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Pour les chefs d’entreprise, le changement de méthode passe surtout par une réforme très libérale de l’Etat
©©AFP

Atlantico Business

Le vrai mal français, c’est l'excès d’Etat alors qu’une majorité des électeurs réclament encore plus de protection, sans se rendre compte que cette protection a asphyxié le pays. Il va être urgent de libérer l’exercice de la liberté individuelle

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le mot même de libéralisme a été interdit de campagne présidentielle. Après un quinquennat pendant lequel le président sortant avait promis de faire de la France une start’up nation, nous voilà reparti pour 5 ans dans un pays complètement engoncé dans son appareil administratif et étatique. Nous sommes, de tous les grands pays démocrates occidentaux, celui où les dépenses publiques sont les plus lourdes (plus de 60% du PIB), celui où les grandes administrations qui gèrent la santé ou l’éducation nationale sont les plus dépensières, mais parmi les moins efficaces, celui aussi qui, en Europe, est le plus endetté (115%), le plus déficitaire en termes de budget de fonctionnement et en termes de commerce extérieur.

Cette situation nous a inscrit dans un cercle vicieux et toxique où une majorité de Français vivent de l’Etat, de ses subventions, de son assistance et même de ses commandes. C’est très simple quand près de 60% du PIB  (les créations de richesse) sont consacrés à des dépenses de la sphère publique (soit l’Etat central, soit les collectivités locales, soit les systèmes sociaux), ça signifie que plus de 50 % des Français ont intérêt à consacrer leur énergie, leur intelligence, leurs efforts, leur habileté à obtenir des revenus de redistribution en provenance de la sphère publique. En clair, l’économie de marché se retrouve rétrécie par l’économie publique. Les forces de création et de progrès se retrouvent asphyxiées par l’Etat central et son administration. 

La crise du Covid, la guerre en Ukraine et les crises économiques et sociales ont bien évidemment convoqué les États et les administrations pour rassurer les populations, mais les gouvernants ont aussi augmenté la pression publique, en multipliant les réglementations et les normes, et surtout en diffusant un discours de promesses d’interventions afin de se substituer aux initiatives individuelles et privées. La culture d’un Etat Providence et surtout omniprésent s’est infiltrée dans tous les rouages de la société civile. 

Du coup, la gestion de l’Etat se retrouve coincée sous le poids des demandes, des responsabilités collectives et des contraintes de fonctionnement et de financement.

Politiquement, le corps électoral très attaché aux principes de la démocratie se partage entre le choix d’un président qui serait capable de faire tout tout seul (le pouvoir et le contre-pouvoir) et d’une gouvernance populaire et populiste dont l’objectif serait de tout changer des solutions alternatives mal définies, souverainistes ou radicales qui ressembleraient au Chaos. Les deux solutions ignorent une réalité incontournable, à savoir que la France ne vit pas seule et isolée dans le monde. Elle a des voisins, des clients, des fournisseurs et son immersion dans cet environnement est nécessaire à son équilibre et le progrès. 

Lors de la présidentielle, la France a donc refusé le risque de Chaos en élisant Emmanuel Macron qui n’a pas les moyens de gouverner et de fixer des règles qui seraient acceptés par le plus grand nombre. 

La seule solution présentée par Emmanuel Macron au premier jour de sa réélection a été d’annoncer un changement de méthode de gouvernement. C’est à dire qu'il va engager une réforme des institutions, peut-être, chercher les moyens que le peuple soit mieux représenté, sans doute. 

Mais pour beaucoup d’observateurs et de chefs d‘entreprise, une rénovation des institutions politiques ouvrira la porte à des débats très politiciens et désordonnés qui ne déboucheront que sur une forme d’anarchie stérile ou violente. 

Herve Novelli, entrepreneur, ancien ministre, auteur du système d’auto entrepreneur, avait pris l’initiative de réunir une centaine de personnalités de l’entreprise ou de l'université pour s’étonner, dans une tribune collective, que les aspirations libérales avaient, non pas disparu en France mais avaient été interdites dans la classe politique. 

Leur objectif était simple, clair et cash :

« Nous attendons une rupture avec le tout État, le tout politique. L’État a tout envahi, et régit - entre autres - notre travail, notre revenu, notre santé, nos retraites, nos écoles, nos logements, nos transports, notre nourriture et jusqu’à notre culture et nos religions.

Cet État se veut providence, mais au prétexte de justice sociale, il ne tient plus compte du mérite personnel, de l’effort, du savoir, de l’initiative.... C’est un État jacobin, qui dirige tout depuis les ministères de la capitale et ignore les réalités locales.

Par contraste, cet État est incapable d’assumer les missions qui justifient son pouvoir de contrainte : protéger la vie, la liberté et la propriété des personnes.

Ainsi, les signataires de ce manifeste pensent-ils que la première réforme à réaliser, et le plus tôt possible, est de réduire la sphère de l’État à assurer ses missions régaliennes (police, justice, défense). »

L’objectif d’une organisation libérale de la société n’est évidemment pas de satisfaire quelques intérêts politiques et de pouvoir, il est de mettre en place des mécanismes dont il est prouvé qu’ils sont forcément plus efficaces :  

1...L’État ne peut intervenir qu’à titre subsidiaire quand les acteurs ne peuvent pas régler par eux-mêmes leurs problèmes. Ou quand l’exercice de la liberté des uns en vient à empêcher les autres de jouir de cette liberté. Le libéralisme n’a jamais imaginé qu’on pouvait s’absoudre de codes ou de règles. 

2...L’ouverture à la concurrence ne doit pas être marginale mais générale parce que la concurrence organise la course au progrès, récompense les meilleurs.  

3.. La privatisation est nécessaire à la libre concurrence parce que la privatisation donne un cadre à l’autonomie et à la responsabilisé individuelle. 

Alors, les signataires de cette tribune, comme tous les libéraux, savent bien qu’il faudra beaucoup de courage pour réformer le système fondé sur la prééminence de l’Etat, parce qu’il y a une majorité d’agents qui se sentiront visés. Sauf que le sentiment de sécurité que leur donne la proximité et le poids de l’Etat est illusoire. 

Pour les signataires de cette tribune, il est temps que les Français assujettis reprennent espoir en retrouvant leur liberté et leur responsabilité. 

Le texte complet de cette tribune : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/le-liberalisme-ce-mot-interdit-en-france-20220422

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