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Parcoursup : cette autre raison qui perturbe les étudiants (et qui n’a pas grand chose à voir avec la sélection en tant que telle)
©Reuters Pictures

Blocages dans les universités

Derrière le rejet de la sélection se profile un problème plus vaste, celui de la pression qu'on exerce sur eux pour les obliger à choisir très tôt leur cursus. Ave le risque de faire un choix par défaut , qui consiste souvent à s'engager dans un "tunnel "dont ils ne connaissent pas l’issue ni l’efficacité sur le marché de travail.

Olivier Galland

Olivier Galland

Olivier Galland est sociologue et directeur de recherche au CNRS. Il est spécialiste des questions sur la jeunesse.

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Le mouvement étudiant dont le fondement était le refus de la sélection s'est rapidement essoufflé. Les étudiants sont-ils si préoccupés par la réforme de la sélection à l'entrée?

Olivier Galland : Les étudiants sont moins nombreux à s’élever contre la sélection aujourd’hui, on a bien vu que les blocages étaient le fait d’une petite minorité d’entre eux. D'ailleurs, les lycéens n'ont pas participé à ce mouvement, alors qu'ils sont les premiers concernés. Le problème n’est pas tant la sélection que la difficulté et la contrainte de devoir choisir trop tôt leur orientation. Cette pression aboutit souvent à un choix qu'on leur impose et qui constitue un choix par défaut. Il faut ajouter à cela que la maturité des jeunes de 18 ans est plus proche de celle d'un adolescent que celle d'un adulte. L’orientation imposée engendre du renoncement et de la démotivation, qui expliquent les échecs des premières années en fac.

Derrière la contestation des parcours sur sélection, quels sont les motifs d'inquiétude des étudiants d'université?

L’université est un système peu transparent sur son offre de filières, de parcours et surtout, sur la qualité et les débouchés des cursus. C'est un système fondé sur l'égalité qui part du principe que toutes les universités se valent et que tous les étudiants sont un groupe homogène du même niveau, même si on sait dans les faits que ce n'est pas vrai. Cette supposée égalité des étudiants, des cursus et des niveaux annihile les motivations et les aspirations individuelles, et finit par créer des inégalités bien réelles entre les étudiants informés et les autres.  

Comment les étudiants peuvent-ils être guidés dans leurs choix?

Ils doivent se débrouiller seuls en général…Chercher les informations eux-mêmes, compter sur le bouche à oreille etc …Les autorités, l'éducation nationale et les présidents d'université entretiennent ce principe d'égalité et donc ce système d'offre indifférenciée. Pour autant si les universités refusent toute évaluation et ne communiquent aucun chiffre sur les taux d'insertion professionnelle au nom du refus de la compétition, celle-ci est bien réelle et ne fait que s'accroître. Ce qui explique qu'au moment où ils doivent remplir leurs choix, un grand nombre d'étudiants sont désemparés et rejettent ce système. La crainte de se retrouver dans un “tunnel” dont ils ne connaissent pas l’issue ni l’efficacité sur le marché du travail devient très anxiogène. Enfin, le mythe de l’égalité a vécu et la jeunesse sait bien qu'il ne fonctionne plus.

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