Pourquoi une redéfinition du financement de l’audiovisuel public ne pourra se passer d’une réflexion sur les programmes<!-- --> | Atlantico.fr
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Delphine Ernotte va devoir rédéfinir les programmes de France Télévisions.
Delphine Ernotte va devoir rédéfinir les programmes de France Télévisions.
©Reuters

Zapping

Suite à un rapport de la Cour des comptes du mois d'avril dernier, deux sénateurs ont remis fin septembre un rapport pour redéfinir le modèle de financement de l'audiovisuel public.

 GenerationLibre

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GenerationLibre est un think-tank d’orientation libérale avec comme objectif de concevoir et de promouvoir des politiques publiques reposant sur la responsabilité individuelle et les mécanismes de marché. S’appuyant sur une tradition intellectuelle bien établie, d’Alexis de Tocqueville à Jean-François Revel, GenerationLibre a vocation à aborder l’ensemble des sujets d’intérêt général, qu’ils soient économiques, sociaux ou institutionnels.

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L’audiovisuel public est, en ce moment, en continu sur les écrans. Le Sénat a voté, en fin de semaine dernière, pour l’interdiction de la publicité dans les programmes jeunesse de la télévision publique. France Télévisions et Radio France se sont accordés, début septembre, sur un projet de chaîne d’informations en continu. Fin septembre, les sénateurs André Gattolin et Jean-Pierre Leleux ont remis leurs conclusions pour définir un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public. Un rapport de plus à s’attaquer à ce secteur en crise et à tenter d’apporter des solutions.

Comme le constatent les sénateurs, l’audiovisuel public connaît des dysfonctionnements majeurs. Sa gouvernance, hors norme, et la multitude d’acteurs en jeu empêchent la moindre définition d’une stratégie à long-terme. La gestion budgétaire et financière, "peu rigoureuse" selon un rapport de la Cour des comptes d’avril dernier, est totalement déconnectée du contexte de rigueur des finances publiques. Enfin, le mode de financement de l’audiovisuel, jugé injuste et illégitime selon les sondages, ne fait qu’alimenter son impopularité. L’efficacité et la légitimité du service public de l’audiovisuel sont largement remises en cause.

Pour tenter de répondre à la question de l’efficacité, les sénateurs André Gattolin et Jean-Pierre Leleux ont proposé une nouvelle organisation. Fusionner les sociétés de l’audiovisuel au sein d’une structure unique, dénommée "France Médias", modifier les règles de gouvernance et étendre la redevance. Sans entrer dans les détails de faisabilité pratique, ces propositions paraissent toutefois hasardeuses et insuffisantes au regard de la situation et du climat de défiance actuels. L’exemple de la proposition de fusion au sein de "France Médias" l’illustre : si l’idée d’un groupe unique est séduisante en théorie, l’expérience récente du rapprochement de France 2 et France 3 dans une société unique prouve qu’une telle solution est extrêmement complexe et coûteuse à mettre en œuvre, pour un résultat incertain.

Reste la question de la légitimité d’un service public de l’audiovisuel. Dans sa nouvelle note, le think-tank GenerationLibre s’interroge sur le bien-fondé du contenu de l’audiovisuel public. Etait-ce bien le rôle de l’Etat de diffuser "La Cage aux Folles 3" sur La Chaîne parlementaire dimanche 4 octobre à 20H30 et quatre épisodes de "Cold Case" sur France 4 toute la soirée du jeudi 1er octobre ? Les téléspectateurs devraient-ils accepter sans broncher la "redevance télé" quand bien même ils ne perçoivent que peu, ou pas, ce qui distingue l’offre publique de l’offre privée ? Il est urgent de réfléchir, avant même de se préoccuper du modèle de gouvernance de l’audiovisuel public, à ce que devrait être son contenu.

Dans sa note, GenerationLibre tente dedéfinir ce qui relève du service public et ce que l’offre privée peut assurer. En d’autres termes, quel doit être l’apport de l’Etat au paysage audiovisuel français actuel ? Le think-tank préconise un service public centré sur deux missions conformes au rôle de l’Etat. Un accès gratuit pour tous à la connaissance et la culture, à travers la médiation d’œuvres culturelles, qui s’inscrit dans le rôle de la puissance publique de garantir l’accès à l’éducation. Un point de vue français sur le monde, à travers une chaîne d’information internationale en continu comme l’est France 24, en conformité avec la fonction diplomatique de l’Etat. Un service public audiovisuel réduit à ses missions fondamentales consisterait en deux chaînes : une chaîne de culture et connaissance issue de la fusion de F5 et d’Arte et une chaîne destinée à l’étranger issue de la fusion entre F24 et la part française TV5. Le projet récent d’une chaîne publique d’info en continu n’a, à ce titre, pas sa place : ce n’est pas le rôle du service public de multiplier des projets que pratiquent déjà les groupes privés.

Outre les économies budgétaires significatives et la meilleure acceptation des coûts qui permettraient une meilleure efficacité de l’audiovisuel public, une telle réforme garantirait surtout la légitimité et la véritable valeur ajoutée d’un service public de l’audiovisuel.

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