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Pourquoi la France continue d’accroître la complexité qui paralyse le bon fonctionnement de l’économie
©LUDOVIC MARIN / AFP

Edito

Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage. Cette vieille maxime n’a rien perdu de son actualité. A son tour Emmanuel Macron y recourt pour reprendre le fil des réformes souhaitées par ses prédécesseurs et qui se sont terminées par un fiasco face aux ambitions affichées pour transformer le pays.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage. Cette vieille maxime  n’a rien perdu de son actualité. A son  tour Emmanuel Macron  y recourt pour reprendre le fil des réformes souhaitées par ses prédécesseurs et qui se sont terminées par un fiasco face aux ambitions affichées pour transformer le pays. Après la revue générale des politiques publiques (RGPP) créée par Nicolas Sarkozy,  ou encore la modernisation de l’action publique de François Hollande, (MAP), il vient d’installer le comité de l’action publique 2022, composé de vingt-cinq personnalités, qui sera chargé d’ouvrir cinq principaux chantiers parmi  lesquels trois thèmes principaux : la simplification  administrative, la transformation numérique et l’organisation  territoriale.

Tout cela donne l’idée de déjà vu, tant  les  mauvaises habitudes héritées depuis des générations  ne  cessent  de refaire surface dans  ce pays. On  le  voit même à l’Assemblée nationale,  où l’on  aurait pu espérer que l’énorme coup de balai procuré par les dernières élections aurait permis de créer un esprit nouveau . Mais, soulignent  certains  observateurs sarcastiques,  en dehors de  la buvette  dont la fréquentation connait  une chute spectaculaire, les nouveaux élus auraient  tendance à retrouver inconsciemment certaines mauvaises pratiques des anciens , ce qui implique un encadrement sans  faille du pouvoir  pour ne pas retomber dans les ornières du passé.

On le  voit à propos du budget. Le gouvernement  a réussi à faire passer en commission des finances l’essentiel  de son projet, mais  bon nombre  de députés  ont retrouvé le goût inné  du Parlement pour imprimer sa marque grâce à une  créativité fiscale débridée,  en proposant une multitude de taxes,  concernant aussi bien les inondations que le tabac, l’essence, les sodas, les yachts, les voitures de luxe ou les métaux précieux. Autant de propositions qui donnent le tournis et développent dans l’opinion le sentiment d’une marée d’impôts prêtes à  submerger les contribuables.  Alors que la sagesse voudrait que l’on  s’oriente vers une diminution des taxes et le recours à des taux faibles pour éviter d’aller à l’encontre du message officiel sur la  diminution des  prélèvements obligatoires  au risque de faire resurgir le raz le bol fiscal, sans compter  le  coup de grâce que pourrait porter la mise en place  du prélèvement à la source en 2019, avec les complications  qu’il va engendrer. On attend toujours l’annonce de la suppression de certains impôts .Pour l’heure la complexité risque de s’accroître encore. Et les niches fiscales sont toujours aussi éclatantes : on en recense  au moins  450 qui représentent  80 milliards  d’euros, qui pourraient  recevoir  une affectation plus souhaitable  pour l’économie.

Quant à la simplification  administrative, le chantier reste totalement ouvert.  La Cour des comptes vient de porter un constat sévère  sur les  deux quinquennats  précédents : le millefeuille territorial est plus présent que jamais. Les objectifs de simplification et de spécialisation annoncés n’ont pas été atteints.  Aucun niveau de l’administration publique n’a été  supprimé avec la multiplication  des métropoles, au nombre de vingt-deux désormais et de répartition  très inégale. La clarification des compétences se fait toujours attendre. Il en résulte  des surcoûts de fonctionnement dans  les collectivités  fusionnées, avec un développement de la  réunionite,  cette maladie  bien française. Et devant cette paralysie croissante, les élus ont l’audace (ou l’inconscience) de demander  au pouvoir une pause dans les réformes dont l’opinion  ne voit pourtant pas  la  trace.

Emmanuel Macron a sans doute raison de vouloir reprendre le combat. Cela suppose une volonté et une énergie dont ses prédécesseurs n’ont pas été capables, car il  faut surmonter les conservatismes de l’administration et des lobbies qui souhaitent  la réforme dans les  paroles, mais  pas  dans  les  actes.

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