Pire que l’alcool et l’hépatite C : vers un tsunami de maladies du foie gras ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Entrée du centre des urgences du Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse le 20 février 2024.
Entrée du centre des urgences du Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse le 20 février 2024.
©MATTHIEU RONDEL / AFP

régime alimentaire

La stéatose hépatique, aussi surnommée "la maladie du foie gras", sera prochainement la première cause de greffe du foie. Elle dépassera bientôt les méfaits de l'alcool et de l'hépatite C. Les causes principales de cette maladie sont le diabète et l'obésité.

Jean-Paul Hamon

Jean-Paul Hamon

Jean-Paul Hamon est médecin généraliste à Clamart,  président d'honneur et porte-parole de la Fédération des médecins de France. Il a été la voix des généralistes dans toutes les crises récentes.

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Atlantico : La maladie du foie gras pourrait être responsable de plus de greffes que l’alcool et l’hépatite C dans un avenir proche, notamment dans les pays anglo-saxons où les taux d’obésité sont assez importants. L’hépatologue Giada Sebastiani du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) à Montréal s’attend “à un tsunami de cas de cirrhoses liés au foie gras d’ici 2030”. Faut-il s’inquiéter à l'avenir, notamment dans les pays anglo-saxons, sur le plan de la santé et sur les modes de consommation et d’alimentation qui aboutissent à la stéatose hépatique non alcoolique ?

Jean-Paul Hamon : La maladie du foie gras est liée à l’obésité. Cela entraîne plus de greffes de foie, des cirrhoses. Lorsque les patients atteignent le stade de la cirrhose, ils ne sont pas en très bon état général.

Pour réduire les risques de stéatose hépatique non alcoolique, il est préconisé de se mettre au régime, de perdre du poids et de ne plus consommer d’alcool.

L'obésité est un est un vrai problème. Même en France, de plus en plus de jeunes sont touchés par l’obésité. Les modes d'alimentation sont effectivement à surveiller. L’obésité augmente. Le « tsunami » évoqué ne concerne pas directement la France mais essentiellement les pays anglo-saxons.

Dans ma patientèle, je n’ai pas de cas de patients touchés par la maladie du foie gras. J’ai eu des cas de personnes touchées par la cirrhose par le passé. Je donne des conseils à certains parents pour que leurs enfants perdent du poids et qu’ils surveillent leur alimentation.

En revanche, le taux d'obésité augmente à l’échelle mondiale. Forcément les maladies liées au foie gras vont augmenter. L’alimentation au Canada est une alimentation qui est proche de celle des États-Unis. En France, l'obésité augmente aussi.

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Quels sont les symptômes de cette maladie ? 

Il y a une atteinte des fonctions hépatiques. Lorsqu’un bilan médical est fait pour un patient,  les transaminases, les gamma GT, tous les enzymes hépatiques sont étudiés. Une échographie est aussi réalisée. C’est à ce moment-là que le diagnostic intervient pour les foies gras. 

Les patients viennent consulter bien avant d'avoir des signes d'insuffisance hépatique. Généralement, les personnes touchées sont des patients qui sont obèses et qui ont des difficultés. Ils sont souvent essoufflés et ont des douleurs articulaires. Lors des consultations, un bilan complet de l’obésité est réalisé. C’est à cet instant que le médecin découvre l’état du foie. 

Quelle pourrait être la prévention afin de réduire les risques de la maladie du foie gras ?

Dans le cadre de la prévention, il est important de mettre l’accent sur l'éducation alimentaire. Il est important de faire la chasse à l'obésité et de faire en sorte que les patients aient une alimentation saine. Il est également important de pratiquer une activité physique pour lutter contre l'obésité. Cela pourrait être mis en place avec les médecins scolaires mais il y en a de moins en moins. Alors que la prévention est capitale, il y a de moins en moins de médecins du travail et de médecins scolaires. 

La maladie du foie gras est souvent surnommée la maladie de la malbouffe. Est-ce que le fait d'adopter une alimentation méditerranéenne avec peu d'aliments transformés ou tout simplement le fait de pratiquer des exercices physiques pourraient-ils aider à diminuer cette maladie du foie gras ?

Je vous souhaite bien du plaisir pour décider les amateurs de fast food à passer à l'alimentation méditerranéenne. Le défi est immense. En revanche, une démarche assez intéressante avait été menée en Galice, en Espagne. Cette région avait le plus fort taux de personnes en surpoids, selon la Société espagnole de cardiologie. Des mesures ont été prises afin de lutter drastiquement contre l'obésité. Une politique régionale a été menée. La ville de Naron notamment a déployé une stratégie pour aider sa population à perdre du poids. L’objectif était de perdre 100.000 kilos. Une campagne de sensibilisation a été menée dans les restaurants et sur l’alimentation. L’objectif était de retrouver une alimentation plus saine. Cette stratégie en Galice a été efficace. Cette campagne intense a été menée à l'école, dans les cantines, dans les restaurants et sur l’alimentation. Cette stratégie ambitieuse a permis d’obtenir des résultats. 

Certains spécialistes se montrent assez inquiets sur les cas de greffes en Amérique du Nord pour les années à venir. Comme la France et l'Europe ont parfois du retard par rapport aux Etats-Unis, pourrions-nous connaître une hausse de la maladie du foie gras dans les années à venir si rien n’est fait pour lutter efficacement contre l’obésité ?

Nous ne sommes pas encore confrontés à un tsunami de cas de foie gras en France par rapport aux Etats-Unis et au Canada. Mais il est sûr qu’il y en aura de plus en plus avec l'augmentation de cas de personnes en surcharge pondérale.

Les hépatologues canadiens voient débarquer à l'hôpital des gens qui sont déjà atteints. Comme cela a dû augmenter, ils se disent qu’il n'y a aucune raison que le mode d'alimentation change et au contraire ils estiment que cela va se généraliser. Cela les inquiète énormément. Des solutions existent, notamment en suivant l’exemple de la Galice. Cette situation n’est pas irrémédiable. Cela doit passer par de la prévention, des efforts et une nouvelle méthode dans les cantines. De plus en plus de cantines scolaires font extrêmement attention à l’alimentation qui est proposée aux enfants. Une éducation thérapeutique peut être menée au niveau de l'alimentation pour les personnes en surcharge pondérale mais cela nécessite le déploiement d’une campagne de grande ampleur.

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