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Pourquoi Benoît Hamon peut compter sur l’état des finances des Verts et des communistes pour l’aider à construire un accord électoral
©AFP

Convention d’investiture du candidat PS

D'un point de vue politique et financier, Benoît Hamon pourrait construire, sans grande difficulté, un accord électoral avec les Verts et les communistes. Sur le plan des idées, les points communs programmatiques avec Jean-Luc Mélenchon peuvent lui faire espérer de récupérer une partie des électeurs de la France insoumise.

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque est historien, spécialiste du communisme, de l'anarchisme, du syndicalisme et de l'extrême gauche. Il est l'auteur de Mensonges en gilet jaune : Quand les réseaux sociaux et les bobards d'État font l'histoire (Serge Safran éditeur) ou bien encore de La gauche radicale : liens, lieux et luttes (2012-2017), à la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique). 

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Atlantico : Dans quelle mesure l'état des finances des Verts et des communistes peut-il aider Benoît Hamon à bâtir un accord électoral ?

Sylvain Boulouque :  Tout d'abord, il convient d'aborder la porosité qui existe entre le discours de Benoît Hamon et le discours des écologistes d'une part, et des communistes d'autre part, sur des points qui sont différents : les écologistes sont sensibles à la fois aux questions sociales et bien évidemment écologiques ; quant aux communistes, ils sont assez sensibles au discours social que tient Benoît Hamon. Cependant, dans le discours communiste, il convient de faire attention car il s'agit essentiellement du discours de l'appareil du PC, et donc des élus et des cadres du Parti. Par ailleurs, dans ce qui reste du PC – 30 à 50 000 militants maximum à l'heure actuelle – environ une petite moitié sont des élus. Cette petite moitié souhaite préserver et sauver ce qu'il est possible de l'appareil communiste. L'autre moitié, qui n'est pas élue, est beaucoup plus proche de l'électorat traditionnel de Jean-Luc Mélenchon. Celle-ci pourrait donc être dans une situation de défiance dans le cadre d'un vote en faveur de Benoît Hamon. Ce dernier peut récupérer une partie de l'électorat communiste via cette alliance d'appareil à appareil. Pour ce qui est des Verts, l'état de leurs finances fait qu'ils pourraient songer à deux fois avant de s'engager dans la course à la présidentielle, surtout pour risquer un nouvel échec électoral. Les Verts ne sont pas du tout un parti qui correspond à l'élection présidentielle à la française. Ainsi, plutôt que de subir un nouvel échec électoral, il vaudrait mieux pour eux de conclure auparavant un accord qui pourrait –  peut-être –  leur permettre de conserver un groupe parlementaire et de pouvoir ainsi peser dans un hypothétique gouvernement dirigé par la gauche socialiste.

Reste une partie de la gauche qui sera exclue, de fait, de l'accord : la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui présente une incompatibilité complète avec Benoît Hamon. Bien qu'il puisse y avoir des points programmatiques communs, le fait que Jean-Luc Mélenchon pose des conditions préalables à toute chose constitue la marque qu'aucun accord ne sera possible. Néanmoins, il n'est pas tout à fait sûr que la base électorale de la France insoumise suive cette posture dans son ensemble. Une partie d'entre elle peut se retrouver directement dans un électorat socialiste selon l'argument du vote utile, visant à favoriser l'accès de la gauche au deuxième tour, voire mieux hypothétiquement. 

Compte tenu des points programmatiques en commun entre Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, le candidat socialiste à la présidentielle a-t-il forcément besoin d'un accord formel avec le candidat de la France insoumise en vue de capter une partie de ses électeurs ? 

Le discours de Benoît Hamon sur l'écologie, une partie de la redistribution des richesses ou les services publics s'inspire du programme commun de François Mitterrand en 1981. À partir de ce moment-là, Benoît Hamon peut rallier une grande partie de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon dans la mesure donc où l'on trouve les mêmes éléments dans le discours de ce dernier. Encore une fois, l'électorat peut ainsi se dire que, compte tenu du fait que Benoît Hamon a plus de chance que Jean-Luc Mélenchon d'exercer le pouvoir, il est préférable d'avoir recours au vote utile. Par ailleurs, il convient de ne pas oublier qu'une partie significative de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon sont d'anciens socialistes déçus. Ainsi, il n'est pas exclu que Benoît Hamon puisse effectivement les convaincre de regagner la maison-mère.

Toutefois, il y a toute une partie de la gauche, que l'on pourrait appeler la "gauche sociale", composée du tissu associatif et d'une partie de la gauche syndicale, qui demeure un soutien à Jean-Luc Mélenchon et qui, dans tous les cas, ne votera pas Hamon. Malgré cela, Benoît Hamon est quand même parvenu à rassembler une partie de cette gauche associative qui était dispersée dans la nature et qui paraissait jusqu'à présent abstentionniste. Or aujourd'hui, il semblerait que cette partie revienne dans le giron socialiste.

Cependant, il convient de faire attention à une chose : les anciens électeurs traditionnels de la gauche – les bastions ouvriers – sont complètement dans la nature. Quand on regarde dans le détail les votes en faveur de Benoît Hamon dans le cadre de la primaire socialiste, on constate qu'il y en a eu relativement peu dans le Nord-Pas-de-Calais, et notamment dans les zones périurbaines et les bassins houliers. On constate cela dans d'autres régions également : le vote Benoît Hamon a été un vote essentiellement urbain, de classes moyennes. 

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