Plus de contaminés chez les vaccinés que chez les autres : voilà comment comprendre ce qu’il se passe au Royaume-Uni <!-- --> | Atlantico.fr
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Une jeune femme reçoit une dose du vaccin Pfizer BioNtech dans un centre de vaccination à Derby, dans le centre de l'Angleterre, le 20 septembre 2021.
Une jeune femme reçoit une dose du vaccin Pfizer BioNtech dans un centre de vaccination à Derby, dans le centre de l'Angleterre, le 20 septembre 2021.
©PAUL ELLIS / AFP

Covid-19

D'après un rapport publié le 4 octobre dernier par l’agence de sécurité sanitaire britannique, le taux de contamination des vaccinés est supérieur à celui des non-vaccinés pour pratiquement toutes les classes d’âge à partir des 30 ans et plus. Quels sont les principaux enseignements de cette étude ? Comment expliquer cette situation ?

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Selon un rapport publié le 4 octobre dernier par l’agence de sécurité sanitaire britannique le taux de contamination des vaccinés est supérieur à celui des non vaccinés pour pratiquement toutes les classes d’âge à partir des 30 ans et plus. Les hospitalisations des vaccinés restent néanmoins bien moins importantes. Comment faut-il interpréter ces données ? Quelles sont les explications de ces chiffres ? 

Antoine Flahault : Il faut se référer à cette figure du rapport pour comprendre ce phénomène simplement arithmétique. À partir de 50 ans plus de 80% des Britanniques sont vaccinés depuis juin dernier et plus de 90% des plus de 70 ans depuis mai. Le vaccin chez ces personnes n’est pas efficace à 100% vis à vis des formes bénignes de la covid19 notamment avec le variant delta (protection de l’ordre de 60%). On s’attend donc à avoir une majorité de personnes vaccinées dans ces classes d’âge. La proportion des vaccinés chez les cas ensuite diminue avec la diminution de la couverture vaccinale chez les adultes plus jeunes mais reste majoritaire jusqu’à 30 ans où la couverture est encore de plus de 60%, puis redevient minoritaire chez les plus jeunes peu vaccinés au Royaume-Uni.
Dans des pays comme le Portugal ou l’Espagne où 98% des personnes éligibles sont vaccinées, les hospitalisations certes rares surviennent cependant mécaniquement majoritairement chez des personnes vaccinées, avec des vaccins qui pourtant restent efficaces à 90%.

Y-a-t-il d’autres apprentissages importants de ce nouveau rapport anglais ?

Les deux rapports d’EPIPHARE (France) complètent utilement ce rapport britannique apportant désormais la connaissance que l’on a de l’épidémiologie « vie réelle » des vaccins commercialisés en France car ils portent sur plus de 22 millions de personnes de plus de 50 ans, comparant la moitié de vaccinés à l’autre moitié non vaccinés et suivis jusqu’à 5 mois après vaccination. Ils confirment les données britanniques d’une très grande efficacité des vaccins contre les formes sévères de Covid conduisant  à l’hospitalisation ou au décès  (de plus de 90%) et cela pour tous les vaccins, sans perte d’immunité décelée avec le temps (avec 5 mois de recul) ni contre le variant Delta.

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Sans remettre en cause la protection offerte par le vaccin, ces chiffres doivent-ils nous faire relativiser l’efficacité du produit concernant la transmission du virus ?

Oui la protection conférée par les vaccins contre la transmission du virus n’est pas parfaite. Cela justifie d’ajouter des mesures barrières même chez les vaccinés lorsque le virus circule activement dans la population (ce qui n’est plus le cas en France en ce mois d’octobre sauf en Guyane et Martinique). 

Face à ces nouvelles données, la vaccination massive est-elle vaine sans le maintien des gestes barrières ?

La vaccination massive n’est non seulement pas vaine mais c’est le meilleur moyen aujourd’hui de se protéger contre les complications sévères et les décès dus au Covid dont on doit rappeler qu’ils sont deux fois plus fréquents avec le variant Delta qu’avec les souches qui circulaient auparavant. Savoir que le vaccin ne protège pas totalement contre les formes non compliquées et donc contre la transmission est important parce que cela a des conséquences sur la façon de chercher à contrôler les vagues pandémiques à venir. Le seul vaccin ne suffira pas, comme on le voit à Singapour (80% de couverture vaccinale) ou au Royaume-Uni (75% de couverture vaccinale) qui rapporte une circulation très active du virus

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