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Pas d'agriculture durable demain sans que les exploitants ne deviennent de véritables agri-entrepreneurs
©A.J. - Wikiagri

Défis à venir

De tous temps, l'agriculture a été un secteur économique en pointe sur le progrès technique. C’est pourtant un changement radical de la perception des agriculteurs qui doit être opéré. En effet, les exploitants agricoles souffrent de voir leur métier perçu comme archaïque et voué à la sous-productivité.

Frédéric Motte

Frédéric Motte

Frédéric Motte est président du MEDEF Haut-de-France, vice-Président du MEDEF, et candidat à la présidence de l'organisation patronale.

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Point fort de l'économie française, la filière agro-alimentaire représente 14% de l'emploi national et a le 3e excédent commercial au plan national, après l'aéronautique et les parfums. Les femmes et les hommes qui font l’agriculture sont des chefs d’exploitation devenus « agro-entrepreneur ». De tout temps résilients, de nombreux enjeux posés restent à relever. Mais comment s’adapter aux évolutions permanentes et faire vivre nos territoires ?

De tous temps, l'agriculture a été un secteur économique en pointe sur le progrès technique. C’est pourtant un changement radical de la perception des agriculteurs qui doit être opéré. En effet, les exploitants agricoles souffrent de voir leur métier perçu comme archaïque et voué à la sous-productivité.

La vie d’un agriculteur ressemble néanmoins en tout point à celle d’un entrepreneur : gestion et anticipation des flux, adaptations des moyens de production, recherche de financements, diversification et préservation des actifs… Ces « agro-entrepreneurs » connaissent toutes les contraintes et les défis des chefs d’entreprises. Ils sont aussi et surtout les vecteurs de croissance qui se doivent de demeurer compétitifs sur un marché de plus en plus mondialisé. Les agriculteurs français sont les mieux formés d’Europe et excellent leurs savoir et compétences au sein du pays le plus sûr au monde en matière sanitaire. Et pourtant ils ne vivent pas des fruits de leur travail, étant de fait le seul secteur économique où les producteurs ne couvrent pas leurs coûts de production, c’est bien là une hérésie !

Premiers maillons de la chaîne alimentaire, les agro-entrepreneurs nous nourrissent, nous citoyens, nous pouvoirs publics, nous entrepreneurs, nous élus, trois fois par jour. Eux n’arrivent plus à nourrir leurs enfants. Cette spirale, destructrice de valeur doit évidemment s'inverser. Les agriculteurs s’adaptent et innovent, je pense ici notamment aux circuits courts qui se mettent en place. Je salue la tenue des Etats-Généraux de l'Alimentation, voulue par le Président de la République, dont le but est d'instaurer de l'équité dans le partage de la valeur au sein de la chaîne alimentaire.

Ces mêmes agriculteurs, on ne le sait que trop peu, entretiennent et participent activement à la vie de nos territoires alors même que l’avenir de la relation agriculture-territoire est conditionnée par la présence d’autres secteurs économiques et administratifs. L’aménagement du territoire ne peut se faire sans le secteur agricole, qui joue un rôle social et paysager (paysages bien spécifiques à la France), d’autant plus en zone péri-urbaine. Les agriculteurs s’engagent, au sein d’associations, en devenant élu local ou tout simplement en déneigeant les routes comme nous l’avons constaté récemment. Ils sont essentiels à la vie et à l'activité économique des territoires. N’oublions pas que pour un agriculteur, cinq emplois indirects sont liés à l'agriculture.

Mais les agriculteurs sont aujourd'hui devant une responsabilité supplémentaire, la responsabilité sociétale qu'ils doivent prendre à bras le corps. Les défis qui attendent le monde agricole, en termes de besoins alimentaires, avec 10 milliards d'êtres humains en 2050, l'impact environnemental de l'activité sur l'eau, la nécessité de trouver un équilibre économique, à quoi s'ajoutent les changements climatiques impliquant pressions sociale et sociétale. Les citoyens conscientisent, à raison, de plus en plus, leurs achats alimentaires et leur manière de consommer, et demandent aujourd'hui de l'information, de la qualité, de la traçabilité. Des bouleversements vont imposer une innovation sous toutes ses formes.

Comme pour n'importe quel entrepreneur, les agriculteurs doivent répondre à la demande du citoyen pour que leur activité perdure. Et cela exige une transformation des modes de production, dans la protection de leurs terres et de leurs cultures, dans la gestion de leurs animaux, dans le recrutement de leurs salariés, dans les formations qu'ils devront effectuer, dans leur rapport au territoire... Ils se doivent d’anticiper, d’innover et de prendre part pleinement à la transformation digitale. Je suis d’avis qu’il faut innover en commun, travailler main dans la main avec les entreprises qui ont des besoins afin d’assurer un transfert de technologie car d’autres défis s’imposent : techniques, industriels, réglementaires, commerciaux, financiers, politiques.

Le nombre impressionnant de start-up spécialisées dans l'agriculture de précision, dans l'agriculture numérique et présentes au Salon de l'Agriculture démontre que la digitalisation est une clé majeure pour l'agriculture de demain. Et la profession l'a bien compris puisque 82% des agriculteurs sont connectés. Ces innovations que les agriculteurs s'approprient ouvrent un champ des possibles technologique, mais aussi social et environnemental, qui permettra l'agriculture durable et résiliente des prochaines années.

C'est une formidable révolution de ce monde résolument modernisant qui est en train de se jouer et qui nous concerne tous !

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