste est mis en valeur dès la rédaction de l'annonce. On remarque ainsi dès l'annonce, des promesses fort alléchantes. On notera cependant qu'en France, le code du travail interdit d'induire le candidat en erreur.  (article L. 5331-3 du Code du travail) Il est interdit de publier ou de faire publier une offre d’emploi comportant des allégations fausses ou susceptibles d'induire en erreur et portant en particulier sur un ou plusieurs éléments suivants : 

  • L'existence, le caractère effectivement disponible, l'origine, la nature et la description de l'emploi ou du travail à domicile offert ; 
  • La rémunération et les avantages en nature proposés ; 
  • Le lieu du travail. 

Lors de l'entretien, le recruteur peut cependant  s'avérer être un excellent "vendeur" et idéaliser le poste proposé en le présentant sous son meilleur jour.

Quelles sont les promesses les plus non-tenues par les entreprises ? Existe-t-il un moyen de s’en prémunir et comment repérer de telles pratiques ? 

Les promesses non tenues sont celles qui sont verbales. Tout ce qui a été formalisé par écrit est plus simple à faire appliquer car il est opposable à l'entreprise car il lui est opposable en cas de conflit ou de contentieux. La plupart du temps les déconvenues concernent les possiblités d'évolution; les éléments variables de rémunération qui n'ont pas été suffisamment précis; les avantages; la mobilité, la flexibilité des horaires...

Pour s'en prémunir, on peut conseiller aux candidats de ne pas donner leur accord pour un poste sans avoir un contrat de travail entre les mains. Une simple promesse d'embauche peut s'avérer être un véritable traquenard car elle ne comporte pas tous les éléments liés au poste. Le candidat aura tout intérêt à demander aussi à lire les documents qui sont mentionnés dans le contrat (Plan d'épargne salariale, dispositions relatives à la complémentaire santé et la prévoyance, le réglement intérieur...)

Par ailleurs, le candidat qui se rendrait compte durant sa période d'essai que les promesses ne sont pas tenues peut rompre l'essai sous un délai de prévenance de 48h!

Surtout, quelles peuvent être les conséquences de ces pratiques pour les employés ?

Les conséquences sont assez graves. Les nouveaux recrutés peuvent rompre leur période d'essai et pour les autres, la démotivation peut avoir plusieurs effets : baisse de performance, moins d'implication, absentéisme et démissions.

De plus, cela nuit au climat social et peut engendrer des conflits interpersonnels. Les collaborateurs restant peuvent être destabilisés.

La pratique est-elle vraiment répandue en France ? Comment distinguer une entreprise qui pratique « love bombing » et une autre qui est réellement intéressée par nos qualités et notre parcours professionnel ?

La pratique n'est pas nouvelle. Difficile de dire dans quelles proportions. En revanche, il faut garder en tête que les recruteurs ont des objectifs qui peuvent être comparés à des objectifs commerciaux. L'opération séduction des candidats est une question de survie pour leur activité et la tentation est grande d'embellir le tableau, d'utiliser tous les subterfuges pour flatter le candidat et le décider à rejoindre l'entreprise.

C'est un peu comparable au commencement de toute relation : commerciale, amoureuse... Une fois la phase de lune de miel terminée, le candidat flatté pourrait être déçu d'avoir été berné.

Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute (J. de La Fontaine)

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