Pourra-t-on produire de la viande dans l’espace pour coloniser Mars ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un sac de nourriture pour les astronautes d'Apollo 11 (Porc avec pétoncles de pomme de terre).
Un sac de nourriture pour les astronautes d'Apollo 11 (Porc avec pétoncles de pomme de terre).
©ERIC BARADAT / AFP

Burger en orbite

Avec les moyens de transport actuel, il faudrait environ 260 jours pour se rendre sur la planète rouge alors il est nécessaire de se préparer dès maintenant à produire de quoi se nourrir.

Anna Alter

Anna Alter

Anna Alter est journaliste et écrivain. Docteur en astrophysique, elle a été journaliste à Science et Vie, à l'Evènement du jeudi, grand reporter à Marianne et rédactrice en chef adjointe de La Recherche. 

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Atlantico : Depuis des décennies, les humains repoussent les limites de l’exploration spatiale et rêvent de coloniser d’autres planètes. Mais leurs désirs se heurtent à des réalités techniques. Avant de planifier des voyages à plusieurs dizaines de millions de kilomètres de la Terre, il faut trouver des sources de nourriture pour les humains qui prendront part au voyage. La start-up Aleph Farms travaille actuellement sur la possibilité de faire « pousser » de la viande dans l’espace. Comment cela-est-il possible ? Que cherche-t-elle à faire ? 

La guerre froide avait stimulé les imaginations, et les Soviétiques comme les Américains débordaient de projets dans l'espace. Chacun de son côté, ils envisageaient sérieusement de coloniser les planètes de notre système solaire et de partir vers d'autres étoiles dans des aéronefs où des générations se succéderaient avant de trouver une terre d'asile où poser pied. Evidemment ces voyages au long court nécessitaient toute une organisation et des fonds, mais sur notre planète scindée en deux blocs qui s'excitaient mutuellement, on rêvait de conquêtes. On voulait voir si ailleurs le ciel est clément et, dans le cas contraire, "rééduquer" de force le globe nouveau en le redressant, changeant légèrement son orbite ou que sais je encore pour le rendre hospitalié et aimable...Seulement, avec la chute de l'Empire soviétique les grands rêves d'espaces lointains sont tombés à l'eau. Les deux camps, repliés sur la station spatiale internationale pilotée par la Nasa, montent et développent des programmes communs de recherches sur orbite basse. Même le voyage vers Mars, prochaine étape obligée, est sans cesse reporté...On devait y être pour célébrer ensemble l'anniversaire de la découverte de l'Amérique et de la révolution d'Octobre, mais on n'y est toujours pas et la guerre d'Ukraine ne va rien arranger...Heureusement, le privé s'y est mis, en particulier Elon Musk dont l'unique client est la Nasa et il nous fait miroiter un départ pour la planète rouge vers 2024. On s'y prépare donc dare-dare, d'autant que la route est longue. Avec les moyens de transport actuel, il faut environ 260 jours pour se rendre sur place. Des engins plus puissants parviendront dans un avenir plus ou moins proche à raccourcir le trajet...En attendant l'aller-retour+sejour prendra des années et si on ne veut pas mourir de faim en chemin, on doit emmener de quoi se nourrir ou fabriquer son propre manger...C'est sur cette dernière option que travaille la start up israélienne Aleph Farms qui a déjà réussi à produire un petit steack de synthèse à bord de la station spatiale internationale en cultivant des cellules de muscle de bœuf en éprouvette... 

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A quelles limites se heurte la création de viande dans l’espace ? Sommes-nous loin de créer de la viande synthétique ?

La microgravité ne facilite pas la tâche mais les limites à l'heure actuelle sont  surtout financières: la mini lamelle de quelque grammes de viande de culture cellulaire produite par Aleph Farms coûte environ 50 dollars....Nous sommes en phase expérimentation, l'industrialisation va permettre de baisser considérablement les coûts. D'autant que même sur notre planète surpeuplée les besoins en protéines sont énormes et fournir un accès à une nutrition de qualité à tout endroit, à tout moment, dans la durée, est un enjeu majeur pour la survie de l'humanité. D'après les études prospectives la viande issue de culture cellulaire qui n'exige pas pas de milliers d'hectares de terres agricoles ni de millions de litres d'eau, pourrait se tailler la part du lion et détenir à l'horizon 2040 environ 35% du marché terrestre contre 40% pour la viande traditionnelle, et 25% pour les ersatz végétaux...  

Est-ce vraiment une solution adaptée ou est-il préférable de faire venir de la viande directement depuis la Terre ?

C'est sans doute non seulement une solution adaptée aux voyages interplanétaires mais aussi pour résoudre les problèmes de faim dans notre bas monde...et du bien-être animal en mettant fin aux transport des bêtes et à l'abattage industriel, il suffirait de prélever juste quelques cellules sur leur dos pour fabriquer des kilos de viande... 


Serait-il possible d’effectuer de si longs voyages sans « créer » de la nourriture directement dans l’espace ?

Sans doute non. La nourriture déshydratée que l'on embarque à bord des vaisseaux serait lassante à la longue et les colons de l'espace réclameraient des produits frais. On les cultiverait sous serre ou en éprouvette, selon les goûts et les saisons. C'est une recherche d'avenir sur terre comme au ciel 

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