Prison : l'isolement des prisonniers est coûteux, contreproductif et nocif<!-- --> | Atlantico.fr
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Officiellement au moins 25 000 prisonniers - et sans doute des dizaines de milliers d'autres selon des experts en justice criminelle - sont encore placés en isolement aux Etats-Unis.
Officiellement au moins 25 000 prisonniers - et sans doute des dizaines de milliers d'autres selon des experts en justice criminelle - sont encore placés en isolement aux Etats-Unis.
©Reuters

Justice

Plusieurs Etats américains abandonnent le régime d'isolement des prisonniers les plus récalcitrants dans des quartiers de haute sécurité et constatent que la violence diminue.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Dans plusieurs Etats américains, les autorités pénitentiaires ont constaté que les quartiers de haute sécurité où les prisonniers considérés comme les plus dangereux ou les plus indisciplinés sont placés à l'isolement sont aussi contreproductifs qu'inefficaces. On se souvient d'ailleurs qu'en France les QHS (Quartier de Haute Sécurité) avaient été au centre de nombreuses polémiques, et qu'ils avaient été, entre autres, critiqués par Jacques Mesrine jusqu'à sa mort, face aux policiers, en 1979. Les QHS ont finalement été supprimés dans l'Hexagone, mais l'isolement est toujours en vigueur, comme on le verra.

Officiellement au moins 25 000 prisonniers - et sans doute des dizaines de milliers d'autres selon des experts en justice criminelle - sont encore placés en isolement aux Etats-Unis. Certains y restent des semaines ou des mois ; d'autres des années ou des dizaines d'années.

Pour l'American Civil Liberties Union (ACLU) le nombre de prisonniers placés à l'isolement dans les prisons américaines serait de 80 000. Et l'ACLU considère que c'est purement et simplement une violation des droits de l'homme, en ajoutant que les malades mentaux sont sureprésentés dans cette population d'isolés, et que ce traitement aggrave leur maladie.

Une analyse confirmée par une étude publiée sur le site de l'American Academy of Psychiatry and the Law le confirme, en expliquant que pour les médecins, qui interviennent dans les prisons, cette situation provoque des problèmes d'éthique médicale.

Selon un rapport des Nations Unies publié en octobre 2011, c'est l'Amérique qui détient le record mondial dans ce domaine.Juan E. Méndez, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture citait le cas de deux prisonniers maintenus à l'isolement en Louisiane pendant 40 ans.

Mendez précisait que bien que la notion d'isolement varie d'un pays à l'autre, il considérait que l'on pouvait parler d'isolement quand un prisonnier était maintenu sans contacts autre que celui des gardiens pendant 22 heures par jour. Et il souhaitait, comme le soulignait la BBC, que ce confinement, cet isolement, ne dépasse jamais 15 jours consécutifs.

La France a aussi des cas qui font polémique. Exemple à la rentrée 2011 avec Teddy Valacy placé en isolement pendant 16 mois comme le signalait France Inter. Ce détenu de 33 ans, a d'ailleurs déposé plainte contre le garde des Sceaux Michel Mercier, à qui il reprochait de le maintenir depuis seize mois à l'isolement sans raison valable, soulignait l'AFP.

Mais aux Etats-Unis, la situation est en train de changer souligne le New York Times. Exemple avec la prison de Parchman (Etat du Missouri) quand des suicides et des meurtres entre gang rivaux se sont produits en 2007, la direction a décidé de mettre en place des mesures moins strictes. Les prisonniers ont eu le droit d'être hors de leurs cellules plusieurs heures par jour, installé un terrain de basket, une zone pour diner en groupe etc..

Résultat : le niveau de violence a baissé. Le nombre de prisonniers placés en isolement est passé de plus de 1 000 à environ 300. Et l'unité d'isolement haute sécurité a finalement été fermée en 2010, permettant à l'Etat une économie de plus de 5 millions de dollars.

La Louisiane n'est pas le seul Etat où ce genre d'initiative a été prise, c'est aussi le cas pour d'autres : Colorado, Illinois, Maine, Ohio et Washington, plus, récemment la Californie. Ceci alors qu'en 2005, 44 états avaient des prisons de haute sécurité avec des quartiers d'isolement.

La Convention européenne des droits de l'homme, "ne cesse de réclamer aux autorités pénitentiaires des conditions de détention plus dignes. Elle vient encore de le faire ces tout derniers mois en la condamnant pour avoir infligé un « traitement inhumain »  à un détenu placé à l’isolement (mitard) pendant 45 jours d’affilée" remarquait La Croix le 4 mars dernier.

En France, interrogé sur« La prison des caïds » son livre publié en 2011, le journaliste Frédéric Ploquin,grand reporter à « Marianne », déclarait à Ouest France "Ceux qui ont connu les quartiers de haute sécurité (QHS), contre lesquels Mesrine et des représentants des droits de l'homme s'étaient battus, affirment que rien n'a changé. Les QHS et les quartiers d'isolement se valent. L'État a fait semblant de les supprimer. La prison française reste encore rétrograde par rapport aux prisons espagnoles ou scandinaves"

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