Pourquoi un grand mouvement Macron-Bayrou-Juppe n’aurait rien de "central" contrairement à ce qu’en pensent ses promoteurs<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Pourquoi un grand mouvement Macron-Bayrou-Juppe n’aurait rien de "central" contrairement à ce qu’en pensent ses promoteurs
©GEORGES GOBET / AFP

Effet d'optique

Même s'il dément toute implication dans le projet, Alain Juppé aurait laissé entendre qu'il préparait une plateforme commune pour les partis du centre à l'occasion des Européennes. Un projet beaucoup moins central que prévu.

Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud est professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble depuis 1999. Il est spécialiste à la fois de la vie politique italienne, et de la vie politique européenne, en particulier sous l’angle des partis.

Voir la bio »
Jean Petaux

Jean Petaux

Jean Petaux, docteur habilité à diriger des recherches en science politique, a enseigné et a été pendant 31 ans membre de l’équipe de direction de Sciences Po Bordeaux, jusqu’au 1er janvier 2022, établissement dont il est lui-même diplômé (1978).

Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, son dernier livre, en librairie le 9 septembre 2022, est intitulé : « L’Appel du 18 juin 1940. Usages politiques d’un mythe ». Il est publié aux éditions Le Bord de l’Eau dans la collection « Territoires du politique » qu’il dirige.

Voir la bio »

Atlantico : Malgré un démenti concernant ses intentions, Alain Juppé a été au centre des débats politiques ce dimanche 12 novembre, en laissant planer l'idée d'une possible alliance, entre le centre droit et les troupes d'Emmanuel Macron pour la formation d'un "grand mouvement central" dans la perspective des élections européennes de 2019. Une idée qui a également été approuvée par Manuel Valls. En quoi une telle alliance correspondrait-elle réellement à un "grand mouvement central"? Quels sont les intérêts défendus par un tel "mouvement", et quelles en sont les conséquences pour une classification politique ? 

Christophe Bouillaud : Si l’on veut rester réaliste, il ne faudrait pas parler  à ce propos de « mouvement central », mais bien plutôt de mouvement centriste, soit un mouvement qui rassemblerait officiellement, et non plus officieusement comme aujourd’hui, les modérés des deux camps historiques de la droite et du centre d’un côté, et de la gauche de l’autre. Un tel mouvement, qui élargirait le périmètre déjà couvert par LREM, à sa droite et au centre, en s’alliant à tous ceux qui refuseront le leadership à la Viktor Orban de Laurent Wauquiez, et éventuellement à sa gauche en récupérant encore des restes du PS, risque cependant de regrouper uniquement les partis, les hommes et les femmes politiques, qui représentent les satisfaits de notre société. En se coupant des extrêmes, ou simplement des convaincus des deux camps historiques de droite et de gauche, ce « mouvement central » n’attirerait probablement les suffrages que de la France satisfaite, celle qui vit encore plutôt bien, qui trouve le statu quo actuel de la société acceptable, qui aime dans le fond l’Union européenne et la globalisation, car elle en profite plus qu’elle n’en souffre. En même temps, ce mouvement de rassemblement du centre-droit et du centre-gauche correspond tout à fait à ce qu’on voit se dessiner dans les sondages actuels d’un Emmanuel Macron qui séduit de plus en plus dans le cœur de la droite modérée et de moins en moins à gauche. Les classes populaires, ces éternels insatisfaits d’une vie qu’ils ne savent pas gérer ou prendre du bon côté,  seraient donc abandonnées aux séductions des adversaires populistes de droite et de gauche. 

Jean Petaux : On peut proposer plusieurs explications possibles pour comprendre les propos d’Alain Juppé, dès lors que l’on ne retient pas l’erreur de transcription journalistique (plusieurs journalistes de la presse diplomatique ont assisté à l’entretien) et qu’on écarte, encore plus sûrement, l’égarement mental de l’auteur des propos.

Première hypothèse : il s’agit d’une menace à peine cachée adressée, sans frais, à Laurent Wauquiez.  Alain Juppé ne supporte pas de voir Laurent Wauquiez en position de prendre la présidence de LR. Une de ses premières « saillies droitières » contre les « dérives de l’assistanat », le 8 mai 2011, alors qu’il était secrétaire d’Etat aux Affaires européennes avait durablement choqué Alain Juppé. Ce dernier est parfaitement conscient que Laurent Wauquiez, brillant esprit et brillant sujet, totale incarnation de ces élites intellectuelles qu’il pourfend aujourd’hui parce qu’il en est totalement le produit, est capable de dire tout et son contraire dès lors que cela est censé le faire gagner. Sur l’Europe, Wauquiez qui fut pourtant, en Haute-Loire, l’héritier du grand Européen que fut Jacques Barrot, suit actuellement une pente dangereuse voire totalement irresponsable. Alain Juppé, comme tout le monde, le sait. Et il ne s’interdit pas de multiplier les mises en garde. Celle visant à constituer une alliance avec les troupes de Macron en est une. En clair : par sa proposition, Juppé met la pression sur Wauquiez dans le cadre de la campagne interne pour la présidence de LR.

La deuxième hypothèse relève plus du fond. La notion de « grand mouvement central » n’a pas grande pertinence si on ne précise pas ce qu’elle recouvre. Posons le problème différemment. Depuis 1958 le clivage politique en France est celui qui sépare la droite de la gauche. Longtemps il y a même eu une forme de confrontation entre « gaullistes » d’un côté et « communistes » de l’autre. On se souvient de Malraux qui disait « Entre nous (les gaullistes) et les communistes, il n’y a rien ». Progressivement les socialistes ont pris le dessus sur les communistes à gauche et les cartes ont changé plusieurs fois de mains au sein du bloc de droite, entre « giscardiens » par exemple et « chiraquiens » ou entre « balladuriens » et « chiraquiens ». Le clivage droite-gauche n’interdisait donc pas des affrontements internes à chacun des deux blocs, mais il restait la structure fondatrice de la Vème République depuis sa création en 1958. Sa prégnance fut telle qu’il effaça ou supplanta toutes les autres lignes de partage. De temps en temps pourtant, un peu comme une image résurgente ou subliminale, d’autres lignes de partage réapparaissaient : jacobins vs décentralisateurs ; libéraux vs conservateurs et puis, aussi bien avec le référendum sur l’adhésion du Royaume-Uni à la CEE, le 23 avril 1972, avec celui sur la ratification du Traité de Maastricht le 20 septembre 1992 ou le dernier sur la ratification du Traité Constitutionnel Européen (TCE) le 29 mai 2005, on a vu un autre clivage se manifester : les Européanistes contre les Anti-Européanistes. Les tenants du paradigme européen et ceux qui le combattent ardemment. Ce clivage-là transcende totalement la ligne de partage « historique » de la vie politique française. En quelque sorte il opère une forme de « remembrement politique », déplaçant les clôtures pour constituer de nouveaux territoires partisans. Donc ce que vous appelez le « grand mouvement central » est peut-être tout simplement le « parti des Europhiles ». Celui qui soutint la création du Conseil de l’Europe en 1949, le plan Schuman le 9 mai 1950, le Traité de Rome le 25 mars 1957 et la création de l’Euro au 1er janvier 1999. Alain Juppé est de ceux-là, « son » premier ministre Edouard Philippe aussi et, bien évidemment, Emmanuel Macron, le seul qui a eu une attitude courageuse sur l’Europe pendant la campagne présidentielle, aux antipodes de la frilosité « eurotimorée » du socialiste Hamon, né et élevé sous Rocard et ancien assistant parlementaire du rocardien Pierre Brana, « chouchou » de Martine Aubry, fille d’un des « pères de l’Europe », Jacques Delors ou de la démagogie europhobe d’un Mélenchon émargeant, en tant qu’élu, depuis 8 ans au budget du Parlement européen… Laurent Wauquiez, soucieux d’être identifié pleinement sur le flanc droit de LR, multiplie les paroles critiques à l’égard de « Bruxelles »… Face à cela l’européen de cœur et de raison qu’est Alain Juppé ne peut accepter de voir jeter aux orties le projet majeur, en Europe, depuis 1945.

Troisième hypothèse sur la proposition d’Alain Juppé. Celle du judoka… Celle consistant à s’appuyer sur la force politique dominante aujourd’hui, La République en Marche pour non seulement renforcer ses « appuis » politiques mais aussi marginaliser ceux qui, au sein de LR, tels Wauquiez et ses amis, veulent utiliser les Européennes de 2019 (premier rendez-vous politique national depuis 2017) pour sanctionner le gouvernement et infliger un premier camouflet électoral massif au président de la République. Alain Juppé n’a sans doute pas envie qu’Edouard Philippe, qu’il soutient de moins en moins discrètement, connaisse un échec politique majeur avec des élections européennes en 2019 transformées en « élections sanctions ». Lors de leurs retrouvailles publiques en terre bordelaise il y a une quinzaine de jours, Alain Juppé et Edouard Philippe ont montré une amitié et un respect mutuel plutôt rares en politique où il est plus commun de mordre la main qui vous a nourrit, de se détourner de celui qui vous a mis le pied à l’étrier, ou de changer de cheval dès que l’on considère que celui que l’on montait a fait la chute de trop…

Comment expliquer cette divergence entre une sincère volonté d'incarner politiquement "le centre" de l'échiquier, et une perception de plus en plus marquée dans l'opinion d'une "Présidence des riches", que ne rejettent pas Alain Juppé et Manuel Valls ? Faut-il y voir une résurgence d'un phénomène de "fausse conscience de classe"​ ?

Jean Petaux : Rappelons ici que le concept de « fausse conscience » a été élaboré par Engels qui entendait ainsi expliquer pourquoi et comment des prolétaires étaient capables de voter pour des représentants de la bourgeoisie, contre leurs propres intérêts, manipulés par l’idéologie dominante, celle de la classe dominante. La « fausse conscience », pour parler trivialement, consisterait à se tirer une balle dans le pied en pensant que, faisant cela, on va courir plus vite.. Ou, à défaut, en se mutilant soi-même, espérer estropier donc ralentir son concurrent… La perception de l’opinion d’une « Présidence des riches » n’a rien voir avec la réalité des faits. Le « parti des Européanistes » n’est pas composé majoritairement de « riches » ou de « défenseurs des riches ». De la même manière que des « riches » peuvent très bien se montrer parfaitement hostiles à l’Europe et à sa politique d’ouverture des frontières par exemple. Il n’est donc pas question ici de « fausse » ou de « vraie » conscience de classe. Comme souvent en politique tout est affaire de symboles. Les déclarations de patrimoines présentées par les candidats à la dernière présidentielle ont révélé que Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon, tout politiques de gauche qu’ils sont, disposent personnellement d’un fort confortable patrimoine immobilier… Ils étaient de « fort riches candidats » et pour autant nul n’a songé à les étiqueter « candidats des forts et des riches ». Emmanuel Macron, pour sa part, identifié comme « Banquier chez Rothschild » (un petit coup d’antisémitisme ça n’a jamais nuit, surtout par les temps qui courent…) a été affublé, dès le mois de septembre 2016 de toutes les impérities possibles et imaginables. En réalité il faut bien le constater, n’en déplaise aux « opinionlâtres » de tous bords : ce n’est tant pas que « l’opinion publique n’existe pas » pour parler comme Patrick Champagne, c’est qu’on lui fait dire (ou qu’elle dit toute seule) de profondes imbécilités, tombereaux d’inepties sacralisées parce que venant du peuple ; dangereuses parce qu’elles se situent souvent au ras du caniveau et que la « rue » peut les faire siennes ; dûment relayées par les apprentis sorciers de tous poils. Une chose est certaine : Alain Juppé, Emmanuel Macron, comme d’autres hier tels que Valéry Giscard d’Estaing ou  François Mitterrand n’ont pas montré la moindre complaisance à l’égard des « dynamiteurs d’Europe » : cela suffit peut-être à leur conférer le statut, enviable, d’hommes politiques responsables, voire d’Hommes d’Etat. Jacques Chirac eut une seule défaillance en la matière : son fameux « Appel de Cochin » lancé le 6 décembre 1978, bêtement inspiré par Marie-France Garaud et Pierre Juillet. Il s’empressera d’oublier et de faire oublier un texte outrancier, boursouflé, pour tout dire ridicule… et s’affirmera pour le « oui » au Traité de Maastricht quand d’autres, qui rêvaient d’un destin par le « non », se réveilleront mesquins dans la défaite, en 1992. Rêvant d’une revanche en 2005, qu’ils auront sans lendemain d’ailleurs.

Christophe Bouillaud : D’une part, sauf à se laisser prendre aux discours qui annoncent une Présidence « sociale », il n’y a pour l’heure qu’à constater que les principales décisions budgétaires annoncées vont dans le sens d’aider immédiatement ceux qui ont beaucoup à avoir encore plus et de faire des coupes dans des budgets qui aident en pratique ceux qui ont peu ou rien (comme avec les emplois aidés ou les APL). La suppression de l’ISF, et les autres réformes en matière de fiscalité des revenus du capital, sont perçues sans surprise par une bonne part de l’opinion publique comme des « cadeaux aux riches ». Surtout, ce qui me parait le plus important, c’est le fait que toutes ces décisions semblent dans leur cohérence correspondre aussi à une vision de l’utilité des habitants de ce pays uniquement  fonction de leur capacité à innover. La louange faite aux entrepreneurs, innovateurs, start-uppers de tous acabits, réels ou supposés d’ailleurs, possède pour contrepartie,  en creux,  la négation de l’utilité de tous les autres habitants de ce pays, en particulier de l’ensemble des classes populaires et moyennes. Cela fait tout de même beaucoup de monde dans un pays comme la France. Ce qui a pu être interprété comme du « mépris de classe » tient sans doute à la réalité de convictions partagées par tous les gens qui suivent Emmanuel Macron selon lesquelles, en réalité, seule une élite de bonne volonté crée toute la richesse présente et à venir de la société, et que les autres, par paresse ou absence de formation, en profitent déjà bien assez ainsi. Ce n’est pas donc tant une « fausse conscience de classe » qu’une vision très restreinte de ce qui fait avancer une société. Bref, on se dit parfois que cette nouvelle classe politique aurait besoin de relire quelques fables de La Fontaine. Et on se dit aussi que LREM et son chef payent le fait de n’avoir mobilisé en fait qu’une partie de la classe moyenne supérieure, comme le montre la députation LREM, totalement incapable de se mettre à la place de tout le reste de la population. N’ayant pas de réflexion sur la société, qui aille au-delà de leur expérience réussie de la vie, cette nouvelle classe politique risque l’isolement, et, en plus, elle n’a même pas pour elle la force de rappel que constitue pour les autres vieux partis la gestion des affaires locales. Celle-ci possède  en effet le mérite de renseigner les classes moyennes et supérieures qui constituent partout les élites municipales et locales aux besoins et aux contraintes de leurs concitoyens moins choyés par le destin. 

Comment anticiper le potentiel d'une telle alliance dans les circonstances de l'élection européenne de 2019 ? Cette échéance n'est-elle pas justement un moyen de créer, au sein de l'opinion, un clivage parfaitement adapté à la nature de ce" grand mouvement central" ? ​

Christophe BouillaudAprès deux ans de gouvernement, au printemps 2019, sauf à avoir de son côté des résultats économiques mirobolants, le camp présidentiel se verra menacé d’une contre-performance. Il y aura sans doute aussi les conséquences politiques du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu commencé en janvier 2019 qui ne manquera pas d’affoler les Français sur leur pouvoir d’achat, et aussi de donner lieu à quelques catastrophes bureaucratiques dans sa gestion au jour le jour.  Regrouper tous les soutiens de la politique macronienne en une seule liste peut du coup aider à surmonter l’épreuve, et surtout peut permettre de passer en tête des listes qui se présenteront à cette élection qui se joue à la proportionnelle. Les médias amis auront ensuite beau jeu de souligner la majorité relative de ce camp. Elle sera d’autant plus forte que ce mouvement saura regrouper tous les citoyens pro-européens, âgés et aisés du pays – les électeurs les plus participationnistes.

Cependant, il est certain qu’à droite et à gauche, les oppositions ne manqueront pas. Il n’est pas certain que regrouper tous les pro-européens modérés en une seule liste ne soit pas au contraire l’occasion d’ouvrir le jeu au profit de toutes les autres listes au nom de la critique de l’Union européenne, qu’elle vienne de droite ou de gauche. La présentation par les médias du résultat peut alors faire ensuite beaucoup. Le camp pro-européen peut n’avoir que 30% des suffrages, mais être présenté comme vainqueur contre des adversaires dispersés à droite et à gauche, inversement, ces mêmes médias pourraient lire le résultat comme une sévère défaite de 30% contre les 70% autres. Il n’est donc pas sûr que cette concentration « européiste » soit un si bon calcul politique que cela. 

Quoi qu’il en soit, les élections européennes jouées sur ce registre pro-Macron/anti-Macron devraient effectivement solidifier le clivage pro-Européens/anti-Européens que l’on a déjà vu à l’œuvre au second tour de la présidentielle, mais aussi permettre à l’anti-européisme de gauche et de droite de voter « contre Macron » sans risque de porter une Le Pen à la Présidence de la République. 

Jean Petaux : Le risque politique des Européennes de 2019 à venir pour la majorité gouvernementale et pour le président de la République, est celui, classique, des « élections intermédiaires ». Premier rendez-vous politique d’envergure nationale après les législatives de juin 2017, le scrutin de 2019 peut tout à faire être régi par le principe des élections intervenant après une période de « sevrage électoral ». Le corps électoral se sert de la consultation pour envoyer, dans son vote, des messages qui n’ont rien à voir avec les enjeux politiques développés pendant la campagne. En d’autres termes les élections européennes se sont souvent révélées très médiocres pour les majorités politiques en place. Elles ont souvent profité aux formations constituant l’opposition et, plus nettement encore, aux partis politiques très minoritaires (les « Verts ») n’ayant aucune perspective pour gouverner seuls ; extrémistes (le Front National)  ou tribunitiens (le Front de Gauche hier, sans doute la France Insoumise demain). On peut donc considérer qu’il y aura quelque risque à s’associer à la majorité gouvernementale en 2019 pour renforcer une « pôle central » dans la vie politique française.  Mais comme il est aussi probable que le scrutin européen, en 2019, revienne à une seule liste nationale et non plus à huit circonscriptions « super-régionales », on peut aussi considérer qu’il y aura tout intérêt à « monter » des coalitions pour, à la proportionnelle, « ratisser » le plus largement possible et, obtenir, par voie de conséquence, le reliquat de sièges non gagnés directement mais attribués à la plus forte moyenne (méthode d’Hondt). Ce mode de répartition favorise, mécaniquement, les listes ayant obtenu le plus de voix.

Il faut sans doute envisager sérieusement que ce « grand mouvement central » n’est que la « résurrection » de la fameuse « Troisième force » qui a été la configuration dominante pendant 11 des 12 années de la IVème République, rejetant les « deux bouts de l’omelette » (le PCF et le RPF), selon l’expression consacrée, à l’extérieur du « plat ». Cette « Troisième force » a non seulement été le fondement politique des gouvernements de 1947 à 1958, elle a fonctionné dans les villes françaises, pour les majorités municipales, de 1953 à 1977… C’est dire si cette « figure politique » est appréciée des Français… Autrement plus que les petits coups de menton d’un Laurent Wauquiez qui n’a ni le génie créatif d’un Sarkozy ni l’empathie charismatique d’un Chirac.. Avatar « buissonnien » encore inachevé en attente de la présidence d’un parti vidé de sa substance et purgé de ses meilleurs éléments. Ce qui risque de se passer en 2019 c’est, plus ou moins avouée, plus ou moins affichée, une nouvelle version du clivage  autour du paradigme européen, entre « pros » et « antis », entre « souverainistes » et « européanistes » : c’est là que le « grand mouvement central » (pro-Européen) pourra trouver ou pas une concrétisation.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !