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Pourquoi le gouvernement ne fait pas une priorité de la baisse du déficit
©FRANCOIS GUILLOT / POOL / AFP

Edito

"La Cour des Comptes tire régulièrement la sonnette d’alarme devant l’espèce d’indifférence que manifeste le pouvoir face à la montée de l’endettement – aussi bien pour le privé que pour le public. Emmanuel Macron refuse de voir la montée des périls".

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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En cette rentrée marquée comme chaque année par une certaine morosité, malgré la persistance d’un soleil propre à réchauffer les cœurs, les Français ont le sentiment de vivre un déjà vu sur le plan économique. La brillante période du début du quinquennat d’Emmanuel Macron avec une croissance qui a dépassé l’an dernier 2,3% et l’amélioration de toutes les grandes données conjoncturelles apparait déjà comme reléguée au passé, comme si le pays était tenté de retomber dans  les ornières de la médiocrité, en réalisant des performances inférieures à celles de la moyenne de ses partenaires.

Ainsi, les prévisions pour l’an prochain sont en recul par rapport à 2017 qui restera comme une année exceptionnelle. Les principaux indicateurs se dégradent au point de remettre en question le satisfecit que nous avait délivré Bruxelles pour le début de remise en ordre dans les comptes. L’affaiblissement de la croissance engendre une réduction des rentrées fiscales et une aggravation des déficits. La France bénéficie pourtant de la forte baisse du loyer de l’argent : elle versera cette année quarante milliards d’euros pour payer les intérêts de sa dette publique, alors qu’elle aurait dû acquitter soixante-dix milliards si le loyer de l’argent était resté à son niveau d’il y a cinq ans. Le gouvernement profite de cette aubaine sans se préparer à des jours qui s’annonceront plus difficiles lorsque le mouvement de hausse des taux amorcé aux Etats-Unis finira par se répercuter en Europe. La Cour des Comptes tire régulièrement la sonnette d’alarme devant l’espèce d’indifférence que manifeste le pouvoir face à la montée de l’endettement – aussi bien pour le privé que pour le public. Emmanuel Macron refuse de voir la montée des périls. Les dépenses nouvelles fleurissent sur le plan militaire, pour améliorer la sécurité. La reprise de la dette de la SNCF alourdit les comptes. Alors que parallèlement rien n’est fait pour améliorer sur le fond les réformes qui étaient pourtant dans le programme présidentiel. On voir réapparaitre régulièrement des dossiers qui étaient déjà sur la table des équipes précédentes. Le Président prononce des discours d’une bonne facture avec une grande élévation de pensée, mais lorsqu’il  s’agit de passer à l’exécution, on constate que les engagements importants sont toujours annoncés pour la fin du quinquennat, alors que dans l’immédiat, on se contente de quelques réglages à la marge, des ajustements  qui ne changent pas vraiment la feuille de route.
En réalité, depuis 1974, dernière année où les comptes publics étaient à l’équilibre, les régimes qui se sont succédés n’ont cessé de promettre des réformes, sans avoir le courage de les réaliser à fond. Ce n’est jamais le moment : dès que la situation conjoncturelle s’améliore, le relâchement entre en lisse, alors que c’est à ce moment qu’il faudrait agir. Tous nos partenaires l’ont fait. La France fait exception.  Aujourd’hui, le ralentissement est plus marqué que dans les autres pays européens. Et déjà un clignotant s’allume sur le front du chômage. Les créations d’emplois ont tendance à plafonner et certains économistes s’interrogent pour savoir s’il n’y aura pas un coup d’arrêt, alors que les besoins liés à la démographie sont énormes, et si Emmanuel Macron ne risque pas d’être victime de la persistance d’un taux excessif de chômage - la France se situe au vingt-cinquième rang sur vingt-huit en Europe - comme François Hollande avait attendu pendant cinq ans le retour de la croissance. Le doute est en train de regagner sournoisement du terrain, minant la confiance que le chef de l’Etat avait su restaurer, en créant chez nos compatriotes un sentiment amer de ne pouvoir réaliser ce que tous les autres ont fait et de glisser ainsi progressivement vers un retour à l’immobilisme.

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