Procrastination : d'où vient ce mal qui ronge les travailleurs et comment lutter contre ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La procrastination est souvent corrélée à la peur d'agir, à l'anxiété et au manque d'estime de soi.
La procrastination est souvent corrélée à la peur d'agir, à l'anxiété et au manque d'estime de soi.
©Reuters

Bonnes feuilles

Le culte de la performance vous a fait oublier d'écouter vos besoins et vous vous êtes laissés aspirer par la spirale du toujours plus et encore plus vite. Comment venir à bout de ce sentiment d'inachevé ? Extrait de "Et si je prenais mon temps : Gestion des priorités, mode d'emploi", de Catherine Berliet (2/2).

Catherine Berliet

Catherine Berliet

Catherine Berliet intervient depuis 15 ans en conseil, formation, coaching de cadres et dirigeants pour le compte de grandes entreprises françaises. Diplômée en communication, elle est également thérapeute, praticien en Rêve Eveillé libre. Elle est co-auteur de : Et si je choisissais d’être heureux  ! : Le bonheur mode d’emploi  paru en juillet 2014 aux Editions Eyrolles, Manager au quotidien et Les outils de développement personnel du manager aux Editions Eyrolles. Elle est auteur de Et si je prenais mon temps aux Editions Eyrolles et co-auteur de "Et si je choisissais d'être heureux" avec Capucine Berliet toujours aux éditions Eyrolles

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C’est probablement le mot le plus « abomifreux» de la langue française. Il fleurit partout dans la prose sur la gestion du temps. Pourtant, Marcel Proust en parlait déjà dans À la recherche du temps perdu : « Les difficultés que ma santé, mon indécision, ma “procrastination”, comme disait Saint-Loup, mettaient à réaliser n’importe quoi, m’avaient fait remettre de jour en jour, de mois en mois, d’année en année, l’éclaircissement de certains soupçons comme l’accomplissement de certains désirs. »

D’où vient la procrastination ? Une idée reçue l’assimile à une forme de paresse, à une mauvaise gestion du temps, alors qu’elle est, en réalité, alimentée par une incapacité à gérer ses impulsions. C’est une sorte d’attentisme, un côté velléitaire, une volonté inconsciente d’autosabotage aussi…

Les causes psychologiques de la procrastination font débat. Quoi qu’il en soit, elle est souvent corrélée à la peur d’agir, à l’anxiété, au manque d’estime de soi. Elle traduit l’expression d’un ennui, d’une inappétence, voire même d’une certaine apathie. La cause la plus probable reste cependant l’impulsivité : nous ne parvenons pas à nous forcer à réaliser immédiatement une action qui, dans le fond, nous em…bête ! Et, lorsque nous choisissons de différer ce qui nous enquiquine, nous répondons au principe de plaisir.

La procrastination, c’est quoi ? A priori, c’est d’abord votre pire ennemi.

Oui, vous êtes laxiste, vous laissez proliférer dossiers, projets, notes de frais, sans jamais trier, ranger, classer.

Oui, vous négligez certaines demandes.

Oui, vous renvoyez aux calendes grecques vos comptes rendus de réunion, et dans leurs buts certains de vos interlocuteurs.

Oui, vous fonctionnez à l’intuition, sans réellement prioriser.

Oui, vous reportez d’instinct ce que vous n’aimez pas faire, ou ce qui vous paraît secondaire. Faire la moitié des choses, c’est rivaliser d’ingéniosité pour ne pas crouler sous une avalanche de tâches. Or, si vous repoussez tous les jours le rangement de votre bureau parce que ce n’est pas une activité gratifiante, vous vous retrouverez avec une montagne de dossiers à « dépiler ». Un petit peu tous les jours vaut mieux qu’une fois à la Saint-Glinglin car, à vouloir toujours reporter, vous augmentez votre charge avec un effet démultiplicateur.

Si vous passez votre temps à procrastiner, vous privilégiez le plaisir immédiat. En reportant consciemment l’action, vous mettez un frein à votre réussite, et vous attisez le sentiment de culpabilité. Vous vous y prenez toujours à la dernière minute pour faire vos courses de Noël, alors que vous savez pertinemment que le dernier moment sera le pire. Pareil pour votre déclaration d’impôts : pour une fois, vous vous étiez promis de calculer large, mais la paperasserie vous insupporte.

Alors, vous vous laissez bercer par un « tu as bien le temps » et, une fois la date passée, vous regrettez amèrement votre attentisme. Au bureau, vous êtes fiché(e) comme un(e) « procrastinateur(trice) » avéré(e) et patenté(e). Vous vous en voulez et vous mourez d’envie d’en découdre avec cette sale habitude qui vous met dans l’embarras. En fait, le problème ne réside pas dans votre gestion du temps, mais plutôt au niveau de votre boîte crânienne, car c’est là que se déroule un véritable combat : principe de plaisir ou principe de réalité ? Dualité si chère à Sigmund. Masochiste ou épicurien ? À vous de choisir.

Bon à savoir : En 1960, Walter Mischel, psychologue américain à Stanford, met au point le « Marshmallow test ». Il étudie les conflits de négociation des enfants à travers l’expérience suivante : le professeur laissa des élèves face à des guimauves. En quittant la salle, il promit à ceux qui ne toucheraient pas aux bonbons de leur offrir une deuxième guimauve. Après l’analyse des résultats, Walter Mischel remarqua que les enfants qui avaient succombé à la tentation avaient plus de problèmes comportementaux et de moins bons résultats scolaires que les autres. Ainsi, l’expérience de Walter Mischel a montré que « la maîtrise de soi dépend d’une compétence essentielle : “La répartition stratégique de l’attention”.18 » Le secret de la maîtrise de soi ne résiderait pas dans la volonté, mais dans la distraction. Comment certains enfants ont-ils réussi à dévier leur attention pour résister à la tentation ? Certains se sont mis à chanter, d’autres à jouer.

Extrait de "Et si je prenais mon temps : Gestion des priorités, mode d'emploi" (Eyrolles), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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