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Premières leçons sur la crise sanitaire. Ce qui change pour les entrepreneurs qui attendaient de la France l’ouverture au progrès.
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Denis Jacquet évoque cette semaine les premières leçons qu'on a apprit de la crise sanitaire de notre « ami » COVID.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Le virus est aussi porteur de vertu. Une vertu, qui magnifie cette incroyable machine qu’est l’humanité. Une leçon que l’histoire ne cesse de répéter, inlassablement depuis la nuit des temps. Une leçon que nombre d’experts auto-décrétés de tous poils, dispensateurs de vérités, toujours blanche ou noire, feraient bien de méditer. La trivialité n’existe pas dans l’univers. La vérité absolue est une absolue supercherie. Il n’existe pas de noir ni de blanc. La seule universalité absolue, est l’assertion qui affirme qu’elle n’existe pas.

L’histoire nous a appris, que même les périodes les plus horribles de l’histoire ont servi l’humanité. Ces médecins nazis, abjectes, qui ne méritent que la mort, prenant les juifs, parmi les familles de nombre d’entre nous, mais aussi les tziganes et les handicapés comme cobayes, comme des animaux, au prix de souffrance dont le degré n’est même pas imaginable, ont fait avancer la science comme jamais auparavant. Aussi horrible soit cette vérité, elle est malheureusement indéniable. Ce qui expliqua d’ailleurs, en son temps, que nombre de pays, se soient discrètement battus, pour les exfiltrer chez eux. Où ils ont exercé en toute impunité ensuite.

A un moindre niveau, ce virus, qui a eu des prédécesseurs plus durs encore (la grippe espagnole avait un taux de mortalité à son actif presque 5 à 10 fois supérieur) et aura des successeurs, fait céder quelques pans de cette résistance à l’avancée technologique et au changement. Des résistances dont la France est souvent championne, même quand elles permettraient à ses entrepreneurs de lui donner un leadership Européen, voire mondial. Les exemples ne manquent pas, bien que nous ne nous servirons pas de ces colonnes pour en faire la liste, tant elle serait longue !

Bien entendu, le premier et plus récent exemple, même s’il n’a pas de lien avec le covid-19, c’est Carmat. Un prodige de technologie, qui de plus, recèle de découvertes sur les autres organes, leurs interactions, qui donneront lieu à d’autres « produits » dans les années à venir. Une conception unique, fruit d’une collaboration rare et inédite, entre 2 mondes qui souvent s’ignorent et collaborent peu. Le monde de l’ingénieur et celui du médecin. Un cœur, qui après quelques petits correctifs s’est avéré d’une fiabilité incroyable, après plus de 10 ans de recherche, de construction, de financement. Une fois atteint le stade ultime, celui qui donnait à des patients sur le point de mourir, une extra-balle allant jusqu’à 15 mois, eux qui n’avaient plus que 10 ou 20 jours à vivre et ont pu utiliser ce supplément de vie, non pas alités, implorant la mort, mais actifs, sportifs. Certains, que j’ai pu rencontrer, faisaient à nouveau du vélo, du jardinage. On confinait au miracle. Face à des familles que j’ai pu voir de mes propres yeux, qui considéraient Carmat comme un Jésus moderne, et les remerciait sans cesse de leur avoir rendu un père (le cœur était trop gros pour la cage thoracique de la femme, à ce stade), et un père plein de vie, qui pouvait la finir dans la joie, entouré par les siens.

On crut alors que l’agence de santé française allait se saisir de toutes ses mains disponibles, pour non seulement applaudir et creuser de ses ongles, le chemin du succès de notre pépite…mais non ! Elle lui annonça qu’il faudrait encore des années d’attente, afin de prouver on ne sait quelle fiabilité au nom du principe de précaution, ce tueur de réussite française. Carmat a compris que son avenir passerait par ceux qui savaient s’en saisir, et quitta la France pour les US, levant une somme suffisante pour devenir un succès commercial. Fin de l’aventure française. Financée en partie par nos impôts, pour remplacer le cœur vacillant des Américains qui y ont cru plus que nous.

Il pourrait en être de même, « grâce » à notre « ami » Covid, pour la télémédecine, et la formation à distance. 2 technologies, sur lesquelles la France, en termes de conception aurait pu faire jeu égal avec les USA, le Canada (qui a toujours été en avance comme dans bien d’autres domaines, sur ce sujet), mais 2 sujets sur lesquels, les palabres sans fin, des « experts » et empêcheurs habituels d’innover en France, ont réussi à dégoûter les plus velléitaires, les plus acharnés, alors qu’à l’évidence, les bénéfices étaient potentiellement colossaux.


La formation digitale, le e-learning, le « digital training ». Laminé pendant des années par l’éducation nationale et la législation régissant la formation professionnelle, qui attribuaient à la fameuse feuille de présence (être là) plus de valeur, que d’avoir appris, compris et d’être armé pour le changement. Ce qui était important c’était d’être dans la salle, même assoupi. Et les feuilles d’évaluation, qui, il n’y a pas encore si longtemps incluaient les équipements, la qualité du café et de l’hôtel d’accueil dans les critères de performance de la formation. La magnifique superstructure de l’éducation nationale, qui tentait de laminer les acteurs privés pour préserver le CNED, dont la plateforme digitale, même en 2020, est encore une semi catastrophe en termes d’ergonomie, de navigation et d’utilisation. La superstructure, ne voulait pas de remise en cause du mode d’enseignement. Un mode qui faisait pourtant la part belle à la pratique et mettait fin au savoir descendant, qui tuait l’expression et la créativité de nos enfants. Pour maintenir le pouvoir de l’enseignement plutôt que privilégier l’interactivité et l’autonomie. Des mots proches de l’insulte pour eux.

Notre « ami » COVID met cela à bat. Tout à coup, nous réalisons à quel point étudier à distance, laisser à l’enfant, parfois en collaboration avec ses parents, l’autonomie, l’obligation de recherche sur la partie théorique, sur le sens, et comprendre par lui-même, avec une méthode adaptée à son rythme et son niveau, sa forme d’intelligence, au lieu de suivre une méthode unique pour tous, était finalement plus efficace, et pas si diabolique. Certains que d’autres virus, viendront grossir régulièrement le rang des perturbateurs, et ne voulant risquer à chaque fois de paralyser une économie fragile, je ferai enfin le pari que la formation « online » pourra enfin s’épanouir en France. Ce serait un grand pas pour notre système scolaire et nos enfants. Mais aussi les adultes. D’ailleurs, les acteurs privés se sont mis gratuitement, et sans être sollicités, au service de tous, telle l’initiative de EdTake* et d’autres de la même industrie. Du coup, même le public, s’est ému et fait écho de cette initiative privée, ce qui est rare dans un pays où la puissance publique se méfie du privé comme du diable absolu.

Idem pour la télémédecine. Regardons la magnifique initiative de H4D, qui depuis 10 ans se débat pour offrir une solution aux déserts médicaux, à l’accès à la médecine pour tous, au milieu d’un peuple administratif sourds à ses invocations. Rien. Pas un geste de soutien. Pas une cabine installée dans un Ministère, une mairie ou un hôpital public. Et même récemment, un projet de loi prévoyait (on confine au mauvais comique de boulevard) de demander d’aller faire la consultation physique d’un médecin (par définition éloigné ou très éloigné) pour prescrire une consultation à distance. Vous le croyez ? La société, a dû revoir son modèle et viser les entreprises privées, qui elles, ont compris l’intérêt pour leurs salariés et en ont installé au sein même des entreprises et négocié avec les mutuelles, le remboursement de l’acte, ce que ces dernières se sont empressées de faire. Des pays étrangers ont commencé à en commander. 2020, toujours pas de commande en France.


Et tout à coup le confinement, l’engorgement des hôpitaux, et la télémédecine fait la une de tous les journaux, génériques ou spécialisés. La presse américaine ne tarit pas d’éloges et fustige, les résistances. La France, timidement mais sûrement, y vient également et la résistance, y compris chez les médecins qui doivent en admettre les vertus, fond à vue d’œil. Sans oublier le bénéfice qu’elle aurait en faisant travailler des médecins français, au profit de pays émergents, dans lesquels le COVID pourrait produire un taux de mortalité sans comparaison avec les nôtres. 10 fois, 20, 100 fois, supérieurs.

Alors oui, j’aime cette humanité qui sait accoucher, dans la douleur, de bénéfices positifs pour la société, et les entrepreneurs qui les portent. Après tout, peu importe la cause, pourvu que l’homme en soit le premier bénéficiaire.

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