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Pourquoi les nuages s’accumulent sur la croissance
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Edito

Alors que l’économie européenne sort d’un hiver qui s’est montré rigoureux sur le plan du climat, le printemps qui arrive ne justifie pas les espoirs que l’on place traditionnellement dans cette saison. Au rythme où se succèdent les mauvaises nouvelles, des craintes sérieuses se font jour sur la croissance.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Alors que l’économie européenne sort d’un hiver qui s’est montré rigoureux sur le plan du climat, le printemps qui arrive ne justifie pas les espoirs que l’on place traditionnellement dans cette saison. Au rythme où se succèdent les mauvaises nouvelles, des craintes sérieuses se font jour sur la croissance. Le pic enregistré en décembre 2017 parait déjà bien loin ainsi que l’euphorie qu’elle avait engendrée. A la base de ce retournement on trouve un phénomène que l’on a déjà connu dans le passé : un nouveau choc pétrolier. En l’espace d’un an, les cours de l’or noir ont bondi de quarante pour cent, passant de 55 dollars à 80 dollars, dont les effets dépressifs sont encore accrus en Europe par la baisse de l’euro. Pour l’ensemble du monde la facture pétrolière pourrait s’accroître de mille milliards sur une année complète, ce qui va mettre en difficultés bon nombre de pays et peser ainsi sur l’évolution du commerce international. Pour la France, cela représenterait une ponction de 0,6 point du produit intérieur brut. Et ceci au moment où d’autres influences négatives commencent à se faire sentir.  Ainsi les grèves des transports ont déjà un impact sur l’activité, notamment dans la restauration et le tourisme. Le moral des entrepreneurs qui avait atteint à la fin de l’an dernier son point le plus élevé depuis dix ans, est en recul sensible. Un phénomène qui atteint aussi nos voisins, à commencer par l’Allemagne, qui se trouve dans la cible des attaques de Donald Trump et l’Italie, aux prises avec une situation politique désastreuse, en l’absence d’une véritable majorité de gouvernement. Avec une première conséquence : les salaires n’augmentent pas autant qu’ils devraient alors que l’économie venait de connaitre une phase d’expansion, ce qui va brider le pouvoir d’achat. Et l’on enregistre déjà un tassement de la demande des ménages au moment où les entreprises commençaient à être affectées par la difficulté de recruter du personnel qualifié. La remontée du chômage au premier trimestre, qui atteint désormais 9,2% de la population active a apporté une nouvelle inquiétude dans l’opinion, comme si l’on n’arrivait pas à le faire baisser au-dessous de neuf pour cent qui représenterait une sorte de barre structurelle en l’absence des réformes de fond qui sont toujours en attente. La Bourse elle-même qui manifestait une sorte d’insolence face à la montée des périls, pourrait bien commencer à accuser le coup et mettre un terme à l’euphorie exagérée qu’elle entretenait, sans prendre garde à la remontée lente mais régulière des taux d’intérêt qui avait commencé aux Etats-Unis, avec le risque de se propager lentement dans le reste du monde.

Le pays se trouve dès lors à la croisée des chemins : si les particuliers ne puisent pas dans leur épargne pour maintenir un pouvoir d’achat menacé par le choc pétrolier et si les entreprises n’acceptent pas de rogner un peu sur les nouvelles marges reconquises ces derniers mois, la croissance va patiner à nouveau, avec la quasi assurance de voir s’accroître à nouveau les déficits alors que les dépenses de l’Etat continuent de croître et vont se trouver impactées par la reprise d’une grande partie de la dette de la Sncf. Le danger est grand désormais de plonger le pays dans une forme d’attentisme après la grande vague de confiance et d’espoir qui avait marqué l’élection d’Emmanuel Macron. Au moment où il faudrait entrer dans le dur des réformes, les freins face aux réformes vont se multiplier pour une défense du statu quo de plus en plus difficile à tenir face aux transformations du monde et qui se traduiraient par une reprise du déclin pour la France.

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