Pour les milieux d’affaires, la réaction aux attentats pourrait générer un retour de la confiance<!-- --> | Atlantico.fr
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e, les responsables économiques et les opérateurs financiers ont tout de suite essayé de mesurer l’impact de ces évènements sur l’activité économique.
e, les responsables économiques et les opérateurs financiers ont tout de suite essayé de mesurer l’impact de ces évènements sur l’activité économique.
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

C’est assez paradoxal mais depuis dimanche, les milieux d’affaires internationaux estiment que la réaction des opinions publiques pourrait être génératrice d’un retour de la confiance qui fait tellement défaut pour restaurer des équilibres.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’ensemble des milieux d’affaires français, et au-delà de l’hexagone les financiers internationaux, ont été atterrés évidement par la violence qui s’est abattu sur Paris, vendredi 13 novembre.  Cette vague d’attentats sauvages était attendus mais imprévisibles. Elles a, au-delà du massacre des hommes et des femmes qui étaient coupables de rien hormis de vivre en liberté, provoqué un sentiment de peur et d’angoisse. Sans tomber dans le cynisme aveugle, les responsables économiques et les opérateurs financiers ont tout de suite essayé de mesurer l’impact de ces évènements sur l’activité économique.

La première réaction a été de penser de façon légitime que de tels évènements pouvaient casser les mouvements de consommation, freiner la mobilité géographique et renchérir les prix de revient, compte tenu des mesures de sécurité qu’il fallait obligatoirement prendre. Ne parlons pas du surcoût de dépenses publiques qu’il faudra supporter pour financer l’effort de guerre en Syrie. Tout cela est mécaniquement plausible. Ceci dit, les marchés financiers n’en ont pas tenu compte.

Lundi, partout dans le monde, personne n’a paniqué. Les milieux financiers ont ressorti les faits et les chiffres de ce qui s’était passé au moment des grandes vagues de terrorisme et se sont aperçus que le décrochage avait été plus fort, plus profond. En Italie avec les brigades rouges, en Espagne avec ETA ou en France avec Action directe.

Alors pourquoi, cet effort de sérénité aujourd’hui ?

De l’avis de beaucoup d’observateurs, les attentats de Paris sont très différents de tous les autres attentats terroristes commandités par des islamistes radicaux. Les précédents attentats des djihadistes avaient des cibles très identifiées. Ils s’attaquaient aux Juifs, aux journalistes, aux  militaires, aux policiers. Le but était de monter les communautés les unes contre les autres. Le but revenait toujours à victimiser les musulmans et d’accuser la communauté française de maltraiter les quartiers, les immigrés, accuser les juifs de complot. Bref, le but de ces attentats était de se glisser dans les fissures de la société française et de préparer les conditions à une guerre civile, pour que la société occidentale se désagrège.

La semaine dernière, les attentats ont visé tout le monde, et le monde dans sa diversité a été menacé. Les juifs et les musulmans qui ont choisi de vivre en France, tout comme les chrétiens, les riches comme les pauvres, ceux qui avaient un travail comme ceux qui en cherchent, les Français et les touristes étrangers.

Le seul point commun qu’avaient toutes ces victimes, c’était de vivre en liberté le mode de vie occidental. C’était d’être Français sans doute heureux de vivre à Paris. Le résultat de cette vague d’attentats, c’est qu’elle n’a pas provoqué de polémiques ambiguës sur l’identité, l’ethnie des uns et la religion des autres.

D’une certaine façon, les attentats peuvent donc ressouder la population française autour d’un socle commun de valeurs simples.

Pour Daesh, ces attentats ont raté leur but. C’est un échec. Ils voulaient désagréger la population française, ils l’ont peut-être ressoudé. Au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, l’autre drame dont on n’a sans doute pas assez parlé c’est que les réseaux sociaux pullulaient de réactions favorables aux assassins.

Aujourd’hui, le débat public n’a pas porté sur la place des juifs ou des musulmans dans la société. Le débat public a porté sur des assassins sans foi, ni loi. L’ensemble de la population a pu constater que ces attentats n’avaient qu'un lointain rapport avec une guerre de religion, avec l’islam moderne ou avec une lutte de classes sociales. Les guerriers de Daesh utilisent certes,  le Coran pour justifier leur recrutement d’enfants ou d’adolescent perdus et pour perpétuer des massacres qui leur permettront croient-ils d’assoir leur pouvoir, mais peu leur font crédit de la véracité de leur foi.

Pour beaucoup de personnalités du monde des affaires et de la sphère syndicale, il faudrait se servir du fait que ces évènements ont réuni 99% de la population française pour retrouver la confiance.

Le déficit de confiance explique dans le monde entier l’arrêt de la croissance économique. Il faudrait donc profiter de ce phénomène pour retrouver la confiance dans le modèle de société occidental, dans le système économique, dans son évolution mondiale, confiance aussi dans les systèmes de gouvernance démocratique.

La vigueur et l’intelligence des réactions à ces attentats, visibles dans la rue comme dans toutes les entreprises, prouve que le retour de confiance est possible.

Al-Qaïda est mort des suites du 11 septembre. Les attentats du World Trade Center étaient tellement violents et meurtriers qu'ils ont provoqué une réaction de la communauté américaine et de ses alliés et ont poussé l’Amérique à se surprotéger et surtout à lancer des opérations militaires qui ont  décimé l’organisation terroriste et tué Ben Laden. Avec le soutien de toute la population américaine.

Les attentats du 13 novembre pourraient avoir le même effet. Provoquer un sursaut, une prise de conscience autour d’un socle de valeurs sur lesquelles tout le monde se reposent. Ce qui n’empêche pas le débat politique sur les modalités de vivre ensemble.   

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