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Pourquoi la chute des bourses annonce un coup de tabac sur la croissance
©SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Edito

Les boursiers du monde entier ont horreur du mois d’octobre. Car le souvenir du 24 octobre 1929 qui avait marqué le début de la première grande crise mondiale reste gravé dans les mémoires.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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D’autant qu’il avait connu une récidive notamment en 1987 et 2008. Au demeurant, depuis des semaines, les places financières connaissent une agitation fébrile, liée il est vrai à la hausse insolente enregistrée par la place de New York, qui avait commencé bien avant l’élection de Donald Trump. Depuis le début de la semaine la baisse est générale : la capitalisation boursière mondiale a perdu en quelques jours des centaines de milliards de dollars. A New York, le Nasdaq n’affiche plus sa superbe. A Paris, le CAC 40 et désormais dans le rouge après la belle performance de l’an dernier. Le phénomène est général, à part quelques cas particuliers comme l’Australie ou les Philippines.

A l’origine du chambardement actuel, la prise de conscience des dangers que fait naître la guerre commerciale amorcée par les mesures prises par les Etats-Unis à l’encontre de la Chine et de ses principaux partenaires, ponctuée par les avertissements lancés par les grandes institutions internationales comme le Fonds Monétaire qui redoute un coup de frein brutal de la croissance. Avec une première conséquence : depuis des mois, on observe des dissonances entre les marchés européens qui connaissaient une sorte de léthargie, les capitaux quittant la vieille Europe pour s’engouffrer aux Etats-Unis, à la plus grande joie de Donald Trump. Il est vrai aussi que la remontée des taux d’intérêt amorcée par la Fed pour calmer la surchauffe de l’économie crée un climat plus attractif pour les capitaux en quête d’une rémunération moins médiocre que celle offerte sur le vieux continent et contribue au déséquilibre observé de part et d’autre de l’Atlantique.
Mais il y a plus grave que la seule rémunération du loyer de l’argent : le développement des politiques protectionnistes qui se généralisent dans le monde. Selon la Coface, elles ont doublé depuis 2010 et commencent a à pénaliser sérieusement les exportations, car une hausse d’un pour cent des droits de douane aux Etats-Unis se traduirait par une réduction de 0,5% des exportations. Quand on sait que ce pays pèse pour le quart de l’économie mondiale, on mesure le retentissement qui en résulte et combien ses partenaires en souffrent puisque la mondialisation des chaines de production s’est accélérée avec la libéralisation des échanges au cours des années passées. La Chine est touchée au premier rang puisque la moitié de ses ventes aux Etats-Unis sont affectées par les surtaxes annoncées par Donald Trump. Mais l’Europe ne sera pas épargnée, en particulier l’Allemagne, dont le commerce extérieur représente une donnée essentielle de la croissance. La France subira aussi le contre coup avec une croissance désormais ramenée à 1,6% seulement.
Ce sont ces prévisions pessimistes qui expliquent le décrochage des places financières, car les marges des entreprises en seront affectées et les bénéfices vont chuter, conduisant à réviser les estimations des marchés. Mais à court terme, c’est un handicap pour Donald Trump, pour lequel la bonne tenue de Wall Street était une condition nécessaire à sa réussite lors des élections de mi-mandat qui approchent à grands pas. La poursuite de la baisse des actions serait un mauvais signal et on peut penser qu’il ne se contentera pas de mettre en cause la politique de relèvement des taux de la Fed, mais qu’il mettra tout en œuvre pour stabiliser le marché américain d’ici la date du scrutin. Alors que la véritable solution pour rassurer la planète financière serait de réviser sa politique commerciale, ce qui n’est pas à l’ordre du jour.

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