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Paris, l’arbre qui cache la forêt des municipales de LaREM : les défis stratégique de LaREM pour les municipales
©LUDOVIC MARIN / AFP

Débauchage

Le parti a mis en place une stratégie de débauchage afin de palier à son absence d'implantation locale.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : En septembre dernier, LaREM envoyait à ses cadres sa stratégie concernant les scrutins de 2019 et 2020, prévoyant que les maires étiquetés LR ou PS qui souhaiteraient obtenir le soutien de LaREM pour les municipales devaient s'engager sur trois points (soutien ou silence aux européennes, absence de critique à l'égard du gouvernement, un engagement sur des valeurs). Eu égard aux difficultés d'implantation du parti dans les territoires, cette stratégie du "débauchage" est-elle la bonne pour LaREM ? 


Bruno Jeudy : Plutôt que la bonne stratégie, c’est sans doute la seule stratégie que la République en Marche pouvait jouer dix huits mois après sa création, parce que le parti, finalement, n’a pas véritablement réussi à s’implanter sur tout le territoire malgré la vague de victoires aux législatives et le gain de plus de 300 députés. On imagine aisément qu’ils vont passer des accords avec les quelques maires élus Modem qui existent sur le territoire avec quelques villes importantes qu’ils dirigent, comme Pau avec François Bayrou, Mont-de-Marsan et d’autres mais globalement, LaREM est plutôt démunie et sans réelles candidatures en dehors de quelques villes ou des élus ou des députés ont fait savoir qu’ils voulaient se lancer aux municipales, je pense à Perpignan ou bien sûr Paris. La meilleure stratégie pour eux est celle du débauchage, essayer de convaincre des maires socialistes ou LR sortants de passer une alliance avec LaREM, c’est à dire de mettre sur leurs listes des représentants du parti macroniste, ce sera évidemment le cas dans quelques cas, notamment pour les maires proches d’Agir, que cela soit Bordeaux, Reims, Angers, voir même Nancy. Mais il est vrai que tout cela ne fait pas une implantation globale sur tout le pays donc il va falloir pour eux accélérer la stratégie dite du débauchage notamment après les européennes, en fonction du résultat des listes PS et LR. Certains élus locaux vont peut-être s’interroger sur la bonne stratégie à suivre. Faut-il partir derrière le drapeau du parti ou faut-il le mettre dans la porche et essayer -ce qui sera sans doute le cas dans de nombreuses villes- de partir sur des listes apolitiques ou d’intérêt communal autour du sortant en mêlant, là des PS, des LaREM et des Modem, là des LR, des LaREM ou des Modem, sous réserve que ces maires aient respecté les engagements édictés par Christophe Castaner il y a quelques mois ; soutien ou silence aux européennes, absence de critiques à l’égard du gouvernement, et adhésion aux valeurs de LaREM. Mais tout cela risque tout de même d’être rebattu à la fois en fonction des résultats des européennes et surtout avec la sortie du grand débat national et comment l’opinion va réagir aux propositions du président de la République, qui est certes remonté dans les sondages mais reste quand même relativement bas. 

Quelles seraient les principales difficultés auxquelles LaREM pourrait faire face ? 

Finalement, la principale difficulté est de trouver des maires sortants qui acceptent de s’allier avec des membres de LaREM sur leurs listes.  Il y a des endroits ou ils vont regarder un petit peu la situation politique après les européennes et voir le rapport de forces. J’ai plutôt tendance à croire quand même que beaucoup de maires sortants vont vouloir au mieux neutraliser LaREM ou alors essayer de les emmener derrière eux, ce qui est plutôt dans leur intérêt. Parce que sans doute que dans beaucoup de villes de plus de 10 000 habitants, LaREM sera au dessus des 15%, ce qui signifie la possibilité d’une liste LaREM, si elle parvient à se constituer, de se maintenir au second tour. Un maire sortant qui refuserait l’alliance avec LaREM a donc un calcul à prévoir.  

Il y aura des villes avec des listes LaREM, pour les villes de plus de 50 000 habitants. En dessous, dans les villes moyennes de 10 à 50 000 habitants, il y aura la tentation pour beaucoup d’alliances. Il y aura aussi sans doute des maires socialistes qui vont sans doute abandonner leur étiquette et être des maires “divers gauche”. Je crois que ces municipales seront sans doute les élections reines pour les maires divers droite, divers gauche, centre, ou même “divers”.  Nous risquons de voir une floraison record de maires baptisés “divers”. 

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