Pour dénoncer le pouvoir personnel du président, les politiques et les syndicats dérapent et font n’importe quoi...<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
La réalité prouve que les français n’aiment pas Macron parce qu’ils craignent les réformes pour lesquelles il a été élu...
La réalité prouve que les français n’aiment pas Macron parce qu’ils craignent les réformes pour lesquelles il a été élu...
©Michel Euler / POOL / AFP

Atlantico Business

Drôle d’époque, le week-end va encore nous démontrer que le président à l’ambition de reformer, mais il est seul. L’opposition syndicale ou politique va encore nous démontrer qu’elle n’a pas de propositions alternatives et responsables.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

Voir la bio »

Entre les concerts de casseroles, les coupures d’électricité, blocage du stade de France ou le détournement du défilé du 1er mai. Les opposants au président de la république en arrivent  à faire tout et n’importe quoi et  prennent le risque de se tirer des balles dans le pied . L’opinion est certes braquée  contre l’exécutif mais pas au point de céder à la tentation de la violence.

En attendant, tout le travail du gouvernement est bloqué et les 100 jours prennent le risque de se terminer à Waterloo.

L’opposition à Emmanuel Macron va bien au-delà de la simple question posée par la réforme des retraites et déborde sur tout ce qui fait la vie quotidienne des français qui la ressentent de plus en plus difficile : les salaires et l’inflation , la qualité de vie au travail , la faillite de l' éducation nationale ou du système de santé , l’immigration, etc. etc... Bref tout ce qui compose l’inventaire des mises en chantiers par Elizabeth Borne pour les 100 prochains jours.

L’agenda de la première ministre n’a guère impressionné les français qui ne croient plus dans la capacite de l’exécutif à agir et pour cause :  le président de la république n’a pas de majorite à l’assemblée, il ne peut donc faire passer aucune loi. Par ailleurs il a perdu la confiance d’une grande majorite de l’opinion. Bref tout est bloqué.

Selon beaucoup de chefs d’entreprise  qui ne sont pourtant pas forcement d’accord avec le président ,« la situation francaise devient  hallucinante parce que le diagnostic que fait le président est partagé par la presque totalité des décideurs, mais le climat fait qu’aucune initiative peut être prise...on reste en équilibre fragile entre une économie qui tient la route plutôt mieux que ce qu’on prévoyait et un système politique et publique qui se fissure beaucoup plus vite qu’on ne le pensait ».

Ce diagnostic est tres simple . Le mal français est d’avoir maintenu une organisation administrative du siècle dernier , avec des avantages acquis qui ne se justifient plus  - les régimes  de retraites par exemple , une obésité bureaucratique qui explique la sur-imposition qui pèse sur le modèle français , et les déficits sur le budget comme sur la balance extérieure… Mais, le plus curieux est que  parallèlement la France réussi a développer un secteur prive qui tient la route en dépit de toutes les lourdeurs, la croissance économique au dernier trimestre est d’ailleurs meilleur que ce qu’on avait prévu.

Tout se passe en France comme si les Français refusaient les reformes de modernisation et de rénovation et en faisant porter la responsabilité sur les épaules du président.

Alors Emmanuel Macron a fait beaucoup d’erreurs, mais l’erreur initiale a sans doute été de croire que les français seraient convaincus durablement qu’il avait raison.

La réalité prouve que les français n’aiment pas Macron parce qu’ils craignent les réformes pour lesquelles il a été élu...

Le système est d’autant plus bloqué, que la classe politique tourne en rond et l’assemblée nationale ressemble plus souvent à un café du commerce en fin de journée qu’à une enceinte ou on fabrique la loi.

Le système est d’autant plus bloqué que les syndicats n’ont pas plus de propositions cohérentes et responsables à faire. La culture du compromis est étrangère aux responsables politiques qui ne pensent qu’à leur avenir immédiat. Cette culture est encore plus étrangère aux responsables syndicaux qui sont pourtant co-gérants du modèle social. D’où un grand n’importe quoi dans les manifestations publiques.

Pendant la discussion inutile sur les retraites, l'intersyndicale est restée unie contre le projet mais n’a pas mis cette position unitaire pour proposer une alternative possible. Les syndicats ont même jeté certaines mesures qu’ils défendaient avec l’eau du bain…

Une fois que la loi a parcouru le chemin démocratique et qu'elle a été promulguée à la sortie du Conseil constitutionnel  l’unité syndicale s’est fissurée. La CFDT par exemple a du mal à accompagner des actions menées par la Cgt ou par des groupes plus violents encore, sachant que l’opinion francaise ne les approuvent pas. L’opinion n’aime pas Emmanuel Macron mais l’opinion n’aime pas davantage les risques révolutionnaires de violence ou de coup de force contre les dépôts d’essence ou les centrales électriques.

Les concerts de casseroles vont fatiguer tout le monde et ne contribuent guère à l’écoute réciproque. La CFDT est prête. Ses dirigeants sont prets à discuter des conditions de travail, de salaires et de retraite afin de trouver un compromis qui permettrait de sortir de cette crise, mais la CFDT parait bien seule. Elle sera d’ailleurs tres discrète ce ceek-end.

La perspective de bloquer le spectacle de la coupe de France au stade de France ne fait pas partie de son ADN...

Le projet de transformer lundi une fête du 1e mai en une manifestation gigantesque animée par la haine de l’exécutif, et la volonté de se venger, de tous les symboles du capitalisme ne lui plait pas davantage. Tout le monde sait par cœur le mécontentement, Emmanuel Macron est le premier à savoir qu'il est mal aimé. Tout le monde sait qu il y aura plus du monde dans les rues plus que lors d’un 1er mai habituel.

Protester c’est bien... Proposer maintenant serait mieux. Le président de la république a reçu mille message des chefs d’entreprise pour lui rappeler que le système de pouvoir avait besoin  de contre-pouvoirs pour fonctionner. Des corps intermédiaires comme des syndicats. Il les a beaucoup ignorés jusqu’alors . D’où l’absence de relais dans l’opinion pour expliquer ce qu il faudrait faire.

Le président de la république veut parler avec les Français. C’est bien. Mais ce serait encore mieux s’il avait des alliés, des corps intermédiaires, pour battre la campagne et écrire l'histoire moderne. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !