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Quand la CGT persiste à défendre le statut archaïque de la SNCF, l’Allemagne revalorise de 7,5 % les salaires de sa fonction publique. Cherchez l’erreur !
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Autre méthode

Les délires contradictoires de tous les manifestants traduisent en fait une demande de pouvoir d’achat que le gouvernement ne peut pas satisfaire en dépit d’une amélioration spectaculaire de la situation.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Mais de qui se moque-t-on ? Quand Jean-Luc Mélenchon vitupère contre la politique de l’Allemagne, pour mieux soutenir les archaïsmes de la SNCF, sait-il qu’Angela Merkel vient de signer avec les syndicats une revalorisation de la rémunération des fonctionnaires de 7,5 % sur trois ans ?

Personne ne peut dire comment la situation française peut retrouver un équilibre plus calme. Les mouvements syndicaux rêvent de coaguler tous les manifestants et mener une lutte finale qui, comme en 1968, obligerait les élites à s’interroger sur la finalité du système. L’observation à la loupe des mouvements sociaux laisse penser au contraire que le mouvement va s’épuiser doucement, ce qui semble être la perspective de l’Elysée et du gouvernement.

Ces mouvements sont trop contradictoires pour pouvoir se réunir dans une protestation globale.

1erpoint : il n’y a aucun point commun entre la grève des cheminots et celle des pilotes de ligne chez Air France. Entre les étudiants de Sciences Po qui protestent contre une sélection qu’ils ont souhaitée et les Zadistes de Notre-Dame-des-Landes dont on ne sait même plus pourquoi ils résistent sinon à se mettre hors la loi.

2e point : la majorité des revendications ne paraît même pas légitime à la majorité des français. Comment soutenir des cheminots quand ils défendent un statut qui n’est pas menacé, quand ils refusent une concurrence qui a déjà envahi tout le secteur du transport et qui est alimentée par l’appétit du client ? Comment aider des étudiants qui refusaient à juste titre le tirage au sort mais repoussent aujourd’hui tout début de sélection ?

3e point : Tout le monde a compris que du côté des syndicats, la situation sociale leur permettait de se positionner dans la perspective des élections qui se préparent. Et du coté de l’extrême gauche et des insoumis, le social leur donnait l’occasion d’espérer occuper la rue, à défaut d’exister au parlement ou dans l’opinion.

Bref, tout cela risque de se terminer dans la farce, comme disait Karl Marx à propos de la révolution de 1848.

Il y a d’ailleurs des coïncidences intéressantes avec 1848. A l’époque, alors qu’on pensait que la lutte entre les classes dirigeantes et les classes ouvrières allait entrainer une révolution prolétarienne. Karl Marx a expliqué que l'invention de la machine à vapeur et celle de l’électricité avait été beaucoup plus révolutionnaire que la confrontation entre la misère des uns et l’arrogance des autres.

Aujourd’hui, la majorité des peuples sur la planète a bien compris que l’invention d’internet et l’installation du digital dans tous les mécanismes de la société avait un caractère beaucoup plus révolutionnaire que le maintien envers et contre tout des avantages acquis de certaines catégories sociales.

Les avantages acquis ne profitent qu’à ceux qui les ont acquis. Les avantages de la technologie promettent un avenir meilleur aux générationsnouvelles.

La majorité des français se retrouve dans une situation complètement schizophrénique. Ils soutiennent les réformes, mais comprennent la grogne sociale. Le président de la République les impressionne par sa compétence et son courage àassumer. Ils souhaitent donc qu’il ne cède pas, mais affirment qu’ils ne sont pas totalement convaincus.

Il y a donc un mystère dans la situation française, sauf si on prend en compte les effets d’une situation économique qui n’a jamais été aussi bien orientée. Croissance, emplois, profits : tous les indicateurs sont au vert. Partout dans le monde, y compris en Europe, y compris en France depuis un an.

L’histoire nous apprend que les mouvements sociaux se déclenchent en générale en période de conjoncture expansive. Pourquoi ? Parce que les opinions ont un ressenti d’améliorationgénérale dont ils ne profitent pas individuellement.

Et ça n’est pas en France qu’un ressenti. C’est une réalité pour tous les français qui se sont retrouvés exclus des progrès de la mondialisation ou du digital. Or, ces français-là s’accrochent à des avantages acquis dans le passé.Que faire d’autre ? Ils estiment que, compte tenu de l’amélioration de la conjoncture, on trouvera toujours de quoi financer cette protection.

Il y a donc, dans l’opinion publique, le sentiment assez vague qu’il va falloir partager les fruits de la croissance revenue.
Lesrevendications contradictoires et parfois délirantes des uns comme des autres (cheminots, personnels Air France, fonctionnaires, étudiants, zadistes, insoumis) traduit en fait une demande de revalorisation de revenus et de protection de pouvoir d’achat. Or, la France n’est pas dans la situation de pouvoir redistribuer massivement du pouvoir d’achat. Elle a encore trop de déficitpublic, trop de dettepublique, trop de dépenses publiques et sociales, donc trop d’impôts et pas assez de compétitivité pour espérer amortir ou éradiquer ces déséquilibres rapidement.

La croissance retrouvée explique une demande mal exprimée de pouvoir d’achat. La situation très détériorée des dépenses publiques interdit au gouvernement de répondreà cette demande, sauf à exploser les compteurs.

Le comble dans cette galère, c’est qu’au mêmemoment,l’Allemagne (encore elle) a les moyens de revaloriser la rémunération de ses fonctionnaires de 7,5% sur 3 ans. L’accord a été signé cette semaine, le jour-même où, en France, la CGT pensait mettre la France dans la rue. Et une fois de plus, pourquoi l‘Allemagne peut-elle redistribuer les fruits de la croissance ? Certains diront que c’est parce que la gauche a obligé Angela Merkel a amendé ses positions, sans doute. Mais l'Allemagne a très vite trouvé un accord avec ses syndicats parce qu‘elle en avait les moyens. Son budget est en excédent depuis trois ans, et l‘Allemagne a reformé sa fonction publique depuis 15 ans.

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