Débat LR : la droite est bel et bien de retour pour 2022<!-- --> | Atlantico.fr
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Les candidats Les Républicains avant le débat télévisé
Les candidats Les Républicains avant le débat télévisé
©bertrand GUAY / POOL / AFP

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Tout au long de ce duel à fleurets mouchetés qui devaient désespérer les amateurs de télécatch, on a vu très clairement que la droite républicaine et parlementaire était une force non seulement d’opposition mais aussi de propositions

Joseph-Macé Scaron

Joseph Macé-Scaron

Joseph Macé-Scaron est consultant et écrivain. Ancien directeur de la rédaction du Figaro magazine et de Marianne, il est, notamment, l'auteur de La surprise du chef (2021) et Eloge du libéralisme (2020), aux éditions de L'Observatoire. 

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Ce lundi avait lieu le premier débat du parti Les Républicains sur LCI en amont du Congrès. Un exercice périlleux pour se démarquer sans se déchirer. Cela a-t-il été réussi ? Que faut-il en retenir ?

Joseph Macé-Scaron: La droite est de retour, c’est une évidence. Elle existe et le match du second tour de la présidentielle est loin d’être réglé. Que n’a-t-on pas entendu sur ce débat qui était présenté soit comme un exercice à haut risque, soit comme un pensum en raison de la volonté des candidats de ne surtout pas s’attaquer afin de ne pas offenser l’avenir ? Or, il s’est révélé être de bonne qualité tant par la forme que par le fond. Et ce, même quand les animateurs – c’est de bonne guerre – forçaient le trait en sommant les participants de se positionner par rapport au « grand remplacement » comme s’il fallait absolument remettre Eric Zemmour au cœur du débat.

Tout au long de ce duel à fleurets mouchetés qui devaient désespérer les amateurs de télécatch, on a vu très clairement que la droite républicaine et parlementaire était une force non seulement d’opposition mais aussi de propositions. Donc oui, ce débat est, de ce point de vue, une réussite et tant pis pour tous ceux qui sont revenus de tout sans être allés nulle part. Personne ne peut nier qu’il y a bien eu hier un échange d’idées et de solutions concrètes. 

On a pu assister lors de ce échange à un duel et à des «  découvertes ». L’affrontement a opposé très clairement plusieurs fois sur l’économie, le pouvoir d’achat ou l’immigration Valérie Pécresse et Michel Barnier « qui ne nous a pas expliqué comment il financera ses mesures ». Ce dernier  est sans doute la grande déception de cette soirée. Il n’a pas vraiment réussi son examen de passage. Il est apparu trop souvent vague, incertain, confus (« Je ne vais pas abuser de trop de chiffres »). Lors des échanges économiques entre Pécresse, Ciotti ou Bertrand, Barnier était curieusement absent, presque ailleurs. On a eu l’impression qu’il avait vu de la lumière et qu’il était entré un peu par hasard. On l’a vu, en revanche beaucoup plus prodigue lorsqu’il a pratiqué – congrès oblige – le name dropping : Wauquiez, Retailleau, Baroin, Borloo...personne n’a été oublié. De vrais petits cailloux de ce nouvel Olivier Guichard. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si en fin d’émission il s’est livré à un vibrant hommage à l’aménagement du territoire. Si la droite vintage a un candidat, c’est bien lui.

Les deux « découvertes » ont été Eric Ciotti et, dans une bien moindre mesure Philippe Juvin. Le premier a montré très clairement qu’il ne fallait pas le cantonner aux seules questions liées à la sécurité. Il a fait preuve d’une vraie maîtrise des questions économiques et fiscales. Il a judicieusement rappelé qu’Emmanuel Macron était au pouvoir depuis presque dix ans, d’abord comme conseiller puis comme ministre de l’Economie. Il a montré aussi une bonne connaissance de l’histoire de sa famille politique à laquelle il s’identifie notamment en se déclarant appartenir à « la droite Trocadéro ». Il ne s’est pas démonté en remettant en place le politiquement correct qui a essayé de le « corneriser ». Même si ce n’est pas son « adversaire », il a fait d’Éric Zemmour une victime collatéral en montrant que l’on pouvait être sur le même créneau politique que le polémiste sans en adopter les outrances de langage.

De son côté,  Philippe Juvin a su poser de bonnes questions et faire entendre sa voix avec clarté et a été convaincant lorsqu’il est parti de son expérience professionnelle et municipale. 

Le moment le plus fort a été la partie économique car elle a clairement montré que, dans ce domaine, une autre politique est possible et que la droite ne cherche pas l’alternance mais à proposer une alternative. Cela reste et demeure le domaine dans lequel la droite républicaine et parlementaire est la plus crédible. On a bien vu qu’il y avait sur ce sujet pour deux personnes la volonté de reprendre en grande partie le programme de François Fillon (Valérie Pécresse et Eric Ciotti) et pour les trois autres (Xavier Bertrand, Michel Barnier, Philippe Juvin) une inspiration plus « chiraquienne ». Ce fut manifeste quand Eric Ciotti a défendu la flat tax libérale et Xavier Bertrand une prime au travail versée par l’Etat. Valérie Pécresse a courageusement remis en question la politique macronienne du « quoi qu’il en coûte », pilonnant le « clientélisme présidentiel », formule heureuse, et l’accusant par deux fois, notamment en conclusion, de « cramer la caisse ». Il est probable que le prochain débat marquera une opposition plus frontale entre cette dernière et son principal rival, Xavier Bertrand. A suivre.

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