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Présidentielle : 
s'indigner des dérives syndicales, 
c'est bien... Agir, c'est mieux !
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Aveugles

Les principaux candidats à l'élection présidentielle ont passé un grand oral devant la Confédération générale des PME, ces deux dernières semaines. Le syndicat avait pourtant été vivement critiqué par la commission d’enquête parlementaire sur le financement des organisations syndicales, menée par Nicolas Perruchot. Il pointait notamment des dérives dans l'utilisation des fonds, majoritairement d'origine publique, des syndicats patronaux et ouvriers.

Hervé Lambel

Hervé Lambel

Hervé Lambel est candidat à la présidence du Medef et co-fondateur du CERF (Créateurs d'emplois et de richesse en France).

D’une lignée d’entrepreneurs, il est diplômé de l’EPSCI (Essec). Il entre en 2000 à la CGPME, puis fonde en 2003 le CERF, dont il devient Président et porte-parole en 2004. Il fait notamment partie des premiers lanceurs d'alerte sur la crise économique et les problèmes de trésorerie des entreprises. Il est également le créateur d’HLDC, société de service et d’investissement.

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Le 16 février dernier, le magazine Le Point publiait l’intégralité du Rapport Perruchot, résultat de la Commission d’Enquête Parlementaire chargée de faire la lumière sur le financement des syndicats, que ce soient les organisations patronales ou de salariés.

Chacun a ainsi pu prendre connaissance des conflits d’intérêts par exemple qui surviennent dans un univers dont les Français ignorent tout, mais qui préside à leur destinée économique et sociale, de façon parfois plus décisive que les politiques. Le document évoque notamment l’insuffisance des cotisations pour assurer le financement des syndicats, pour y pallier le recours à l’argent public dans le meilleur des cas, le tout sans contrôle de la part des citoyens et ayant-droit.

Les pratiques qui ont été dévoilées sont qualifiées de scandaleuses par la presse qui s’en est fait l’écho, allant jusqu’à évoquer des gabegies, voire pire. Et la liste, longue, ne serait pas exhaustive… comme semblent en attester les papiers qui continuent de sortir, au fur et à mesure que les langues se délient. Par exemple, dans le magasine Lyon Capital d’avril, les soupçons sur l’origine du financement de l’acquisition de bureaux par la CGPME à Paris dans un des quartiers les plus chers de la capitale.

Un espoir était né de l’indignation exprimée par de nombreux politiques et candidats à l’élection présidentielle en réaction à la possibilité que le rapport soit enterré. Espoir nourri par les discours quotidiens sur l’éthique, la morale et la justice d’une Eva Joly qui se rêve Garde des Sceaux affirmant que l’action doit être sans relâche, quotidienne, « contre toute atteinte à l’éthique et contre toutes les formes de corruption », d’une Marine Le Pen faisant le procès des « vendus » ou demandant des « opérations mains propres », d’un François Hollande qui dénonce les arrangements et demande plus de justice, d’un François Bayrou qui nous promet un référendum sur la moralisation des affaires publiques et la politiques, d’un Nicolas Sarkozy qui dénonce les problèmes liés aux partenaires sociaux et aux corps intermédiaires. Certains de ces personnages sont présentés depuis des années comme des emblèmes de ce combat. Presque des icônes que vénère le bon peuple. Et les média.

Mais, à défaut de les voir élus pour mener ce combat, les Français auraient pu s’attendre  à ce que les actes  de ces candidats soient mis en conformité avec leurs propos. Les électeurs auraient pu s’attendre, notamment des donneurs de leçons, qu’ils prennent au moins des distances avec tout ce qui s’apparente de près ou de loin à ce qu’ils dénoncent.

Laissant tomber le masque, il semble qu’ils aient préféré aller à la pêche aux voix en répondant à l’invitation de la CGPME pour y présenter leur programme. Car en poussant jusqu’à ce rendre eux-mêmes au siège d’une organisation largement mise en cause par une commission d’enquête parlementaire,  ils sacrifient l’éthique et la morale sur l’autel de leurs ambitions[A1] , qu’elles soient présidentielles ou purement politiques pour ceux qui se savent d’ores et déjà disqualifiés du second tour !

Sur les cinq candidats qui s’y sont rendus à ce jour, quatre ont fait de l’éthique et de la morale leur fonds de commerce électoral pour cette campagne. Et on attend du cinquième qu’il nous éclaire sur sa position sur les organisations patronales, et donc la CGPME, tant ses propos sur les organisations de salariés sont, déjà, sans ambiguïtés... sa sortie sur « l’argent de la formation doit servir à former » sonne comme un coup de semonce, mais reste en effet assez éloigné de ce qu’attendent les Français sur ce sujet et celui de la représentation des entreprises.

Quels résultats attendent-ils donc de ce qui s’apparente en fait à un faux-pas majeur qui montre à quel point les uns et les autres vivent dans un monde rêvé, déconnecté de la réalité et des problèmes qui se posent à nous : espérer faire valoir leur point de vue auprès d’hypothétiques électeurs ou conserver les faveurs de structures détenant un pouvoir au travers l’argent public ?

L’indignation comme fonds de commerce électoral résistera-t-il à ce qui s’apparente à une compromission, en particulier pour les plus véhéments sur le sujet ?

Les donneurs de leçons qu’ils ne sont pas capables de s’appliquer à eux-mêmes, devraient faire preuve d’un peu plus de retenue et de réserve pour, enfin, faire de leur mise en scène une véritable campagne électorale qui vise à résoudre les problèmes des Français et relever les défis à laquelle la France est confrontée. Pour l’instant, la contradiction de leurs propos avec leur venue à la CGPME nourrit ce qu’ils disent craindre ou vouloir combattre : l’abstention !

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