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Ce que révèlent les brouillons
du Petit Prince...
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Dessine-moi une vente aux enchères...

Artcurial vendra aux enchères le 16 mai prochain deux pages autographes d’Antoine de Saint-Exupéry brouillon de son œuvre la plus célèbre. En plus du serpent, du renard et de la rose... On découvre le "cruciverbiste" qui n'a finalement pas été retenu...

Benoît Puttemans

Benoît Puttemans

Spécialiste junior au  Département Livres et Manuscrits à Artcurial, spécialiste de Proust et passionné par les manuscrits.

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Atlantico : Vous vous apprêtez à mettre en vente à paris une pléiade d'autographes d'Antoine de Saint-Exupéry. Comment avez-vous retrouvé les brouillons du Petit Prince  ?

Benoît Puttemans : Il y a deux pages, c’est peu, mais c’est énorme car l’histoire du manuscrit et du Petit Prince viennent de New-York quand l’auteur les a écrits en 1941. Avant de revenir en Europe, il confie l’intégralité de ses documents à l’une de ses amies (Sylvia Hamilton, NDLR) qui les lèguera par la suite à l’importante Bibliothèque Pierport Morgan. Tout est dans ses murs : les dessins, les manuscrits et il est extraordinaire qu’une salle des ventes française ait mis la main sur deux feuillets qui étaient, en plus, finalement assez lisibles.

Quand nous les avons trouvés, on ne savait même pas qu’il s’agissait du Petit Prince car ces papiers étaient noyés dans des lettres. Mais cette découverte a un rayonnement inédit car Le Petit Prince est un livre que tout le monde a lu. Ces feuillets sont estimés à 40 000 euros.

Nous avons vingt-neuf lots autour de Saint-Exupéry pour une estimation totale de 600 000 euros. C’est donc une très grosse vente. Parmi les belles pièces, le manuscrit de Pilote de Guerre, 125 pages, est estimé à 250 000 euros. Pilote de Guerre  n’a pas la réputation du Petit Prince que tout le monde, enfants et adultes, ont lu. Tout le monde connaît le baobab, le serpent ou le renard…

Qu’apprend-ton dans ces deux feuillets ?

D’abord, le premier feuillet présente des versions alternatives à des passages que l’on connait tous : les chapitres 19 et 17. Dans ce brouillon préparatoire, Antoine de Saint-Exupéry est sans doute un peu plus précis alors que dans le texte définitif dans lequel il a voulu gommer des choses trop précises pour augmenter, sans doute, l’universalité de ses propos.

On découvre aussi un personnage inédit : le cruciverbiste ?

Oui, c’est dans le deuxième feuillet qui est plus intéressant pour cette raison. Tout le monde sait que le Petit Prince quitte sa planète pour en visiter six autres avant d’arriver sur Terre. Le manuscrit présente une rencontre particulière  avec ce cruciverbiste. Il croise cet homme qui, écrit-il, est peut-être un ambassadeur de l’esprit humain. Il est très curieux. Il s’approche de lui. Malheureusement ce bonhomme est assez occupé, pris par ses pensées et ne le considère pas vraiment… Le personnage lui confie qu’il est très occupé et que cela fait trois jours qu’il travaille sans réussir. Il explique sur quoi il travaille. « je cherche, dit-il, un mot de six lettres qui commence par un « G » et qui signifie « gargarisme ». Le manuscrit s’arrête là.Nous nous sommes posé la question. J’ai envoyé un mail général à tous mes confrères pour obtenir des informations pour le catalogue de la vente. En vain. Je ne sais pas quelle pensée à traverser le cerveau de Saint-Exupéry. Même le Petit Prince se pose la question dans le manuscrit et répète deux fois le mot « gargarisme »… L’absence de solution est très belle aussi.

Comment jugez-vous la « calligraphie » de l’auteur du Petit Prince ?

C’est une écriture très difficile à déchiffrer. Ce qui explique qu'on n'ait pas identifié ces brouillons plus tôt. ai pas trouvé avant. Quand on s’est penché sur le texte et que les premiers mots qui ont surgi étaient : « C’est ici une étrange planète, se disait le Petit Prince en voyageant » que nous avons eu la révélation et le choc !

Cette œuvre a un rayonnement mondial. A qui pensez-vous vendre ces feuilles – à un Américain ?

C’est une hypothèse car l’essentiel de ses manuscrits sont conservés à New York et car l’édition originale a paru en 1943 à New York, avant l’édition française à Paris, chez Gallimard en 1946. Ce texte intéresse autant les Chinois que les Russes, les Français, les Belges ou les Américains...

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

www.artcurial.com : le catalogue en ligne

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