Quand Manuel Valls parlait de la gauche et de l'économie de marché<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls affirme que placer la frontière gauche / droite sur le thème de l’économie de marché consiste uniquement à se faire peur, puisqu’aucun dirigeant qui aspire à gouverner notre pays ne met en cause l’économie de marché.
Manuel Valls affirme que placer la frontière gauche / droite sur le thème de l’économie de marché consiste uniquement à se faire peur, puisqu’aucun dirigeant qui aspire à gouverner notre pays ne met en cause l’économie de marché.
©Reuters

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22 juin 2010, Sophie de Menthon reçoit à l'occasion d'un débat Manuel Valls, alors député de l'Essonne et maire d'Evry. Elle introduit le débat en exprimant son désir de voir une gauche unie, efficace et capable de gouverner notre pays. Les entreprises, qu’elle appelle de ses vœux à se développer, "souffrent d’une prise d’otage par des positions idéologiques". Compte rendu.

Sophie de Menthon et les entrepreneurs d'Ethic

Sophie de Menthon et les entrepreneurs d'Ethic

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance).

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Il faut renouveler le discours de la gauche sur l’entreprise

En propos liminaire, Manuel Valls affirme que placer la frontière gauche / droite sur le thème de l’économie de marché consiste uniquement à se faire peur, puisqu’aucun dirigeant qui aspire à gouverner notre pays ne met en cause l’économie de marché. Le rapport à l’entreprise doit, pour le Député, être revisité et positivé : "il faut renouveler le discours de la gauche sur l’entreprise et l’entrepreneuriat ; la gauche doit considérer la création de richesses comme la création de valeurs". Le Maire d’Evry estime qu’il faut être capable de dégager une large coalition et convaincre les chefs d’entreprise, et que la gauche peut apporter des réponses très concrètes en réfléchissant avec eux sur les  problèmes récurrents, comme le management ou le mal-être au travail. Manuel Valls considère le travail comme une valeur et estime que la gauche devrait penser le travail comme un élément d’émancipation : "au cours du XXe  siècle, le temps de travail a été diminué. Je crois que c’est un mouvement  inéluctable". L’allongement de l’espérance de vie et l’aspiration au mieux vivre sont pour lui une tendance naturelle.

L’entreprise n’est ni de droite, ni gauche

Pour Manuel Valls, le problème de l’enseignement n’est pas l’école privée, qui a toute sa place dans notre société, mais l’échec scolaire, notamment dans les catégories sociales les moins favorisées : "30 000 enfants sortent chaque année du système scolaire ; il y a un dysfonctionnement". S’ajoutent à cela les problèmes de concentration, de ségrégation, de formation des enseignants "qui ne sont pas des problèmes de gauche, mais ceux de la République". Le Député de l’Essonne poursuit son propos sur le cas d’une partie de l’Université qui souffre d’un enseignement de faible qualité, non adapté au marché de l’emploi. De manière générale, Manuel Valls est favorable à ce que les enseignants de tous niveaux soient plus expérimentés et mieux payés, avec d’avantage d’autonomie pour les écoles et les collèges, en précisant que la réforme de l’État doit se traduire de manière concrète, comme la révision du modèle de l’enseignement. Pour le Maire d’Evry, l’école n’est ni de droite, ni de gauche, tout comme l’entreprise : "le rapport droite / gauche est le problème des dirigeants ; le problème fondamental est le rapport entre l’État et le Politique". Manuel Valls cite Alexis de Tocqueville, qui considérait que toute société démocratique est par nature en crise, et précise que la crise démocratique est plus forte dès lors que l’on remet en cause le Politique : "l’État a tendance à infantiliser nos concitoyens". Le Député de l’Essonne ajoute que l’État veut se mêler de tout (en illustrant le cas de la tempête Xinthia) et considère qu’il doit se décentraliser, appliquer une fiscalité locale et intelligente, avec davantage de responsabilités individuelles, et revenir à ses fonctions régaliennes.

Ne pas régulariser serait une catastrophe pour les entreprises

Le Député-maire rappelle que l’immigration est nécessaire pour la France pour trois raisons :

Ce sujet est pour lui transversal à la classe politique car, en dépit des différences superficielles entre la  gauche et la droite, les divergences de positions sont minces : "ne pas régulariser serait une catastrophe pour l’économie et les  entreprises. La seule différence entre la gauche et la droite est qu’il faut établir et assumer les critères de régularisation". Il soulève donc le problème récurrent du défaut de responsabilité des hommes politiques, qui est une tendance de nos sociétés, quel que soit le secteur (politique, économique, sportif…).

Les sociétés doivent être capables d’anticiper sur le long terme

Laurent Benveniste – Universitaire – aborde la question du pragmatisme politique qui, pour lui, fait défaut en France, en estimant que les hommes politiques français ont une approche périmée des débats de société, quel que soit leur obédience politique. Il pose donc la question de savoir comment rompre avec la confrontation stérile et systématique de la droite et de la gauche. Manuel Valls est convaincu que "les peuples qui s’imposeront dans l’avenir sur la scène internationale seront des sociétés capables d’anticiper sur le long terme". Or pour lui, les promesses de rupture des hommes politiques français ne vont pas dans ce sens. En revanche, la crise financière et le creusement des déficits publics ont exercé une forte pression sur l’État pour changer son train de vie. Le Député-maire espère toutefois que le débat politique ne freinera pas cette tendance.

Certains sujets politiques nécessitent d’expliquer avant d’agir

Sophie de Menthon reconnaît le discours réaliste du Député de l’Essonne, et ne comprend pas pourquoi de tels propos ne peuvent être concrétisés en politique, notamment durant les "100 jours" qui suivent une élection. Manuel Valls ne croit pas à ces "100 jours", même s’il  estime que les premières actions politiques, accompagnées de discours et de pédagogie, sont décisives en prenant le contre-exemple du début de mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy : "ce n’est pas maintenant, mais en 2007 que le Président de la République aurait dû réformer le système de retraites. Les premiers mois de son mandat ont d’ailleurs été illisibles ; sur certains sujets, il faut expliquer avant ce qu’on va faire en négociant en amont".

Il faut réfléchir à une autre politique fiscale

Léonidas Kalogeropoulos – Vice-président d’ETHIC -  s’interroge sur l’idée qu’un discours moderne, tel que celui du Député-maire, pourrait être soutenu au sein du Parti Socialiste. Manuel Valls est convaincu qu’il n’y a pas d’autre choix que d’affronter la réalité et de dire aux Français quels sont les champs d’actions possibles, en ajoutant que ce discours est majoritaire chez les dirigeants du PS : "aujourd’hui, les  marges de manœuvre sont réduites, notamment en raison d’une législation européenne de plus en plus contraignante". Il reconnait cependant que le PS propose trop de fiscalité à l’égard de l’entreprise : "il faut réfléchir à une autre politique fiscale ; certaines niches peuvent être cependant vertueuses, à l’instar de la politique fiscale que je mène dans la ville d’Evry". Pour Manuel Valls, les éléments clés pour gouverner restent la fiscalité, la recherche/innovation et l’École, trois priorités pour indiquer le cap à suivre dans un monde en mouvement.

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