Présidence du Sénat : Larcher, Marini, Raffarin, qui incarne quoi<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président du Sénat sera élu le 1er octobre.
Le président du Sénat sera élu le 1er octobre.
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Plouf plouf

Trois figures de la seconde chambre se disputent le poste : Gérard Larcher, lui-même président du Sénat jusqu'en 2011, l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et le sénateur de l'Oise Philippe Marini, actuel président de la Commission des finances.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Bien malin celui qui serait en mesure de prédire lequel de Gérard Larcher ou de Jean-Pierre Raffarin voire de Philippe Marini sera élu président du Sénat le 1er octobre. Tout va se jouer lors de la primaire du groupe UMP de ce mardi après-midi. Sur le "podium", on retrouvera les mêmes protagonistes qu'en 2008, (Gérard Larcher l'avait alors largement emporté devant ses rivaux), mais cette fois, la "présentation" des candidats se déroulera à huis clos, suivie naturellement d'un vote à bulletins secrets. Douze minutes de discours pour chacun afin que les 145 sénateurs UMP puissent une dernière fois apprécier et juger de leurs qualités respectives. Une démarche ultime, car ils connaissent déjà les arguments de chacun des prétendants qui font campagne auprès des intéressés depuis des mois et se sont livrés à une lutte d'influence féroce. Et s'il a nettement moins de chances de l'emporter sur le papier que Gérard Larcher ou Jean-Pierre Raffarin, le sénateur de l'Oise Philippe Marini n'a pas été le moins actif.

Qu'est-ce qui différencie les trois hommes, sénateurs chevronnés, orateurs doués, défenseurs passionnés de la deuxième Chambre du Parlement, dont le rôle est contesté et dont ils veulent non seulement prouver l'utilité pour la vie politique mais en faire un véritable laboratoire de l'alternance, un instrument de reconquête pour la droite en 2017?

Pendant la campagne sénatoriale, ils ont entendu leurs électeurs, les maires et conseillers municipaux de France exprimer leur "colère" face à la réforme territoriale, la baisse des dotations, la réforme des rythmes scolaires, etc. Tous les trois "veulent défendre les territoires" (et particulièrement du département en tant que tel). Philippe Marini a établi une longue liste de thèmes à étudier, Jean-Pierre Raffarin veut se concentrer sur l'établissement d'un plan pour les PME et la réforme de l'Education Nationale tandis que Gérard Larcher met l'accent sur l'aménagement du territoire et la réflexion sur les grands sujets de société. Ils entendent instaurer un rapport de force avec le président de la République et le gouvernement pour que les propositions ou plutôt les positions du Sénat soient prises en compte, tout en étant conscients de la nécessité de réformer le fonctionnement de l'Institution.

Mais alors, où est la différence ? Dans leur personnalité, dans leur parcours et leur poids politique, dans l'image qu'ils projettent. Philippe Marini et Gérard Larcher sont issus du RPR, Jean-Pierre Raffarin vient de la famille libéralo-centriste. Le premier revendique une vieille amitié avec Nicolas Sarkozy, il n'en a pas fait un argument de campagne interne, mais prône une véritable rupture dans la gouvernance sénatoriale. Gérard Larcher, qui a déjà présidé le Sénat entre 2008 et 2011, revendique son indépendance par rapport à l'ancien président, avec lequel il dit entretenir de bonnes relations mais auquel il a parfois (discrètement) tenu tête pendant sa mandature. Gérard Larcher préside l'amicale Gaulliste du Sénat, dont plusieurs membres ne se sont pas représentés dimanche dernier. Plusieurs fois ministre, du Travail et de l'Emploi (dans les gouvernement de Jean-Pierre Raffarin et de Dominique de Villepin), il est le contraire d'un homme de rupture mais se montre aujourd'hui très offensif pour renforcer le rôle du Sénat dont "l’image s'est dégradée dans l’opinion" sous la Gauche, et dont "la spécificité (...) a été sacrifiée sur l’autel de la petite politique, celle qui provoque l’éloignement de nos concitoyens de leurs élus. Il nous faudra faire la démonstration que non seulement le Sénat est utile à la République, mais qu’il est l’assemblée indispensable à la consolidation du tissu social, à la représentation des territoires trop souvent oubliés de la République". Gérard Larcher, comme une majorité de ses collègues UMP,  a soutenu François Fillon pendant la "guerre des chefs" en 2012, tandis que Jean-Pierre Raffarin était aux côtés de Jean-François Copé. Aujourd'hui, il co-préside le parti avec François Fillon et Alain Juppé et a salué le retour en politique de Nicolas Sarkozy. Au point qu'on a vu en lui le candidat de l'ex-président, qui aspire à le redevenir. Jean-Pierre Raffarin s'en défend, car les sénateurs revendiquent leur "indépendance", ce qui n'a pas empêché des proches de Nicolas Sarkozy comme le sénateur Pierre Charon de faire campagne en sa faveur. Comme son rival, Jean-Pierre Raffarin dramatise l'enjeu de cette élection, car selon lui "le Sénat est menacé de disparition... et son avenir est désormais en jeu", a-t-il déclaré. "Il faut que l'on montre la nécessité du Sénat... C'est un lieu de résistance, il faut être capable de dire non. Le Sénat est indépendant". Pas une feuille de papier à cigarette entre ces deux-là. Alors, qui ?

Les sénateurs choisiront-ils celui qui a déjà présidé l'institution, qui la connaît comme sa poche, qui est à leur écoute, connaît les moindres aspirations des élus locaux et assure qu'il faut mettre fin "au renoncement"? Ou alors leurs votes feront-ils pencher la balance en faveur de celui a été Premier ministre, qui veut davantage ouvrir le Sénat vers le monde extérieur, et qui, tout en promettant une opposition constructive, se montrera inflexible face au pouvoir de gauche ? Une chose semble d'ores et déjà acquise : le scrutin sera plus serré qu'en 2008, où Gérard Larcher avait largement gagné la primaire et bien que l'Assemblée ait le dernier mot, le Sénat a retrouvé une majorité.

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