Radioscopie des 577 circonscriptions après désistements : et la projection en sièges la plus probable donne… une petite surprise<!-- --> | Atlantico.fr
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Une vue générale de l'Assemblée nationale à Paris
Une vue générale de l'Assemblée nationale à Paris
©CHRISTOPHE PETIT TESSON / EPA POOL / AFP

Projection

Les candidats qualifiés pour le second tour des législatives avaient jusqu'au mardi 2 juillet pour déposer leur candidature. Ils sont plus de 210 à avoir décidé de se désister pour faire barrage, au RN le plus souvent.

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy est politologue, spécialiste de l'opinion. Il s'exprime sous pseudonyme.

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Atlantico : Quelles sont les premières projections pour les différents courants et notamment pour la droite ? Combien pourrait-il y avoir de députés LR Ciottistes ou LR classiques ou issus du courant d’Aurélien Pradié et de David Lisnard ?

Xavier Dupuy : Les candidatures pour le second tour des législatives ont été officialisées ce mardi. Les députés Les Républicains sortants n'étaient pas vraiment concernés, dans la plupart des cas, par les désistements ou retraits du second tour. Très peu allaient être impactés par ces retraits. Le nombre de députés LR divers droite susceptibles d'être élus dimanche prochain tournera autour d’une fourchette qui se situera entre 45 à 55 députés. 

Concernant le le bloc de gauche et la majorité présidentielle, les désistements et les retraits de candidature vont avoir un impact sur le nombre de sièges qu’ils sont susceptibles d'obtenir. 

Par rapport aux prévisions que les chaînes de télévision pouvaient annoncer dimanche dernier au soir du premier tour, il pourrait y avoir des différences lors de la soirée électorale du 7 juillet. Probablement que dimanche prochain, ce ne seront pas du tout les mêmes chiffres qui vont s'afficher. Il pourrait y avoir une augmentation du nombre de sièges en faveur de la majorité présidentielle puisqu'elle était annoncée par les instituts de sondages entre 70 et 100 députés. Dimanche prochain, la majorité présidentielle devrait plutôt être entre 120 et 130 sièges à l’Assemblée . 

Concernant la gauche, elle pourrait être dimanche entre 170 et 190 élus via le Nouveau Front Populaire. Ces deux blocs-là vont progresser de 20 à 30 sièges par rapport à ce qui était annoncé. 

Le Rassemblement national pourrait se situer dans une fourchette qui irait de 190 à 210 députés. Les désistements et les retraits ont un impact sur le second tour mais il faut faire attention et être prudent. Certains chiffres qui avaient été annoncés pouvaient laisser entendre que le RN pouvait se situer entre 270 et 310 sièges à l’Assemblée. Or, objectivement, même avant les retraits de candidatures, ce chiffre était bien trop élevé. La réalité est beaucoup plus entre 230 et 250 députés. L'impact global de tous ces désistements et ces retraits joue sur une quarantaine de circonscriptions et de sièges en moins pour le RN. L’impact des désistements ne va pas faire passer le nombre de députés RN de 300 à 200. Même s’il y a un impact, en fonction des résultats de dimanche, certains ténors des partis politiques vont expliquer que grâce au retrait de certaines candidatures, cela a empêché le RN d'avoir la majorité absolue. Or, cette affirmation n'est que du pur discours politique qui ne repose en rien sur la réalité.

Les retraits et les désistements ont atténué et ont fait baisser le résultat du Rassemblement national en nombre de sièges. Mais ce n’est certainement pas le barrage républicain qui l'a empêché d'avoir la majorité absolue. Cela s’explique par le résultat obtenu au premier tour par le Rassemblement national et au regard de l'implantation territoriale des voix dans les différentes circonscriptions. De facto, dès le premier tour, le RN ne pouvait pas atteindre la majorité absolue.

Si les triangulaires avaient pu toutes se tenir, le RN aurait eu plus de sièges que ce qu’il va se passer dimanche soir. Mais le Rassemblement national ne devrait pas atteindre les 289 députés décisifs pour obtenir la majorité absolue et être en capacité de réformer le pays. 

Va-t-on vers une majorité possible et quelles pourraient être les perspectives sur la majorité éventuelle au regard des projections ?

Dans cette lutte pour le pouvoir, il y avait trois blocs qui se présentaient. Aucun de ces blocs n'aura la majorité. A côté de ces blocs, la droite traditionnelle va obtenir une cinquantaine de sièges. Si jamais le bloc de gauche est additionné à la majorité présidentielle, l'ensemble aura une majorité. Sauf que, dans le bloc de gauche, La France Insoumise risque de poser une difficulté si le bloc de la majorité présidentielle et le bloc de gauche s'associent, puisque l'addition des deux sera très probablement dimanche légèrement supérieure à 300 députés. A l’intérieur, il devrait y avoir 80 à 85 élus LFI. 

Cette coalition ne fonctionne pas. Si jamais le bloc RN voulait s'associer avec LR, il faudrait que Les Républicains acceptent cette alliance. Cela serait une surprise. L'addition des deux ne permet pas d’obtenir une majorité. Si la majorité présidentielle veut s'associer avec LR, cela ne fonctionnera pas également puisque l'addition des deux pourrait tourner autour de 180 députés. Mais cela n'ira pas au-delà. Une coalition pourrait être constituée entre LR, la majorité présidentielle et une partie de la gauche, sans LFI. Il va falloir aller chercher 110 parlementaires du côté gauche. Cela risque d'être compliqué. 

Ces blocs et ces groupes sont composés de députés qui, pour certains, ont des convictions. Certains n'accepteront pas toutes ces associations. Les grandes inconnues concernent les politiques et les actions qui seront éventuellement menées dans le cadre des coalitions. Dès lors que vous associez des personnes entre elles, si leurs convictions sont contraires, certaines refuseront à juste titre.

Les macronistes sont-ils susceptibles de survivre ? Quid du centre gauche ou du centre droit ? Qui a le mieux résisté et quelles sont les pistes pour l'avenir ?

Pour ce qui est de la droite au sens large, LR et divers droite, il y a une perte de sièges globale concernant une vingtaine de députés. En revanche, pour ce qui est de la macronie, elle aura divisé par deux le nombre de ses députés dimanche soir. Elle en avait 250. Le parti présidentiel risque de finir à 120, 125 ou 130 élus. Le nombre de députés de la majorité aura été divisé par deux. La majorité présidentielle paye le plus les conséquences de cette dissolution. Le problème est que cette majorité présidentielle est composite. Elle comprend trois formations politiques : Renaissance, le parti du président, le MoDem, celui de François Bayrou et Horizons, celui d’Edouard Philippe. Le rapport de force interne au sein de la majorité risque d’évoluer. Le groupe Horizons risque d’être particulièrement bas, entre 17 et 19 députés. Le MoDem devrait avoir 25 élus. Le groupe Renaissance, majorité présidentielle pourrait tourner autour de 85 à 90 députés.

Est-ce que les coalitions sont-elles possibles arithmétiquement au regard d'une perspective d'une majorité relative ?

Créer une majorité relative avec des forces politiques qui se sont combattues aux élections est compliqué. Dans le cadre du scrutin majoritaire, au premier tour on choisit, au deuxième tour on élimine. Certains députés élus vont devoir travailler ensemble alors que leurs partis se sont affrontés aux dernières élections. Cela n’est pas dans la mentalité de la Ve République et ce n'est pas dans la mentalité du fait du scrutin majoritaire à deux tours. Ce type de scrutin ne conditionne pas la classe politique à pouvoir le faire. 

Il y a également le problème des convictions qui empêchent de bâtir des coalitions au regard des visions politiques distinctes. Certains font référence au gouvernement provisoire qu’avait présidé le général de Gaulle à la sortie de la guerre. Ce gouvernement provisoire a mis en application le programme issu du Conseil National de la Résistance. Des mesures sociales avaient été mises en place à ce moment-là. Nous ne sommes plus dans la même époque. Sur quoi est-il possible de se mettre d’accord aujourd’hui ?

S’il y avait une coalition avec les Verts jusqu'à LR, quelles seraient les mesures prises en matière de politique migratoire, en matière de politique de sécurité, de politique économique, en matière de nucléaire. Si un accord est possible sur ces sujets-là, une coalition peut se mettre en place. 

Qui a le plus de chance de réussir à bâtir une coalition au regard des projections ? Est ce que cela sera entre le RN et LR ? Ou est ce que cela sera entre LR, une parie de la gauche et de la majorité ?

LR a adopté depuis le début un principe d'indépendance vis-à-vis des blocs. Cela lui a été reproché par certains. Eric Ciotti a donc fait le choix de partir avec le Rassemblement national. D'autres ont rejoint la majorité présidentielle. 

J’imagine mal le groupe LR, plus homogène aujourd'hui, avec la macronie ou avec le Rassemblement national. Cela semble compliqué de leur demander, maintenant qu'ils ont fait leur campagne, qu'ils se sont fait élire en étant libres et indépendants, pour aller maintenant rejoindre un bloc.

Au regard de la carte et des candidatures pour le second tour, peut-on prévoir si l'Assemblée nationale sera vraiment ingouvernable ? Quelles pourraient être les conclusions de ce second tour ?

Il est très probable qu’il y ait une Assemblée ingouvernable. LFI ou le RN ne devraient pas obtenir la majorité absolue. En revanche, LFI et le RN, additionnés, pourraient tangenter la majorité absolue. Ils représenteront peut-être entre 275 à 285 députés. Ils ne seront pas loin de la majorité absolue à eux deux. Il pourrait donc y avoir quelques forces d'appoint, quelques députés éventuellement avec une capacité de blocage total. 

Au regard des projections pour le second tour, Emmanuel Macron a-t-il perdu son pari de la dissolution ? Quid de l'avenir de la majorité présidentielle ?

La majorité présidentielle ne sera plus majoritaire. Il y aura une minorité présidentielle. Au grand maximum, l'ancienne majorité présidentielle d’Emmanuel Macron va représenter autour de 25 % de l'hémicycle maximum. Le président a perdu puisque le chef de l’Etat qui dissout, en général, a un objectif précis. Quand on dissout, ce n'est pas pour dissoudre sa majorité. Or là, Emmanuel Macron va avoir divisé sa majorité par deux donc. Le grand perdant de la dissolution et des élections législatives est le président de la République. 

Il y a un autre perdant dans ce scrutin, il s’agit du Parti communiste qui probablement ne pourra plus avoir de groupe clair. Ou alors s'il fait un groupe, contrairement à ce qui s'est passé jusqu'à présent, il serait composé avec des élus des Outre-Mer. Il risque de n’y avoir qu’entre cinq et huit députés communistes.

Les difficultés pour les députés communistes ont été illustrées avec la défaite de Fabien Roussel dès le premier tour. Est-ce que cela témoigne-t-il de l'influence de LFI au sein du Nouveau Front populaire? Ne risque-t-il pas d'y avoir des tensions au lendemain du second tour ?

Tout le monde a conscience, même les électeurs qui ont voté pour eux, que le Nouveau Front Populaire est uniquement un cartel électoral dont beaucoup de ses membres ne partagent pas un point de vue commun sur des sujets essentiels. Probablement qu'au lendemain de l'élection, la division de la NUPES va revenir pour. Il n’est pas possible de contraindre des personnes à se mettre ensemble.

Lorsque les convictions sont si différentes entre députés, il n'y a pas eu besoin de les contraindre à se mettre ensemble puisqu'elles se sont mises ensemble pour sauver des sièges et pour en gagner quelques-uns. 

Dans le cadre d’un scrutin majoritaire, en partant unis, il y a plus de chances de gagner qu'en partant désunis. Cette union de façade va automatiquement entraîner des divisions. Il n’est pas impossible qu'il y ait des divisions au sein des députés qui ont été élus sous l'étiquette LFI. François Ruffin s'il est réélu pourrait ne pas siéger dans le groupe LFI.

Y a-t-il des surprises ou des faits marquants au regard des projections pour ce second tour et par rapport aux précédents scrutins ?

Pour la première fois, le Rassemblement national pourrait avoir un ou deux députés élus en Outre-Mer. Cela serait une grand première. 

Pour la première fois également, le Rassemblement national va être le premier groupe de l'Assemblée nationale.

Après son choix de la dissolution, Emmanuel Macron fait face à une défaite cinglante. Jacques Chirac avait perdu les élections législatives en 1997 mais il avait conservé un nombre conséquent de députés à l'Assemblée. Le camp d’Emmanuel Macron aura fortement diminué à l’issue du second tour.

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