Quand aller à la salle de gym fait grossir et autres faits souvent ignorés sur le lien entre sport et perte de poids<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon Gérard Dine, "faire beaucoup de sport permet de manger plus"
Selon Gérard Dine, "faire beaucoup de sport permet de manger plus"
©REUTERS/Rick Wilking

Manger bouger

Atlantico a soumis à l'avis de Gérard Dine, médecin du sport, des affirmations communément prises pour argent comptant, mais qui ne sont pas tout à fait exactes. Passage en revue de ces paradoxes.

Gérard Dine

Gérard Dine

Gérard Dine est professeur de biotechnologies à l’École Centrale de Paris, président de l'Institut Biotechnologique de Troyes et chef du service d'Hématologie et d'Immunologie de l'Hôpital des Hauts-Clos de Troyes.

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"L'exercice physique fait perdre du poids"

Gérard Dine : Intrinsèquement, l'activité physique peut participer à la perte de poids, à partir du moment où la consommation énergétique équilibre les entrées par rapport aux sorties. Il est donc clair qu'il existe un impact positif de l'activité physique dans la répartition de la masse maigre, autrement dit les muscles, et de la masse grasse. Toutefois, cette affirmation doit être pondérée à deux niveaux.

  • L'activité physique joue sur la répartition masse maigre, masse grasse, sous réserve que l'apport alimentaire soit adapté à cette activité. Car si l'alimentation n'est pas ajustée aux besoins inhérents à cette activité-là, l'impact sur la masse pondérale ne sera pas aussi spectaculaire qu'on le pense.
  • Deuxième élément de pondération : de quel type d'activité physique parle-t-on ? Parce que si l'activité est essentiellement endurante, de type course à pied ou vélo, l'accumulation de masse maigre musculaire ne sera pas importante. En revanche si l'activité se résume à un travail musculaire significatif, automatiquement on perd de la masse grasse, mais on augmente la quantité de masse maigre. Or le muscle est plus dense que la graisse, ce  qui signifie que dans un premier temps une perte de poids peut intervenir si l'apport alimentaire est ajusté, et que dans un deuxième temps le poids augmente de nouveau, mais sans correspondre à la même répartition des masses qu'avant.

"Faire de l'exercice améliore le fonctionnement des différentes parties du corps"

Gérard Dine : L'amélioration des différents indices de forme ne va être mesurée et mesurable qu'au bout d'un certain temps. Il faut 3 à 6 mois, suivant le type d'exercice, pour observer une variation significative de ces indices. Parmi ces indices, on compte la respiration, la fréquence cardiaque et la répartition masse grasse, masse maigre, cette dernière étant la plus longue à évoluer.

De plus, nous sommes similaires mais différents, et par conséquent il est évident qu'il existe un déterminisme génétique multifactoriel – il n'existe pas un "gène du sport" qui expliquerait tout – et que le même type d'exercice chez des individus apparemment semblables va induire des adaptations variables. Les indices de forme s'amélioreront pour tout le monde, mais les variations seront plus ou moins spectaculaires selon les personnes en présence. Certaines devront fournir beaucoup plus d'efforts pour arriver au même niveau que d'autres. Il ne faut pas le nier, nous obéissons à des déterminismes qui varient selon les individus et selon les ethnies. Afin de ne pas décevoir, il faut être très prudent dans l'affirmation d'un impact absolu du sport sur le bon fonctionnement de nos organes.

"La production d'endorphines induite par la pratique sportive met de bonne humeur"

Gérard Dine : Pour arriver à ce type de situation, il faut fournir un effort intense, qu'un certain nombre de personnes ne pourront pas atteindre au moment où elles le tentent, car elles n'en ont pas le potentiel. La variabilité des prédispositions génétiques explique aussi cela.

"Faire beaucoup de sport permet de manger plus"

Gérard Dine : Il existe une balance générale "entrées-sorties".  Si les entrées sont importantes, mais pas les sorties, cela rompt l'équilibre. Dire qu'en augmentant les sorties on peut faire entrer plus, cela est vrai, sans l'être totalement. Là encore, cela dépend du potentiel physiologique et du déterminisme génétique des individus, et également de ce qu'ils font entrer dans leur corps. Certaines alimentations sont facilement gérables par le métabolisme, quand d'autres le sont beaucoup moins. L'âge entre aussi en ligne de compte : dans un organisme jeune, les régulations sont rapides et équilibrées, dans un organisme plus vieux, ces régulations sont beaucoup moins fines et rapides. C'est le coup classique des sportifs de haut niveau qui ont besoin d'une masse musculaire importante : lorsqu'ils sont jeunes ils peuvent se permettre d'avoir une alimentation pas complètement optimale sans rencontrer de problèmes par rapport à leur activité, et quinze plus tard, avec la même activité mais une alimentation qui n'est toujours pas optimale, ils ont beaucoup plus de mal à gérer la masse pondérale. Les filles sont plus rapidement interpelées par ces régulations fines, car elles ont des stocks en oligoéléments, comme le fer, qui sont largement inférieurs à ceux des garçons, ce qui peut créer des situations de déséquilibre problématiques.

C'est la mesure et la raison qui priment : les règles sont générales, mais il faut les appliquer à des individus qui ont un potentiel qui leur est propre.

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