Pollution + allergies : la France en alerte au mix infernal <!-- --> | Atlantico.fr
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Les particules fines décuplent les effets déjà dangereux des allergies et des pollens.
Les particules fines décuplent les effets déjà dangereux des allergies et des pollens.
©Flickr

Dangereux mariage

Quand la pollution aux particules fines et les pollens se croisent, il en résulte un danger pour tous les allergiques. Non seulement la pollution fragilise le système immunitaire, mais en plus elle empêche l'évacuation du pollen.

Pierre Souvet

Pierre Souvet

Le Dr Pierre Souvet, cardiologue, est le président de l'Association santé environnement France (ASEF). Il travaille en collaboration avec l'observatoire atmosphérique du Ballon de Paris.

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Atlantico : Ce printemps risque-t-il d'être particulièrement pénible pour les allergiques respiratoires ? Pour quelles raisons ?

Pierre Souvet : Le printemps a été relativement clément, et assez précoce. Globalement, ces deux facteurs sont responsables d'un élargissement des plages de sécrétions des pollens. La floraison étant plus importante, on a de façon logique, et de façon nette plus de pollens dans l'atmosphère. Dans le sud, par exemple, il n'y a pas eu la moindre gelée en plaine depuis fin décembre, ce qui est hautement inhabituel. L'hiver n'a pas été rigoureux et du coup le printemps est particulièrement précoce. En l'absence pour l'instant de gelées tardives (il ne serait pas impossible d'en avoir jusque fin avril ou début mai), les floraisons ont débuté et les allergènes sont donc bel et bien là. Ce printemps est donc, et sera sans doute, véritablement pénible pour les individus souffrant d'allergies respiratoires. Tout cela est fonction d'un dérèglement climatique global qui provoque ces changements importants au niveau des saisons.

En quoi la pollution vient-elle cette année particulièrement aggraver le phénomène ?

La pollution vient bien évidemment amplifier la réaction provoquée par les allergènes. Les particules ont cette spécificité de transporter tout ce qui se trouve dans l'atmosphère. Les pollens n'échappant pas à la règle, c'est tout logiquement que les particules fines se font leur moyen de locomotion, leur cheval de Troie. Comme elles se font également le cheval de Troie des pesticides, des métaux lourds et de tous ces genres de corps qu'on est susceptible de rencontrer dans l'air. On a eu des conditions climatiques et cycloniques qui ont favorisé une accumulation phénoménale de particules. Particulièrement dans les centres urbains ou elles sont générées en grande partie par les systèmes de transports – les diesels sont à blâmer – ce qui aggrave nécessairement le problème d'origine. On a donc des pollens qui flottent plus longtemps dans l'air, qui ne sont pas évacués correctement, et qui sont véhiculés par ces particules qui ont-elles-mêmes accusé une augmentation de leur nombre.

Le pollen se fixe sur les particules, tout comme le dioxyde d'azote généré par les véhicules diesel. Ce qui provoque des infections des systèmes cardiovasculaires et respiratoires, créant un  terrain plus favorable encore à la réaction allergique. Cette réaction, du fait de ce couple inflammation-allergie, est bien plus importante que celle qui aurait eu lieu dans des conditions normales. Il s'agit d'une réaction exacerbée par rapport à une situation où l'air est sain. La conjonction, aujourd'hui, provoque une situation dangereuse : d'un côté on fait face à plus de particules, de l'autre à un printemps précoce et donc à des plages de floraisons élargies et enfin, à une pollution inflammatoire qui menace grandement les individus allergiques.

Le problème va-t-il s'installer en raison du dérèglement climatique ?

On sait très bien que le réchauffement climatique provoque des périodes de chaleurs bien plus importantes, des étés plus violents, et une pollution de l'air plus massive. Le réchauffement climatique provoque des périodes de pollinisation plus longues et donne lieu à un air plus pollué. Il réunit donc les conditions idéales pour provoquer et accroître la sensibilité des individus aux problèmes d'ordre allergique.

Le nombre d'allergiques devrait d'ailleurs augmenter. Le terrain, de plus en plus favorable, va fragiliser des gens dont le système immunitaire réagissait jusque-là normalement, et cette fragilisation amènera des réactions allergiques qui n'avaient pas eu lieu jusqu'à présent. Un organisme agressé par la pollution finit par réagir.

Quant à s'installer durablement, ça semble une évidence : nous n'avons pas encore pris les mesures nécessaire pour réduire drastiquement la pollution de l'air. Contrôler les anticyclones paraît très compliqué. Contrôler les transports, qui représentent une partie importante en région urbaine, de la pollution de l'air, c'est une autre histoire. Tant qu'on ne prendra pas de mesures, c'est quelque chose qui ne changera pas. Du moins, qui ira en s'aggravant.

Comment protéger les populations les plus fragiles, en termes de prévention et de traitement ?

Il faut tout d'abord adopter des mesures simples. Ne pas aller s'exposer près des voies de grande circulation. On préféra faire son footing ou promener son enfant dans un parc plutôt que le long d'un axe de communication majeure, cela va de soi. Egalement, il faut penser à aérer sa maison aux heures les moins denses en circulation : tôt le matin et tard le soir. L'environnement d'une maison étant lui aussi très favorable à la pollution de l'air, il est important d'y faire attention. C'est une situation qui se décline aussi en voiture. Pour autant, il est évident qu'on ne va pas aérer le véhicule, alors qu'un diesel est juste devant. Il convient de choisir le moment opportun pour le faire, le tout étant de ne pas s'exposer.

En ce qui concerne les traitements, il est important que les individus qui souffrent de pathologies consultent leurs médecins dans le but d'adapter le traitement en cas de besoin. Il peut être nécessaire d'augmenter les doses de bronchodilatateur, ou de se faire désensibiliser.

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