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Quand Emmanuel Macron se faisait prendre en grippe par Philippe Séguin à Bercy
©ETIENNE LAURENT / POOL / AFP

Bonnes Feuilles

Vingt ans après, à l'âge des premiers bilans, Anne-Sophie Beauvais a revu ses anciens camarades d'école. Ceux qui ont partagé les cours avec cet étudiant atypique et inclassable, qui allait devenir le plus jeune président de la Ve République. Pourquoi lui, et lui seul, a-t-il marché jusqu'à l'Elysée ? Voici le portait de la génération Macron. Extrait de "On s'était dit rendez-vous dans vingt ans", d'Anne-Sophie Beauvais, Plon, 2018.

Anne-Sophie Beauvais

Anne-Sophie Beauvais

Condisciple d'Emmanuel Macron à Sciences Po, Anne-Sophie Beauvais a aujourd'hui 39 ans. Ancienne conseillère en cabinet ministériel, elle connait bien le monde politique. En 2009, elle est appelée par Richard Descoings, l'ancien directeur de Sciences Po, pour diriger l'Association des anciens élèves de l'école. A ce poste, elle continue d'observer le monde politique et la trajectoire de tous ceux qui, diplômés de cette maison, y gravitent – et ils sont nombreux. 

Elle est également rédactrice en chef du magazine Emile, un trimestriel destiné aux Sciences Po, traitant de la chose politique.

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Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’Emmanuel Macron, lui, n’a pris manifestement aucun contre-pied par rapport à cette inspiration à la fois pro-européenne, sociale-libérale et volontairement optimiste sur la mondialisation, qui a dominé nos études. Mais c’est son droit. Et cela ne lui a pas trop mal réussi. N’est-ce pas grâce à cela que Jacques Attali le prend sous son aile, en 2007, et lui propose de devenir le rapporteur-adjoint de sa commission sur la libération de la croissance ? Une commission qui lui servira de tremplin professionnel et qui ne contrarie en rien son corpus de pensée puisqu’elle ne met autour de la table que des personnes partageant une philosophie libérale commune. Le rôle d’Emmanuel Macron est de fournir tous les éléments juridiques et chiffrés nécessaires à la réflexion, et de formaliser les propositions de la commission. Notre inspecteur des finances navigue là comme un poisson dans l’eau. 

C’est mon ami Alexandre qui me raconte un face-à-face (idéologique) en revanche plus douloureux à vivre pour celui qui était alors son collègue de Bercy. Alexandre, qui a donc été en classes préparatoires à Henri-IV avec Emmanuel Macron, le retrouve quelques années plus tard au ministère des Finances. Ils y travaillent tous les deux. Le futur président est rattaché au Conseil des prélèvements obligatoires et Alexandre à une autre direction de Bercy. Voici ce que me raconte ce dernier : « La seule personne que j’ai vue s’opposer à Macron dans ma vie, c’est Philippe Séguin, à la Cour des comptes. C’était lors d’une séance à laquelle j’assistais. Emmanuel Macron était rapporteur sur un texte qui portait sur la fraude fiscale, me semble-t-il. Il venait présenter son rapport, et il s’est fait allumer par Séguin, au point où je me suis demandé s’il n’y avait pas autre chose que le contenu même du rapport derrière cette colère. Je me suis demandé pourquoi il y avait une telle antipathie. Est-ce que c’était politique, idéologique ? Est-ce que c’était sur la personne ? Séguin lui reprochait la mauvaise qualité du rapport et lui disait qu’il allait falloir retravailler... Il n’est pas faux qu’Emmanuel Macron n’avait manifestement pas suffisamment travaillé

son sujet, mais cela ne justifiait pas non plus une telle colère. Macron se défendait comme il pouvait, en gardant bien sa dignité. Nous étions juste après la commission Attali, et j’ai vraiment ressenti cet échange entre eux comme un antagonisme politique, parce que cette scène était étrange. »

Je ne sais pas si Alexandre a raison, mais il est vrai que l’on pouvait difficilement séduire à la fois Jacques Attali et Philippe Séguin...

 "On s'était dit rendez-vous dans vingt ans", d'Anne-Sophie Beauvais, Plon, 2018

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