Pire que les abeilles : le drame qui pourrait advenir si la mort de masse des papillons se poursuit<!-- --> | Atlantico.fr
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Etant donné qu'ils se nourrissent de végétaux, les papillons servent à contrôler la population végétale.
Etant donné qu'ils se nourrissent de végétaux, les papillons servent à contrôler la population végétale.
©Reuters

Biodiversité

Un rapport de l'Agence européenne pour l'environnement tire la sonnette d'alarme : la moitié des papillons de prairie ont disparu en Europe ces 20 dernières années.

Benoît  Gilles

Benoît Gilles

Benoît Gilles est entomologiste, il est également chargé de mission en recherche & développement pour un projet en lien avec l'environnement et le secteur du luxe.

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Atlantico : La population des papillons de prairie a diminué de moitié en Europe depuis 20 ans selon un rapport de l'Agence européenne pour l'environnement. A quoi cette brutale diminution est-elle due ?

Benoît Gilles : Les facteurs principaux ont effectivement été découverts par le rapport, à savoir la pression humaine et la destruction des sites à forte biodiversité. Après, il y a également les conséquences d’un changement climatique, qui n’est pas forcément du fait de l’homme d’ailleurs, entraînant la disparition de certaines espèces quand d’autres se multiplient. Résultat : si l’on regarde autour de soi, on remarque toujours les trois ou quatre mêmes espèces de papillons, alors que ceux qui étaient plus particuliers, et correspondaient aux biotopes qui ont été détruits, ils ont disparu.   

Pourquoi les papillons sont-ils plus sensibles que d'autres espèces face à des facteurs qui touchent pourtant tous les insectes ?

Les papillons ne sont pas plus fragiles, mais ils passent au préalable par un stade très sensible : celui de la chrysalide. C’est une étape cruciale du développement qui peut être facilement altérée. Certaines espèces plus résistantes peuvent supporter les variations, et on les retrouve même maintenant en ville, alors que d’autres disparaissent parce que le moindre impact décime leur population. C’est un peu la même chose qu’avec certains oiseaux : les pigeons vivent très bien en ville tandis que les hirondelles, ne supportant pas le moindre impact négatif, ont disparu.

Quel est le rôle des papillons de prairie dans l'écosystème rural ? Qu'entraînerait leur quasi-disparition à terme si le mouvement se poursuit ?

Étant donné que les papillons se nourrissent de végétaux, ils servent au contrôle de la population végétale, et s’ils disparaissent, certaines plantes deviendraient pullulantes ce qui dérèglerait le fonctionnement de l’écosystème. De plus, les papillons étant les proies de nombreux oiseaux insectivores, une réduction de la population des papillons a un impact dans la chaîne alimentaire qui pourrait faire baisser la population des oiseaux, des hirondelles et des chauves-souris. Enfin, les papillons se nourrissent de nectar allant de fleur en fleur, ils ont donc aussi un rôle de pollinisateurs.  

Comment la tendance, pourrait-elle s'inverser alors même que les papillons ne représentent pas, contrairement aux abeilles par exemple, un enjeu économique évident ? 

Pour les espèces qui ont complètement disparu, il n’y a plus rien à faire. Dans l’idéal, il faut redonner les conditions de la biodiversité, et recréer l’environnement naturel auquel telle ou telle espèce peut être inféodée. Pour certaines espèces quasiment en voie de disparition, il faudrait même envisager de gros programmes de réintroduction, ce qui n’est pas forcément souhaitable. Le mieux serait donc de préserver des zones qui ont comme caractéristique de comprendre la plus grande diversité possible de milieux naturels, afin de préserver le maximum d’espèces, sans devoir se fixer sur un trop grand territoire. Mais il faut accepter l’idée que l’on ne peut pas tout protéger. Au cours des temps, la planète a connu de grands bouleversements et des millions d’espèces ont disparu. C’est le cours de l’évolution, même s’il faut évidemment protéger l’environnement et tout ce qu’il y a dedans.

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