Procès du siècle, l'autre face de la médaille : les multinationales des énergies fossiles réclament 15 milliards aux gouvernements qui les entravent à travers le monde<!-- --> | Atlantico.fr
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Une centrale à charbon en Allemagne.
Une centrale à charbon en Allemagne.
©PATRIK STOLLARZ / AFP

Sans gêne

Plusieurs entreprises de combustibles fossiles (TC Energy, RWE, Uniper, Rockhopper et Ascent Resources) ont poursuivi des gouvernements du monde entier, au motif que les mesures contre le changement climatique menacent leurs bénéfices.

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole et professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs, où il a dirigé le Centre Economie et Gestion. 

Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l’économie et à la géopolitique de l’énergie et en particulier Exploitation et Gestion du Raffinage (français et anglais), Recherche et Production du Pétrole et du Gaz (français et anglais en 2011), l’Energie à Quel Prix ? (2006) et Géopolitique de l’Energie (français 2009, anglais 2011).

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Atlantico : Plusieurs entreprises de combustibles fossiles (TC Energy, RWE, Uniper, Rockhopper et Ascent Resources) ont poursuivi des gouvernements du monde entier pour un montant qui pourrait atteindre au total plus de 18 milliards de dollars. Ils estiment que les mesures contre le changement climatique ont menacé leurs bénéfices. Devant quelle juridiction vont-ils porter l’affaire ? Sur quels textes se basent-ils ?

Jean-Pierre Favennec : Il s'agit de quelques entreprises du secteur énergétique, dont deux grandes sociétés allemandes du secteur électrique (RWE et Uniper) et 3 sociétés de taille resteinte qui sont actives surtout dans l'exploration et le transport du pétrole et du gaz. Uniper résulte de la scission des activités d'E.ON société allemande du secteur électrique entre énergies fossiles et énergies renouvelables. Il faut noter qu'aucune grande société pétrolière par exemple ne s'est jointe à cette plainte.
Les 5 sociétés qui ont porté plainte sont durement touchées par les mesures qui visent à réduire l'utilisation des énergies fossiles. RWE et Uniper produisent beaucoup d'électricité à partir de charbon, particulièrement émetteur de gaz à effet de serre. Les autres sociétés ont pour principal objectif la production de pétrole.
La plainte auprès du Traité Européen de l'Energie est logique car peu d'organisations pourraient enregistrer une telle plaine. Cette organisation est dans le collimateur des organisations de défense de l'environnement car supposée défendre les sociétés productrices d'énergie fossile. Le Traité Européen de l'Energie a été signé en 1994 entre en particulier les pays européens, pays de l'Ouest et pays de l'Est après la chute de l'Union soviétique. Cette organisation avait pour objectif de faciliter les relations dans le secteur de l'énergie entre les différents pays et en particulier de faciliter l'intégration de la Russie et des grands producteurs de pétrole et de gaz comme les pays d'Asie centrale dans le secteur énergétique international.

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A quel point ces réclamations sont-elles légitimes ? Ces grands groupes des chances ont-ils réellement des chances de voir leur plainte aboutir ?

Les cinq sociétés souffrent évidemment des mesures prises par de très nombreux pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le changement climatique. Les récents rapports du GIEC sur l'ampleur et l'accélération du changement climatique poussent effectivement les opinions publiques à faire pression sur leurs gouvernements à réduire leur consommation d'énergie fossile, ce qui met en cause le "modèle économique" de ces sociétés. Mais l'organisation du Traité Européen de l'Energie joue un rôle limité. Il est peu probable que cette "plainte" ait beaucoup de suites.

Les grands groupes sont coutumiers du lobbying, notamment pour freiner certaines décisions en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique qui leurs sont défavorables. Cette action juridique est-elle une nouvelle tentative de lobbying ?

De nombreux experts préconisent de laisser en terre une bonne part des énergies fossiles, le charbon en particulier. Il est compréhensible que les entreprises les plus concernées par ce problème tentent de sauver leurs intérêts. 

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