Quand le coût des propositions de l'Unef augmente beaucoup plus vite que celui de la vie étudiante<!-- --> | Atlantico.fr
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En quinze ans, le budget consacré aux aides sociales en faveur des étudiants a augmenté de près de 25 % en euros constants, pour atteindre en 2010 près de 5,5 milliards d'euros.
En quinze ans, le budget consacré aux aides sociales en faveur des étudiants a augmenté de près de 25 % en euros constants, pour atteindre en 2010 près de 5,5 milliards d'euros.
©Reuters

C'est gonflé !

Pour l'année 2012-2013, le coût de la vie étudiante aurait grimpé de 3,7%, le double de l'inflation, selon l'Unef, première organisation étudiante. Mais attention, comme souvent dans le syndicalisme, plus le portrait est miséreux, plus il est facile de légitimer ses actions et ses propositions...

Olivier Vial

Olivier Vial

Olivier Vial est Directeur du CERU, le laboratoire d’idées universitaire en charge du programme de recherche sur les radicalités.

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Les étudiants appartiennent-ils, réellement, à la catégorie des Français les moins bien protégés face à la crise ? Comptent-ils, vraiment, parmi les plus pauvres et les plus défavorisés ? Sont-ils les grands oubliés de la solidarité nationale ?

Difficile à croire !  L'effort financier en faveur des universités n'a jamais été aussi important que durant ces cinq dernières années. Les bourses sur critères sociaux ont constamment été revalorisées, ce qui a permis, comme l'attestent les chiffres publiés par le ministère, au pouvoir d'achat des étudiants boursiers de progresser depuis 2009. En quinze ans, le budget consacré aux aides sociales en faveur des étudiants a augmenté de près de 25 % en euros constants, pour atteindre en 2010 près de 5,5 milliards d'euros. De plus, les droits d'inscription dans les universités françaises restent parmi les plus faibles des pays de l'OCDE, permettant aux étudiants français de ne payer seulement que 2 % à 4 % du coût réel de leurs études, le reste étant financé par les contribuables.

Et, pourtant, comme à chaque rentrée, l'UNEF, armée de son indice "pifométrique" du coût de la vie étudiante, nous peint, fidèle à sa tradition misérabiliste, un autre portrait de la jeunesse étudiante. Celle-ci est présentée comme la grande oubliée des politiques publiques, condamnée à la paupérisation. Les étudiants seraient de facto défavorisés et discriminés. Le mot est lancé, le diagnostic posé et la facture ne va pas tarder à arriver.

Le misérabilisme de l'UNEF annonce des mesures coûteuses

Tout l'art du syndicalisme, tel que le pratique la gauche en générale et l'UNEF en particulier, consiste en préalable à poser sa "clientèle" comme la plus nécessiteuse et la plus en difficulté, afin, dans un second temps de préempter pour elle la part plus importante possible du budget de l'Etat. Plus le portrait est miséreux, plus il est facile de légitimer les actions et les propositions, même les plus onéreuses, dans l'opinion publique.

Pour l'UNEF, la tâche est ardue. Tant, il est difficile de faire passer l'ensemble des étudiants pour les représentants de la jeunesse défavorisée. S'il existe, bien quelques cas d'étudiants nécessiteux, en règle générale, les étudiants, comme l'attestent les nombreuses études sur le sujet, sont plus favorisés que le jeunes de leur génération n'ayant pas fait d'études. Et, pourtant, pour l'UNEF, l'enjeu est important. Depuis 1946, le syndicat milite pour la création d'un revenu étudiant, l'allocation d'autonomie, dont le coût varie entre 18 milliards (chiffrage de l'UNEF) et 23,2 milliards d'euros (chiffrage du CERU). En période de restriction budgétaire, difficile de faire passer une telle addition.

Alors, l'UNEF ne pouvait pas faire dans la nuance. Il lui fallait absolument peindre le tableau étudiant le plus noir possible. C'est à quoi, elle s'est attelée avec la publication de la huitième édition de son indice du coût de la vie étudiante. L'UNEF prétend que ce dernier a augmenté de 3,7 % entre 2011 et 2012, soit près de deux fois plus vite que l'inflation. "Les étudiants s'appauvrissent donc deux fois plus vite que le reste de la population". Ils courent donc un grand danger. Dès lors, le gouvernement doit créer une allocation d'autonomie pour eux et rajouter au moins 10 milliards d'euros supplémentaires au pot de l'aide sociale étudiante. CQFD.

Pour parvenir à une aussi parfaite démonstration, il aura, certes, fallu grossir quelques chiffres. Ainsi, le budget moyen mensuel d'un étudiant, est compris, selon le président de l'UNEF, entre 900 et 1100 euros, alors que dans le même temps, l'observatoire de la vie étudiante établit ce même budget à 560 euros. Le différentiel frôle les 100 %, ce qui n'est pas mince mais pour parvenir à extorquer 10 milliards d'euros à l'Etat, la ficelle ne semble, malheureusement, pas trop grosse.

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