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Parlement européen : peu de changements en vue dans les rapports de forces hormis une véritable perte d’influence française
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Puissance déclinante

Même si le Front national a remporté entre 23 et 25 sièges au Parlement européen, il n'est pas dit qu'il pourra constituer un groupe au Parlement européen. Ce qui est certain en revanche, c'est que le nombre de députés français dans les autres formations politiques va considérablement diminuer, ce qui est de mauvais augure pour la crédibilité du pays vis-à-vis de ses partenaires.

Guillaume Klossa

Guillaume Klossa

Penseur et acteur du projet européen, dirigeant et essayiste, Guillaume Klossa a fondé le think tank européen EuropaNova, le programme des « European Young Leaders » et dirigé l’Union européenne de Radiotélévision / eurovision. Proche du président Juncker, il a été conseiller spécial chargé de l’intelligence artificielle du vice-président Commission européenne Andrus Ansip après avoir été conseiller de Jean-Pierre Jouyet durant la dernière présidence française de l’Union européenne et sherpa du groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe (Conseil européen) pendant la dernière grande crise économique et financière. Il est coprésident du mouvement civique transnational Civico Europa à l’origine de l’appel du 9 mai 2016 pour une Renaissance européenne et de la consultation WeEuropeans (38 millions de citoyens touchés dans 27 pays et en 25 langues). Il enseigne ou a enseigné à Sciences-Po Paris, au Collège d’Europe, à HEC et à l’ENA.

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Atlantico : Le Front national sort grand gagnant de ces élections européennes face à un UMP et un PS qui font pâle figure. Au-delà du simple niveau national, à quels changements cette percée peut-elle donner lieu au sein du Parlement européen ?

Guillaume Klossa : Sous réserve des résultats officiels en France et dans les autres pays, tout va dépendre de la capacité du FN à créer un groupe parlementaire, c'est à dire à rassembler des élus d'au moins sept Etats-membres et s’il y parvient, de la taille de ce groupe. Etant fort probable que les partis modérés l’emportent dans la plupart des pays européens, l’impact devrait être limité. 

Si le FN n’arrive pas à constituer un groupe européen, sa capacité d’influence sera limitée. On ne pourra savoir l’impact véritable du parti au niveau européen que lorsqu’on disposera de la comptabilisation totale des votes à l’échelle continentale et des partis qui sont prêts à s'allier au FN. Un fort vote pour des partis anti européens réduira le nombre d'élus des partis modérés et rendra plus nécessaire la formation de larges coalitions entre eux.

En revanche, la même perte d’influence que la France a connue en Europe après le 21 avril 2002 devrait se produire. Nous étions devenus beaucoup moins audibles auprès de nos partenaires européens. J’identifie donc comme toute première conséquence de la percée FN une perte de crédibilité pour le pays. Ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle pour la France.

Considérant les bons résultats des partis modérés dans la plupart des pays européens, cela signifie-t-il que les rapports de forces entre les différents groupes parlementaires au Parlement européen ne vont que très peu changer ?

Attendons avant d'évaluer l'évolution des  rapports de forces entre groupes parlementaires modérés qui devraient ne  changer que  de manière limitée, en revanche l’influence des Français, parce que moins nombreux, sera réduite. Qu’ils soient PPE, PSE, libéraux ou écologistes, dans tous les cas le bon score du FN prive la France d’un certain nombre de députés dans les partis modérés qui constitueront ce que pourrait appeler la majorité de gouvernement du Parlement. 

Ironiquement, le vote Front national réduit de façon considérable l’influence  de la France au sein du Parlement européen, sans pour autant se donner à lui-même une influence de manière certaine. C’est mathématique : avoir voté FN, c’est avoir choisi de manière peu éclairée le déclin de l'influence Française dans les institutions  européennes. Ce dimanche 25 mai, la France est la grande perdante.

Que faudrait-il pour que le Parlement européen soit réellement handicapé par une forte présence de députés "eurocritiques" ?

Il faudrait que ce parti eurocritique soit le premier ou le deuxième au Parlement européen, ce qui n’est pas le cas. Paradoxalement, si on englobe l’ensemble des listes pro fédéralistes (Les Verts, le Modem,  Nouvelle donne, Nous Citoyens…), on constate que leur score est proche de celui du FN. Cela signifie qu’on compte à peu près 25 % de fédéralistes dans le pays. Par ailleurs, l’UMP et le PS, même s’ils le disent avec moins de force, sont pour l’intégration européenne. Par conséquent, une très grande majorité de Français est pour cette intégration européenne.  Les différents sondages le montrent d’ailleurs, les Français sont une majorité à vouloir rester dans l’euro, ou à vouloir une diplomatie ou une défense européenne. L’opinion publique aspire massivement à mieux d’intégration, et pourtant la parole européenne est très peu portée par les partis politiques.

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