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En Allemagne, chaque parti représenté au Parlement a une fondation associée, financée sur les deniers publics, qui s'occupe d'activités politiques non partisanes.
En Allemagne, chaque parti représenté au Parlement a une fondation associée, financée sur les deniers publics, qui s'occupe d'activités politiques non partisanes.
©Reuters

Le nettoyeur

Cette semaine, le "nettoyeur" Pascal Emmanuel Gobry compare la vie politique française à celle des Etats-Unis, du Royaume-Uni ou de l'Allemagne. Et regrette la discrétion des groupes de réflexion, ou think tanks, en France.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Quel bilan tirer de cette campagne présidentielle à la conclusion annoncée ? S'il y a un thème global à retenir, c'est son indigence intellectuelle. On l'a vu, cette indigence était telle que les candidats extrêmes avaient parfois des propositions économiques plus cohérentes que les candidats de gouvernement. Et cette indigence est particulièrement condamnable à un moment de crise économique ou, précisément, les propositions devraient être les plus ambitieuses et innovantes.

Mais pleurnicher n'est pas tout. Cette élection fut un raté en termes d'idées. Faisons le deuil. Il faut maintenant réfléchir à préparer la prochaine.

Si l'on compare la vie politique française à celle des autres pays, une des différences les plus remarquables est l'absence relative de groupes de réflexion, ou think tanks. Il en existe bien quelques uns, mais beaucoup moins qu'au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux États-Unis. Que faire ?

Un modèle que nous devrions imiter est le modèle allemand (c'est à la mode...) des fondations de partis politiques. De quoi s'agit-il ? En Allemagne, chaque parti représenté au Parlement a une fondation associée, financée sur les deniers publics, qui s'occupe d'activités politiques non partisanes. Elles ne font pas campagne, mais organisent des travaux de réflexion, des séminaires, de la formation. Elles ont des dizaines de bureaux dans les régions et à l'étranger, où elles font de l'éducation et de la recherche. En somme, ces fondations contribuent à la vie intellectuelle de leur parti et de la société en général.

Ces fondations sont de vraies institutions : par exemple, la Fondation Konrad Adenauer, liée à la CDU, actuellement 560 employés. Elle gère une académie basée à Berlin, qui est un centre de recherche et de conférences en sciences politiques, une grande bibliothèque dédiée à l'histoire politique allemande, un centre de recherche et d'éducation sur la politique internationale, un think tank interne, et des départements qui gèrent des programmes de “participation citoyenne”, des bourses pour étudiants, etc.

On voit comment un tel organisme peut contribuer à donner un “poids” intellectuel aux propositions et aux réflexions d'un parti. On a admiré, à juste titre, le travail de la “direction des études” de l'UMP, sous la tutelle d'Emmanuelle Mignon, entre 2004 et 2007, qui a élaboré un vrai projet, mais ce travail, pour admirable et réel qu'il soit, n'est rien par rapport aux moyens dont dispose une institution comme la Fondation Konrad Adenauer.

Le nouveau Président, quel qu'il soit, devrait faire passer une loi créant des fondations pour les partis représentés au Parlement, avec un nouveau financement proportionnel au financement public qu'ils reçoivent déjà. Ces fondations devront avoir une mission claire de recherche, et être contrôlées par la Cour des comptes et soumises à des obligations de transparence afin d'éviter des dérives. A part le président et le conseil d'administration de la fondation, mandats politiques et partisans devront être incompatibles avec l'emploi dans cette fondation.

Ainsi, les partis politiques auraient de vrais moyens à mettre au service d'une vraie réflexion politique et économique et de l'élaboration de vrais programmes et projets, ce qui tirerait le niveau de nos débats un tant soit peu vers le haut. 

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