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Post-pandémie : cette fois-ci, les robots pourraient vraiment remplacer de très nombreux emplois salariés
©ADEK BERRY / AFP

Automatisation

La crise du Covid-19 a contribué à favoriser l'industrie du robot. Certaines entreprises ont décidé d'automatiser certains postes. Les robots sont-ils en voie de remplacer les emplois salariés ?

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou est directeur général adjoint du cabinet de conseil Sia Partners. Il est l'auteur de "Liberté, égalité, mobilié" aux éditions Marie B et "1,2 milliards d’automobiles, 7 milliards de terriens, la cohabitation est-elle possible ?" (2012).

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Rémi Bourgeot

Rémi Bourgeot

Rémi Bourgeot est économiste et chercheur associé à l’IRIS. Il se consacre aux défis du développement technologique, de la stratégie commerciale et de l’équilibre monétaire de l’Europe en particulier.

Il a poursuivi une carrière d’économiste de marché dans le secteur financier et d’expert économique sur l’Europe et les marchés émergents pour divers think tanks. Il a travaillé sur un éventail de secteurs industriels, notamment l’électronique, l’énergie, l’aérospatiale et la santé ainsi que sur la stratégie technologique des grandes puissances dans ces domaines.

Il est ingénieur de l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (ISAE-Supaéro), diplômé d’un master de l’Ecole d’économie de Toulouse, et docteur de l’Ecole des Hautes études en sciences sociales (EHESS).

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Atlantico.fr : En quoi la pandémie a-t-elle favorisé l'industrie du robot ? 

Rémi Bourgeot : Depuis un demi-siècle en réalité, les cartes productives sont rebattues par l’usage de l’automation. La pandémie devrait certes accélérer ce mouvement, mais il faut encore en comprendre les véritables ressorts. L’automation, quand elle est réussie en tout cas, n’est pas tant un processus sauvage de remplacement des emplois suivant une urgence économique ou sanitaire, mais plutôt de modernisation de l’appareil de production dans un cadre d’innovation technologique, dont la mise en œuvre requiert des compétences extrêmement variées et implique des couches sociales diverses. 
Il faut garder à l’esprit que les pays qui font le plus appel à la robotisation dans leur industrie connaissaient, avant crise en tout cas, une situation structurelle de plein emploi. La Corée du Sud en est un exemple révélateur. Evidemment il ne s’agit pas d’établir un lien de cause à effet, d’autant plus que de nombreux facteurs, notamment démographiques, entrent en ligne de compte. On peut dans tous les cas affirmer que l’automation entre dans le cadre d’une stratégie d’innovation technologique et de gamme de produits pour les entreprises et les pays qui en font activement le pari. Ceux-ci s’avèrent encore à peu près capables de mettre en œuvre une approche qui combine progrès scientifique et inclusion économique des citoyens. C’est en fait dans les pays qui ont le plus recouru aux délocalisations que, paradoxalement, on a tendance, dans les milieux porteurs de cette « optimisation », à attribuer le chômage et la chute de l’emploi industriel au progrès technique, comme pour cacher un certain malaise politique et social.

La bureaucratisation a été un fait majeur de la mondialisation, avec ses processus industriels focalisés sur la réduction des coûts salariaux, en particulier au moyen de l’éclatement déraisonnable des chaînes de production à l’échelle mondiale et au détriment de la productivité au final. Dans de nombreux pays, l’optimisation géographique des structures de coûts humains est devenue une quasi-science, en lieu et place du vrai progrès scientifique et technologique. L’Allemagne s’est largement engagée dans cette voie ultra-mondialisée et connait maintenant d’importantes difficultés à adapter son industrie automobile, mais le pays a tout de même maintenu le cœur de ses compétences techniques de conception. C’est le maintien de ces compétences qui a notamment permis d’aborder la pandémie en centrant l’approche sur le dépistage, en mobilisant son industrie pour la fourniture de tests, alors que d’autres pays s’en remettaient à une approche plus proche de celle qui sous-tendait la lutte contre la peste autrefois.

La France est un exemple du phénomène de relégation des milieux scientifiques et techniques et du manque de modernisation, avec la croissance exponentielle du poids des milieux issus de l’appareil d’Etat dans l’industrie depuis les nationalisations des années 1980, phénomène sociologique et politique de fond auquel les privatisations par les mêmes milieux n’ont guère remédié, au contraire. Nous subissons une crise d’inclusion des compétences scientifiques et technologiques, de l’ouvrier à l’ingénieur en passant par l’inventeur du dimanche et le geek Youtuber, dans un contexte où les stratégies politiques et économiques se sont focalisées sur des mécanismes d’optimisation de nature bureaucratique. Derrière l’illusion d’un système industriel rationnalisé à l’extrême, nous nous trouvons surtout dans un creux technologique. L’automation ne doit pas être vue comme la goutte d’eau qui ferait déborder le vase des délocalisations. Il s’agit d’un phénomène différent, voire opposé, qui peut aider en réalité à s’extraire de la focalisation sur les bas salaires pour mobiliser des compétences technologiques qui échappent à l’équation bureaucratique.

La situation de Renault offre un exemple du dilemme actuel. L’Etat réclame à juste titre le maintien des sites français de production en échange de son aide. Du point de vue de l’entreprise pourtant, avec son positionnement moyen de gamme et ses difficultés à rattraper son retard dans l’électrique sans se focaliser sur le bas de gamme, il paraît impossible de dépendre des coûts salariaux français sur le long terme face à la crise. La seule issue pour l’industrie française repose en réalité dans la sortie de cette équation en (re)montant en gamme et en remettant les compétences techniques au cœur de leur stratégie. Il ne s’agit pas tant de développer un discours prophétique sur l’Etat stratège, dont les compétences d’analyse technologique sont atrophiées, que de remettre à contribution nos compétences scientifiques au niveau des entreprises.
La pandémie n’accélèrera une automation réussie que dans les pays qui seront capables de mobiliser leurs compétences techniques. On peut difficilement envisager une vague de robotisation industrielle raisonnée qui ne serait guidée que par l’urgence sanitaire et économique. Les modalités en sont plus complexes et relèvent avant tout de la capacité de modernisation technologique, en faisant appel aux compétences adéquates.

Jean-Pierre Corniou : La robotisation est un thème dont l’évocation fait surgir tous les fantasmes d’une déshumanisation du système social. Cette crainte marque durablement notre inconscient car le robot a fait l’objet de multiples déclinaisons littéraires et cinématographiques qui en ont accentué le caractère anxiogène.  Le terme robot a été employé pour la première fois en 1921 dans une pièce du tchèque Karel Capek, R.U.R, où les robots se révoltent contre leurs maîtres humains. Or le mot robota en tchèque, veut dire « corvée». Les robots, avant d’exister concrètement, sont nés dans la littérature avec une image sombre. Certes, dans l’œuvre d’Arthur Azimov, les robots apparaissent comme des créatures plus sympathiques et protectrices au service de l’homme car ils sont soumis aux « lois de la robotique » définies en 1942 et devenues célèbres. 

En dehors de cette vision romanesque, la « robotique » s’est transformée au fil de l’évolution technique, en un vaste domaine qui regroupe des facteurs techniques et des facteurs sociaux. Sur le plan technique, le robot est une machine reprogrammable et multifonctionnelle, ce qui le distingue d’un automate, destiné à constamment reproduire le même acte. Un robot est capable d’opérer sans surveillance une variété de tâches. Les robots se sont développés dans l’industrie automobile à la fin des années 50 chez General Motors, puis en Europe chez Renault, Volkswagen, Daimler... L’avènement des microprocesseurs a accéléré la démocratisation des robots industriels et leur diffusion dans toutes les industries à la fin des années quatre-vingt. Les progrès des capteurs de mesure, notamment de vision, ont donné aux robots plus de polyvalence permettant de diversifier leur usage dans le monde industriel et logistique.

Cette multiplicité d’outils et de logiciels a conduit à la mise en place de nouvelles organisations du travail en déplaçant l’information plutôt que les personnes et en permettant de gérer à distance une grande diversité d’activités. On peut ainsi confier à des outils, comme la visioconférence, le soin d’assurer une mise en relation à distance fiable et sûre comme assurer la surveillance à distance d’installations. La robotisation recouvre donc une gamme complète de solutions qui vont des capteurs, aux logiciels, à la conception, la production et la maintenance d’outils robotisés pour l’industrie, les services, la mobilité, la santé.

La notion de « robot » recouvre désormais des techniques et des usages multiples, bien éloignés du robot anthropomorphe de la littérature et des bandes dessinées.

La pandémie, dont l’origine se situe en dehors de la sphère technique et économique contrairement à la crise des subprimes de 2008, n’a pas créée une situation nouvelle. Elle a révélé certaines des faiblesses de notre système socio-technique. Ce constat, d’ailleurs encore bien incomplet, fait naître aujourd’hui beaucoup d’espoirs sur un « monde d’après » qui serait corrigé de certaines déviations jugées choquantes. La situation actuelle est le résultat de quarante années d’évolutions qui ont façonné notre système économique et ont produit un modèle stable de gestion internationale efficiente des ressources et de implantations industrielles. 

Toutefois, la pandémie a mis en évidence que les activités économiques s’étaient construites sur une polarisation que l’on avait oubliée, ou voulu oublier, entre les tâches de conception et de contrôle et les travaux opérationnels, clivage qui est la base du système taylorien. Face à la crise, la situation des salariés s’est révélée bien différente. C’est cette différenciation des tâches que le XXe siècle avait poussé à son paroxysme en développant une industrie efficace économiquement au prix d’une standardisation anonyme des tâches des ouvriers. Les réactions anti-tayloristes, développées dans les années quatre-vingt, ont conduit à trois stratégies opposées destinées à résoudre la question sociale et économique, soit en les éliminant les tâches répétitives et sous-qualifiées, soit en les déplaçant. L’automatisation des tâches pénibles, dangereuses et sans valeur ajoutée humaine, a conduit à la diminution globale des tâches d’exécution répétitives dans les grandes entreprises. L’industrie a également développé l’enrichissement des tâches par le développement de la polyvalence fonctionnelle et les groupes semi-autonomes. Mais ces entreprises ont aussi résolu la question en déplaçant ces activités soit vers des sous-traitants, soit vers des pays à bas coût de main-d’œuvre. L’externalisation des travaux jugés sans grande valeur vers des entreprises spécialisées -nettoyage, maintenance courante, transport, gardiennage-  souvent composées de travailleurs immigrés sans qualification et faiblement rémunérés a conduit les grandes entreprises à apparaitre plus vertueuses. Mais des secteurs fragiles et exposés se sont développées en périphérie. La délocalisation vers des pays à bas coût de main-d’œuvre n’est qu’une déclinaison de cette même logique. 

La crise sanitaire a brutalement rappelé que cette évolution sur longue durée conduisait à la mise en place d’un système économique où la recherche de l’efficience s’est faite au détriment de la résilience et de l’équité. Allonger les flux logistiques pour des produits qui deviennent subitement de première nécessité, comme les masques, les respirateurs ou les molécules actives de médicaments a créé des fragilités critiques. Mais on a aussi constaté que la vie quotidienne, comme l’alimentation, les transports et la santé, dépend de personnels techniques et logistiques « oubliés » et exposés à des risques physiques, comme les chauffeurs-livreurs, les ambulanciers, les chauffeurs de taxis et les caissières de supermarché. Les activités de conception, de management et de contrôle peuvent, elles, se faire à distance de façon sûre et confortable. Cette différence d’expositions aux risques met à nu des fractures sociales préexistantes à la crise mais qui ont revêtu, en cette période tendue, un caractère socialement sensible. 

Dans une période aussi courte que celle du confinement, quelques semaines, il n’a pas été possible aux opérateurs économiques de changer drastiquement leurs processus structurels. Mais l’adaptation rapide a permis de tester des solutions efficaces que les acteurs économiques n’imaginaient être capables d’adapter aussi vite. Ces nouvelles pratiques ont permis, en un temps record, de poursuivre l’activité économique à la fois par l’organisation du télétravail, basé sur les téléconférences, et sur l’apprentissage par de nombreux acteurs de la télé-intervention. Les formes en sont diverses que ce soit en santé, avec la télé-consultation, dans l’enseignement et bien entendu la distribution ou le e-commerce, avec le télépaiement, a été adopté par de nouveaux acteurs. Par ailleurs, l’automatisation des entrepôts logistiques a démontré son efficacité.

Ces choix fait par les entreprises d'automatiser certains postes pendant la crise sont-ils fiables au-delà ? 

Rémi Bourgeot : L’automatisation dans l’industrie est un phénomène complexe avant tout lié au mouvement de modernisation technique. En bref, il ne s’agit pas d’une simple variable dans une matrice décisionnelle comme on déciderait du transfert d’une activité vers un pays à bas coûts. L’automation est davantage une affaire d’ingénieurs et d’ouvriers que de DRH.

La situation est quelque peu différente dans les services avec le développement du télétravail qui peut effectivement changer radicalement l’organisation du travail avec les outils déjà plus ou moins existants ou accessibles après un développement assez court. On constate toujours un long délai, souvent d’une décennie au moins, entre l’apparition d’une technologie, même massivement, et les changements qu’elle implique dans l’organisation du travail. L’éloignement physique devrait redéfinir le travail bureaucratique, en particulier dans les nombreuses charges répétitives et en réalité aisément remplaçables par l’IA. Les ravages subis par l’industrie dans de nombreux pays ces dernières années ont éclipsé la menace qui pèse également sur les emplois de service aujourd’hui considérés comme qualifiés voire très qualifiés. 

Jean-Pierre Corniou : La crise sanitaire a mis en évidence plusieurs caractéristiques des organisations qui appellent des réflexions qui dépassent les corrections de court terme. La capacité d’adaptation des entreprises, surtout d’ailleurs dans le tissu diffus des petites entreprises, a accéléré la prise de conscience des enjeux d’un développement des systèmes numériques, de bout en bout, pour répondre rapidement aux besoins de la clientèle. De nombreux chefs d’entreprise ont improvisé eux-mêmes cette adaptation et souhaitent désormais la faire reposer sur des bases professionnelles pérennes.

Dans un second temps, les entreprises vont reconsidérer leurs circuits d’approvisionnement, le choix de leurs fournisseurs et sous-traitants pour privilégier des formes résilientes de supply chain, minimisant les aléas liés à la distance et à la complexité des processus. Pour certaines filières, le rapatriement en Europe de tout ou partie de leurs approvisionnements va conduire à changer leurs processus d’achats et de de production en privilégiant les fournisseurs accessibles en cas de crise, et la robotisation de nombreuses activités encore manuelles pour garantir la sécurité de ces opérations et en développent la robotisation pour réduire les coûts. Il en est ainsi du nettoyage ; la désinfection des locaux prenant avec Covid-19 une importance majeure, il apparait que des engins automatisés sont en mesure d’effectuer ce travail ingrat et exposé plus facilement que des personnes.  L’utilisation des drones et des caméras de surveillance pour assurer la gestion fluide des circulations, l’exploitation de machines pour prendre automatiquement la température des personnes dans des points de contrôle, si elles posent des problèmes de garantie des droits des personnes, a le mérite de ne pas mobiliser et exposer des personnels à ces fonctions répétitives et continues. 

Soulignons aussi qu’un des domaines auxquels on songe le moins en matière d’utilisation des robots est l’agriculture. John Deere a exposé au CES de Las Vegas 2020 un spectaculaire tracteur autonome ; la multiplication des outils autonomes pour labourer, désherber, ramasser les fruits, transporter des charges, surveiller les récoltes et le bétail fait de l’agriculture un terrain d’exploitation des techniques de robotisation et de numérisation très riche au moment où l’absence de main-d’œuvre a démontré la grande vulnérabilité des exploitations agricoles dont les cultures ou le cheptel n’attendent pas.

Les États ont-ils intérêt à soutenir ce mouvement ? 

Rémi Bourgeot : Les pays ont intérêt à soutenir la modernisation technologique en effet, dont l’automation fait simplement partie aujourd’hui, tout comme la mécanisation au cours de la première révolution industrielle. Dans certains pays pourtant on a vu les milieux issus de l’appareil d’Etat reléguer les milieux scientifiques jusqu’au cœur des entreprises les plus technologiques. Pour revenir à la situation française il faut évoquer le poids tout à fait particulier de l’aéronautique dans notre structure productive. Sur le plan commercial notamment, l’aéronautique française présentait l’an passé un excédent de 31 milliards qui amortissaient donc en bonne partie le déficit commercial général de 59 milliards. Cette position a été rendue possible par l’envolée des commandes ces deux dernières décennies, sur un marché de duopole mondial, très spécifique. Il reste très peu de secteurs où la France affiche une solide performance et la déstabilisation de l’aérien devrait se traduire par une crise supplémentaire de la structure industrielle française. Il est ainsi essentiel de mettre en œuvre un changement de cap reposant sur une montée en gamme industrielle dans l’ensemble des secteurs et les gains de productivité, en particulier au moyen de l’automation. Cette stratégie doit avant tout reposer sur la mobilisation des compétences scientifiques qui ont été mises de côté de façon particulièrement préoccupante depuis la crise mondiale précédente. La mise à l’écart d’une nouvelle génération de jeunes diplômés comme en 2008 aggraverait la crise de compétences que connait la France de façon critique jusqu’à menacer sa structure de pays développé.

Jean-Pierre Corniou : Le premier souci des Etats est bien de garantir les revenus des acteurs économiques pendant la période de retour à un niveau d’activité satisfaisant. Le manque de liquidités est ce qui tue le plus souvent les entreprises qui ne disposent pas de trésorerie suffisante pour répondre à leurs besoins de financement quand les recettes font défaut.  Or la crise sanitaire, qui a entrainé un gigantesque lock-out de l’économie mondiale, a brutalement privé de recettes des pans entiers de l’économie alors que les dépenses de structure continuaient… Cette crise de liquidité, surmontée, ce qui va prendre, selon les secteurs, des trimestres, il faudra tirer les leçons des vulnérabilités que la crise a révélées. 

Sur le plan industriel, le rapatriement d’activités externalisées implique une modernisation des processus industriels qui passera par l’informatisation, la robotisation et le développement des compétences nouvelles. La France a des progrès à faire puisqu’elle n’occupe que le 18e rang mondial pour le nombre de robots  par employé, avec 162 robots pour 10 000 loin derrière la Corée, Singapour ou l’Allemagne. La Chine avait décidé, dans son plan « Made in China 2025 » de développer massivement son investissement dans les robots et de monter la part des robots chinois à 70% du parc. Covid-19 a conduit à une accélération de ce plan dans le secteur de la santé en exploitant tout le potentiel des capteurs 3D, des caméras thermiques, des robots d’aide au diagnostic, des véhicules automatiques, des robots de désinfection en milieu hospitalier. 

Le secteur de la santé va être le premier à faire l’objet d’une analyse systématique de l’exposition des personnels et de l’utilisation d’outils permettant d’alléger la tâche des soignants pour leur permettre de se concentrer sur les soins et les relations avec les patients. L’utilisation d’outils automatisés, comme les auxiliaires robotisés pour déplacer les malades avec des outils cobotiques, sera un enjeu important de la situation post-crise pour mieux préparer le système de santé à des variations aléatoires de sa charge. 

Par ailleurs, d’autres secteurs comme l’enseignement, les transports, la logistique, les forces de sécurité, qui ont démontré leur caractère vital, pourront bénéficier d’investissements en outils robotiques et logiciels pour accompagner la tâche des personnels, réduire leur exposition aux risques et renforcer la continuité de service. 

Cette crise met en avant la nécessité de penser en des termes nouveaux la relation entre le travail des personnels engagés et l’utilisation d’outils robotiques et logiciels ; il ne s’agit pas d’une opposition rendue nécessaire par la volonté de baisser les coûts, mais d’une coopération efficace et respectueuse d’un équilibre dynamique.

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