Pourquoi un budget terne et sans ambition est un obstacle aux réformes indispensables<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pourquoi un budget terne et sans ambition est un obstacle aux réformes indispensables
©

Editorial

Le projet de loi de finances pour 2016 du gouvernement de Manuel Valls a été adopté, mercredi 30 septembre, en Conseil des ministres. Et il est terne, sans ambition, avec même de mauvais signaux tels que l’augmentation du nombre des fonctionnaires et avec un grand vide concernant la place des réformes.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

Le projet de loi de finances qui vient d’être adopté par le Conseil des ministres est à l’image de François Hollande : il est terne, sans ambition, avec même de mauvais signaux tels que l’augmentation du nombre des fonctionnaires et avec un grand vide concernant la place des réformes. Au total, un ensemble de dispositions qui confirme une fois de plus l’incapacité du pouvoir à sortir de la vieille routine pour innover, adapter le pays et réduire l’écart qui ne cesse de se creuser avec nos principaux partenaires européens.

Le dernier budget du quinquennat qui s’appliquera en année pleine ne permettra pas de corriger les effets désastreux des hausses d’impôts qui avaient marqué les deux premières années du retour des socialistes au pouvoir, en étouffant la reprise et provoquant un bond du chômage. Depuis lors, on applique toujours la technique du rabot, en gelant certains crédits, réduisant a minima certaines dépenses, sans jamais aller au fond ni entamer la moindre réforme d’envergure. Un exemple parmi d’autres : plus de deux cents taxes à faible rendement dont le recouvrement coûtait parfois plus cher qu’elles ne rapportent avaient vocation à être supprimées, mais le gouvernement s’est arrêté à trois seulement pour un montant de 36 millions face aux résistances qu’il a rencontrées.

Le principal reproche énoncé au projet est le flou qui le caractérise, avec de nombreuses inconnues, faute de définir vraiment un cap et une stratégie, avec cet optimisme bien dans la nature de François Hollande en ce qui concerne les perspectives de croissance, car la plupart des experts mettent en doute la possibilité de réaliser 1,5% l’an prochain, alors que les prévisions pour 2015 sont déjà revues à la baisse.

Fidèle à son comportement traditionnel, le gouvernement prétend distribuer les bénéfices d’une reprise qui n’existe pas encore, en accordant une pincée de baisse d’impôt pour huit millions de contribuables représentant les classes moyennes inférieures (les classes populaires n’étant pas soumises à cet impôt dans la pratique). En réalité, il n’y a pas de véritable pause fiscale pour les ménages avec la prolifération de nouvelles taxes insidieuses, alors qu’elle s’est déjà alourdie de 18 milliards pour les trois budgets précédents.

Tandis qu’un grand point d’interrogation concerne les économies : 21 milliards avaient été promis pour cette année, alors que 18,5 seulement ont été couverts. Pour 2016, seize milliards sont annoncés, mais le Haut conseil des finances publiques se montre réservé face aux risques qui demeurent.

Finalement, la France sera contrainte d’emprunter 187 milliards, autant que cette année, avec une charge de la dette qui représentera 44,5 milliards d’euros, plombant le déficit à plus de 300% et faisant sans doute de notre pays la lanterne rouge en Europe. On n’ose imaginer ce qu’il adviendra si les taux d’intérêt reprennent leur ascension dans le monde ce serait dramatique pour les finances publiques.

Au total, François Hollande a voulu, encore une fois, retarder les échéances en reportant à plus tard les décisions indispensables au redressement du pays. L’opinion y est prête pourtant comme le montrent les sondages, mais c’est souvent la classe dirigeante qui conforte le pouvoir à ne pas désserer les freins pour continuer à bénéficier de ses privilèges avec des syndicats qui ne représentent qu’eux-mêmes et pas leurs troupes exsangues. La France ne pourra rester plus longtemps dans son splendide isolement, en consommant plus qu’elle ne produit, en affichant un commerce extérieur en déficit malgré les avantages que lui procurent la baisse du pétrole et de l’euro. Car la pression extérieure se fait de plus en forte. Les réformes sont inévitables, mieux vaudrait les préparer pour éviter qu’elles ne s’accomplissent un jour dans le désordre.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !